Éditeur : Seuil – Date de parution : janvier 2016 – 121 pages
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Une mère meurt, laissant derrière elle deux enfants et un père terrassés par la chagrin. Comment vivre sans elle, est-ce même possible ? Un soir, ils entendent quelqu’un frapper à la porte de leur appartement. S’immisce alors dans leur vie familiale endeuillée un étrange personnage… Un corbeau doué de parole, à l’imagination débridée et à l’humour particulier… Corbeau va être à la fois un confident, un analyste, un partenaire de jeu, un ange-gardien…
Le roman semble flotter dans un hors temps, à la frontière du réel et de l’imaginaire. La douleur semble être le seul indice de réalité. Le corbeau, souvent distingué comme un oiseau de malheur, est humanisé, doué de parole, et il a une façon de s’exprimer vraiment singulière. Comme une mélopée dissonante. On ne saura pas si sa présence est réelle ou non. Il fait en tous cas référence à Ted Hughes, auteur qui fascine le père.
C’est un court roman tout à fait étrange, où la parole est tour à tour donnée aux personnages, comme dans une pièce de théâtre : le père, les garçons, Corbeau. Le texte est à la fois poétique et délibérément absurde. Les propos de Corbeau sont absurdes, on a du mal à les comprendre, il raconte beaucoup de contes, de fables ; récite des chansons qui n’ont ni queue ni tête… Il se joue du faux et du vrai.
Ce récit, par moments âpre et violent, m’a beaucoup déroutée, sans doute un peu trop. J’ai terminé ma lecture avec une impression d’étrangeté ; beaucoup de choses m’ont échappé. Je pense que c’est le genre de roman qui nécessite une deuxième lecture, pour le saisir entièrement, pour mieux s’en imprégner et l’appréhender…
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« PAPA
Il y a un aller-retour constant et fascinant entre le naturel de Corbeau et son côté civilisé, entre le charognard et le philosophe, la déesse de l’être entier et la tache noire, entre Corbeau et son être-oiseau. Il me semble que c’est le même aller-retour qu’entre le deuil et la vie, avant et aujourd’hui. J’ai beaucoup à apprendre de lui. »
« Tourner la page, le concept, c’est pour les idiots, toute personne censée sait que la douleur est un projet à long terme. je refuse de précipiter les choses. La souffrance qui s’impose a nous empêche quiconque de ralentir ou d’accélérer ou de s’arrêter.