Voilà un auteur que j'ai eu l'occasion de rencontrer, dont j'entends beaucoup parlé mais que je n'avais pas encore lu. Oubli réparé, avec notre roman du jour, premier tome d'une série de fantasy qui aborde, vous l'aurez compris avec la citation qui sert de titre à ce billet, un sujet terriblement actuel, hélas : le fanatisme religieux. En tout cas, c'est le point de départ, mais, comme toute série, il est délicat de se lancer dans la prospective quant à la suite des événements, car les romanciers sont souvent facétieux... "La marche du prophète" est le premier volet d' "Aeternia", cycle de fantasy signé Gabriel Katz et publié aux éditions Scrinéo. Un excellent moment de lecture, où le compromis entre action, humour et questions de fond est très bien équilibré. Et ça ne fait que commencer !
Leth Marek est un champion. Pardon, Leth Marek est LE champion des arènes de Morgoth. Il y a remporté des centaines de combats et décroché une dizaine de titres, rien que ça. Un gladiateur extraordinaire qui, la quarantaine venue, a décidé de passer à autre chose. La gloire ne l'intéresse pas et il a mis suffisamment d'argent de côté pour s'offrir une nouvelle vie des plus confortables.
Une vie qu'il entend passer à Kyrenia, la plus grande ville du monde, la capitale politique, économique, culturelle et religieuse, une cité où tout se passe et où Leth Marek s'est offert une magnifique villa. Une vie que le gladiateur entend passer auprès de ses deux fils, désormais adolescents, qu'il n'a pas vu grandir. Désormais, il se veut père et rattraper le temps perdu.
Leth Marek n'est pas du genre à avoir des regrets ou à se montrer nostalgique, le départ de Morgoth ne lui fait donc ni chaud, ni froid. En revanche, il est un peu inquiet, même s'il s'y attendait, de l'accueil de ces fils qui se découvrent brusquement un père. Mais, lui qui a relevé tant de défis au cours de sa carrière, trouve avec ce nouveau rôle un challenge à sa hauteur.
Voilà donc le champion sur la route, avec ses deux fils, mais aussi ses serviteurs qui sont aussi, au fil des années, devenus des amis. Sans oublier un minuscule chien qui ne ressemble à rien, mais que son plus jeune fils s'est vu offrir lors d'une halte... Un convoi paisible, qui ne cherche pas d'histoire et qui espère simplement rallier au plus vite Kyrenia.
Mais la vie rêvée de Leth Marek va basculer lors d'une étape dans une auberge. Alors que le champion et ses proches se restaurent, du bruit se fait entendre à l'extérieur. Avec sa carrure imposante, Leth Marek décide d'aller voir ce qui se passe et découvre trois hommes en train de molester une jeune femme venue tirer de l'eau au puits.
N'écoutant que son bon coeur, le champion intervient et donne une bonne leçon aux importuns, sauvant la jeune femme avant qu'il ne lui arrive malheur. Avant qu'ils ne s'enfuient, Leth Marek apprend que les agresseurs se font appeler "les Rédempteurs" et la clé qu'ils portent autour du cou indiquent qu'ils appartiennent au culte de la Nature, dont la tête se trouve à Kyrenia.
Quant à la demoiselle qui n'est désormais plus en détresse grâce à lui, il apprend qu'elle s'appelle Nessirya et qu'elle appartient à un groupe de voyageurs qui sont régulièrement importunés par ces Rédempteurs. La raison de tout cela ? Ces pèlerins, qui se rendent eux aussi à Kyrenia, prêchent le culte d'Ochin;
Un culte au dieu unique, contrairement à celui qui règne à Kyrenia, un culte qui prône plus de justice et d'égalité entre les êtres, un culte qui, partout où il passe, expose ses théories et cherchent à accroître le nombre de ses fidèles... De quoi irriter les responsables du culte de la Nature, comprend Leth Marek. Mais lui n'est pas intéressé, il a d'autres plans en tête et la religion n'en fait pas partie.
Pourtant, l'incident du puits va avoir des conséquences... Quelques jours plus tard, revenant de courses, Leth Marek découvre son campement dévasté. Et tous ses proches massacrés. Y compris ses deux fils... Tous ont essayé de se défendre, mais en vain. En son absence, ils n'avaient aucune chance. Des crimes signés de la clé des Rédempteurs...
Pour la première fois de sa vie, Leth Marek est KO debout, plus mort que vif. Un choc terrible, insurmontable... Le colosse n'est plus qu'une épave... Jusqu'à ce que la colère reprenne le dessus sur le désespoir. Jusqu'à ce que la soif de vengeance supplante la soif d'alcool, que le gladiateur a bu en grande quantité après les meurtres...
Redevenu le champion des arènes de Morgoth, l'homme aux 10 titres, la légende invaincue, il n'a plus qu'une idée en tête : retrouver les assassins de ses fils et leur rendre la pareille. Il reprend donc la route de Kyrenia, mais dans un tout autre état d'esprit que la première fois et il se dit alors que rejoindre Nessirya et ses amis pèlerins pourrait être un bon moyen de préparer sa vengeance...
