Titre : Martin Eden
Auteur : Jack London
Traduit de l’anglais par Claude Cendrée
Date de parution : 1909
Que ceux qui n’ont pas lu Martin Eden lèvent le doigt ! Remédiez immédiatement à cette faille (ce gouffre) dans votre culture personnelle, courez l’emprunter dans une bibliothèque ou achetez-le en poche ou demandez à un ami de vous le prêter mais lisez-le !
Ca faisait longtemps que je voulais découvrir ce que tout le monde qualifiait de chef-d’œuvre et puis je suis tombée sur un article sur le blog de Moka et hop je l’ai immédiatement téléchargé sur ma liseuse (il est dans le domaine public donc gratuit, ça c’est youpi !). Ca tombait bien, je devais passer huit heures dans le train à l’aller et autant au retour, c’était l’occasion ou jamais !
Martin Eden, c’est un roman addictif. On suit le personnage avec un intérêt croissant. Et même s’il n’apparait pas toujours sous un jour sympathique, on n’en est pas moins captivé par son parcours personnel, et surtout par son éveil culturel et intellectuel qui le mènera à avoir une (trop) haute idée de lui-même. Il fait preuve d’une ténacité hors du commun ! Parti de rien, il apprend tout, avec un acharnement qui force l’admiration.
Martin Eden aurait pu être écrit à notre époque parce que la leçon qui s’en dégage traverse les siècles. La renommée, l’argent sont des vecteurs de réussite sociale tandis qu’à l’inverse la pauvreté isole. « J’étais le même. » Cette phrase qui revient tel un leitmotiv dans la dernière partie du roman, frappe l’esprit du lecteur tel le marteau sur l’enclume, elle fait mal, elle enfonce le clou, elle assène une vérité pas belle à dire.
Roman social, quête initiatique et aussi une incroyable histoire d’amour entre deux êtres que tout oppose. Lucidité et aveuglement se mêlent. Mais si Martin est capable de passer sur toutes les faiblesses de celle qu’il adule, ce n’est guère le cas de cette dernière, bien trop dépendante de l’opinion de son entourage, bien trop ancrée dans sa petite vie tranquille et confortable de bourgeoise.
« L’amour habite les hauts sommets, bien au-dessus des froides vallées de la raison et celui qui cueille cette fleur rare ne peut plus descendre parmi les humains tant qu’elle n’est pas fanée. » (chapitre 23)
A l’heure où la plupart des romans sont écrits à la première personne, il est bien agréable de lire un roman où le narrateur omniscient nous permet d’avoir un regard sur l’entourage du personnage principal et sur leurs pensées intérieures. On entre ainsi dans l’esprit étriqué de Ruth, on comprend à quel point elle ne le comprend pas du tout et que leur histoire est vouée à l’échec.
Et cerise sur le gâteau, l’épisode final imprime une image terrible et bouleversante dans l’esprit du lecteur, une image indélébile.
Maintenant, j’aimerais bien découvrir la BD dont parle Jérôme.
Lisez aussi les deux très beaux articles de Mior et de Moka.