#Scandale, de Sarah Ockler

Par Clarabel

MESSAGE SPÉCIAL À L'ATTENTION DES ESPADONS DE LAVENDER OAKS EN CETTE VEILLE DE BAL DE PROMO
Mes chers petits poissons, voici venu le week-end du bal de promo. Vous savez ce que ça signifie : sexe ! scandale ! Et paillettes !
Oui, paillettes, car la soirée de cette année aura pour thème : parade scintillante des créatures mythologiques. Je sais, c'est un peu flou, mais tout ce qui compte, c'est que ça fasse des étincelles. Alors levons nos verres pour féliciter les membres du comité d'organisation, grâce à qui notre lycée va briller de mille feux. Santé !
Casques en alu ou pas, n'oubliez pas de partager vos meilleurs clichés du week-end sur ma page Lady Blabla, #scandale, afin de participer au grand concours Scandale du mois. Après, ce sera terminé, les enfants. C'est le dernier #scandale avant le diplôme.

Ce roman ne révolutionnera pas le genre, et n'en a d'ailleurs pas la prétention, puisqu'il se lance en toute décontraction dans une histoire de déballage sur la planète Facebook de tous les petits secrets d'une bande de lycéens, et de leurs comportements peu avouables, au cours du sacro-saint bal de fin d'année. Le délit est signé d'une main anonyme, mais tout accuse vertement une pauvre victime innocente - en l'occurrence, Lucy Vacarro, notre héroïne davantage portée sur les massacres en ligne et les tournois de zombies à abattre. Tout a commencé sur un énorme malentendu. Lucy a voulu rendre service à sa meilleure amie Ellie, alitée pour cause de grippe, en acceptant d'accompagner son petit copain Cole pour la soirée, sauf que Lucy est secrètement amoureuse de Cole et se sent comme un chamallow tout mou dès que le garçon s'approche d'elle. Les festivités se poursuivent dans le chalet de Cole où leurs camarades se livrent à une débauche de plaisir et d'interdits à braver. Lucy prend des photos et des vidéos pour donner à Ellie l'illusion de participer à la fête... et puis la soirée dérape : un baiser échangé, une annonce surprenante, un téléphone égaré. Le lendemain matin, sur la page FB de Lucy Vacarro, défile l'étendue du carnage. Tout le lycée se retourne contre elle - Lucy est huée, vilipendée sur la place publique. Ses meilleures amies ne lui font plus confiance. Et Cole... fidèle soutien, à la rescousse. Ouf. Même si sa cote de popularité est au plus bas, Lucy se découvre une flopée de bons samaritains qui vont soutenir sa campagne de rédemption, tout en menant leur enquête pour démasquer l'instigateur du complot. 

Ce roman traite avec décalage du pouvoir de la Bête engendrée par Mark Zuckerberg - le pouls de nos jeunes lycéens bat au rythme des ragots et autres publications décadentes publiées par une prétendue Gossip Girl (cette Lady Blabla fait grand bruit mais occupe finalement une place minime dans l'intrigue). L'histoire montre surtout qu'on ne trahit jamais un groupe soudé par un accord tacite de complicité dans le crime. On boit, on couche, on trompe... mais ça reste entre nous. C'est donc loin d'être une lecture guindée, qui cherche à dénoncer une problématique et apporter des solutions peace & love. L'histoire est davantage farfelue, mêlant un humour sarcastique à des situations peu crédibles (la directrice qui se connecte elle-même sur sa page pour “liker” des petits chats adorables et des bébés gazouillants), avec aussi des créatures improbables comme le mystérieux Prince-Moucheté (WTF) et des anti-geeks radicaux (dont le combat ne soulève pas les foules). La tourmente de Lucy est rapidement tournée en dérision, d'où une sensation de lecture légère et assez superficielle, qui préfère envoyer des paillettes et des réparties rigolotes. Ce n'est pas désagréable à lire, pour qui espère un rendez-vous distrayant et comique, mais ça reste également assez sommaire et longuet. 

Nathan, Juin 2015 ♦ Traduit par Anne Guitton