Voilà pour la trame centrale de ce premier tome. Je ne serais pas complet si je n'évoquais pas le second fil narratif de ce roman, sur lequel j'ai décidé de passer plus rapidement. Il met en scène un jeune homme arrogant et ambitieux, Varian, qui entre au noviciat à Kyrenia, avec l'intention ferme de rapidement gravir les échelons au sein du culte de la Nature.
Mais, bien malgré lui, ce garçon plus naïf qu'il ne veut bien le croire lui-même, va se retrouver embarquer dans des intrigues et des jeux de pouvoir au sein de la hiérarchie du culte de la Nature. Et, dans ce contexte délicat, il va être amené à faire des choix qui pourraient bien s'avérer préjudiciables, et pas uniquement pour lui.
Une chose est certaine : ces coulisses crapoteuses n'ont rien à voir avec ce qu'imaginait découvrir ce jeune homme idéaliste, malgré son ambition. Et son bon coeur, un peu comme Leth Marek de son côté, va lui jouer quelques vilains tours, au point de le placer dans une situation délicate, qui sera certainement un des aspects importants de la suite de cette série...
Mais n'anticipons pas, restons sur ce premier tome. J'ai évoqué les questions religieuses, elles sont évidemment très présentes dans ce livre. De deux façons : d'un côté, ce culte officiel, puissant, installé, dominateur ; de l'autre, le culte émergeant, qui est tout le contraire et met ces différences en avant, porté par la figure charismatique d'un prophète, qui se fait appeler l'Oeil d'Ochin...
Tandis que le culte officiel oscille entre oisiveté et querelles intestines, le culte naissant prospère et embellit au gré de ce pèlerinage mené en direction de Kyrenia. La parole du Prophète électrise, convainc, convertit... Le petit groupe ne cesse de voir ses effectifs augmenter et les disciples d'Ochin ont prévu encore bien plus que cela...
Le face-à-face entre ces deux cultes semble inéluctable, avec d'un côté, un culte à l'image sulfureuse et abîmée et de l'autre, un culte attrayant, vivifiant, porteur de promesses. Un dogme et une idéologie dominante contre une utopie dont les idéaux ne peuvent qu'être populaires... Un duel, se dit-on, forcément déséquilibré.
Je n'entre pas dans les détails, bien sûr, mais on suit en parallèle l'évolution de ces deux camps, à travers le parcours de Leth Marek d'un côté et de Varian, de l'autre. Avec, au passage, quelques jalons qui sont plantés, et l'on voit lentement se dessiner les lignes de force, en particulier au sein du culte de la Nature, sans pour autant avoir encore toutes les cartes en main.
Je reste volontairement flou sur l'intrigue elle-même, car il vous faut la découvrir et parce qu'il se passe beaucoup de choses inattendues. C'est un premier tome tout à fait intéressant, car on rentre dans le vif du sujet rapidement puis, le contexte global s'installe de lui-même, au fil de la procession des disciples d'Ochin vers Kyrenia.
On y découvre aussi des personnages qui font mouche. A commencer par Leth Marek, la brute au grand coeur, mais pas un imbécile plein de muscles et sans cerveau. Simplement, il connaît ses forces et sa réputation ou sa capacité à combattre sont souvent, in fine, ce qui résout les problèmes... Pour autant, ce taiseux qui prend vite la mouche possède bien d'autres qualités que sa carrure.
A ses côtés, on découvre un personnage formidable : Desmeon. Comment vous parler de lui ? Ma première impression, c'est de voir dans le duo qu'il forme avec Leth Marek un équivalent à celui que composent Shrek et l'Âne... Sur le plan du caractère, la comparaison tient, entre le gros balèze taciturne et irascible et le volubile cynique et séducteur.
Mais, Desmeon n'est pas l'Âne. Car, sous ses airs gentiment horripilants et sa désinvolture toute feinte, se cache un tueur redoutable qui, une, voire plusieurs lames à la main, ne laisse aucune chance à ses adversaires. Il aurait l'accent espagnol, qu'on pourrait le confondre, ou presque, avec l'Inigo Montoya de "Princess Bride"...
Pourtant, si je devais décrire ces deux personnages, et le raisonnement vaut d'ailleurs pour les autres, j'ai décidément l'imagination féconde et très portée sur la BD, en ce moment, c'est du côté d'Uderzo qu'il faudrait chercher. Bon, ça ne s'explique pas, hein, ce genre de visions propre aux lecteurs, mais c'est ainsi : je les imagine adoptant le très si particulier du père d'Astérix et Obélix...
Pas de Goscinny, dans cette affaire, car c'est bien Gabriel Katz qui les fait évoluer et s'exprimer. Mais, c'est pas mal non plus, dans le genre. De l'humour, du cynisme, des scènes qui ne tombent pas complètement dans le comique de situation mais s'en approchent, une atmosphère globale qui contraste avec la gravité des thèmes abordés, au moins pendant un temps.
Il y a chez Gabriel Katz de la gouaille, un ton familier voire populaire qui tranche avec le langage habituel de la fantasy, parfois un peu empesé. Bref, on s'amuse bien, en particulier à regarder évoluer cet improbable duo. Improbable, mais très complémentaire, aussi, et qui, après un temps, finit par s'apprécier, par nouer une bonne complicité.
Je découvrais cet auteur à travers cette lecture et je dois dire que j'ai rapidement adhéré à sa façon de raconter des histoires. On a une vraie intrigue, et même plusieurs, la vengeance annoncée de Leth Marek n'étant pas le seul socle sur lequel le livre repose. Entre l'enquête du gladiateur pour retrouver la trace des assassins de ses enfants et celle de Varian, plus discrète, pour découvrir les arcanes du pouvoir, il y a de quoi faire.
Sans compter quelques surprises, dont un twist final qui m'a laissé sur le... enfin, qui m'a laissé pantois, restons poli. Ah, ce final, on ne s'y attend pas une seconde, on ne le voit pas venir du tout et on se retrouve fort dépourvu une fois la dernière page tournue... euh, tournée. Il faut un moment pour digérer ce qui se déroule alors...
Il y a le cliffhanger qui vous laisse sur les nerfs, avec à la bouche des balbutiements du genre "et alors ? Et alors ? éhaloréhaloréhalor ?"... Mais là, on est encore au-delà de cette situation où le lecteur perd le contrôle. Non, là, c'est folie, Monsieur Katz, c'est folie ! Un conseil, puisque le tome 2 d' "Aeternia" est disponible, prévoyez de le garder près de vous, en cas de malaise...
Je me suis bien amusé, mais j'ai aussi connu d'autres émotions parfois fortes, je suis curieux de connaître la suite des événements et le sort qui attend les personnages, mais aussi de voir comment ce final va influer sur l'intrigue elle-même. Et puis, j'ai envie de découvrir ce qui se cache véritablement derrière ce nom, Aeternia, et les légendes qui s'y rattachent... A suivre, donc !
Leth Marek est un champion. Pardon, Leth Marek est LE champion des arènes de Morgoth. Il y a remporté des centaines de combats et décroché une dizaine de titres, rien que ça. Un gladiateur extraordinaire qui, la quarantaine venue, a décidé de passer à autre chose. La gloire ne l'intéresse pas et il a mis suffisamment d'argent de côté pour s'offrir une nouvelle vie des plus confortables.
Une vie qu'il entend passer à Kyrenia, la plus grande ville du monde, la capitale politique, économique, culturelle et religieuse, une cité où tout se passe et où Leth Marek s'est offert une magnifique villa. Une vie que le gladiateur entend passer auprès de ses deux fils, désormais adolescents, qu'il n'a pas vu grandir. Désormais, il se veut père et rattraper le temps perdu.
Leth Marek n'est pas du genre à avoir des regrets ou à se montrer nostalgique, le départ de Morgoth ne lui fait donc ni chaud, ni froid. En revanche, il est un peu inquiet, même s'il s'y attendait, de l'accueil de ces fils qui se découvrent brusquement un père. Mais, lui qui a relevé tant de défis au cours de sa carrière, trouve avec ce nouveau rôle un challenge à sa hauteur.
Voilà donc le champion sur la route, avec ses deux fils, mais aussi ses serviteurs qui sont aussi, au fil des années, devenus des amis. Sans oublier un minuscule chien qui ne ressemble à rien, mais que son plus jeune fils s'est vu offrir lors d'une halte... Un convoi paisible, qui ne cherche pas d'histoire et qui espère simplement rallier au plus vite Kyrenia.
Mais la vie rêvée de Leth Marek va basculer lors d'une étape dans une auberge. Alors que le champion et ses proches se restaurent, du bruit se fait entendre à l'extérieur. Avec sa carrure imposante, Leth Marek décide d'aller voir ce qui se passe et découvre trois hommes en train de molester une jeune femme venue tirer de l'eau au puits.
N'écoutant que son bon coeur, le champion intervient et donne une bonne leçon aux importuns, sauvant la jeune femme avant qu'il ne lui arrive malheur. Avant qu'ils ne s'enfuient, Leth Marek apprend que les agresseurs se font appeler "les Rédempteurs" et la clé qu'ils portent autour du cou indiquent qu'ils appartiennent au culte de la Nature, dont la tête se trouve à Kyrenia.
Quant à la demoiselle qui n'est désormais plus en détresse grâce à lui, il apprend qu'elle s'appelle Nessirya et qu'elle appartient à un groupe de voyageurs qui sont régulièrement importunés par ces Rédempteurs. La raison de tout cela ? Ces pèlerins, qui se rendent eux aussi à Kyrenia, prêchent le culte d'Ochin;
Un culte au dieu unique, contrairement à celui qui règne à Kyrenia, un culte qui prône plus de justice et d'égalité entre les êtres, un culte qui, partout où il passe, expose ses théories et cherchent à accroître le nombre de ses fidèles... De quoi irriter les responsables du culte de la Nature, comprend Leth Marek. Mais lui n'est pas intéressé, il a d'autres plans en tête et la religion n'en fait pas partie.
Pourtant, l'incident du puits va avoir des conséquences... Quelques jours plus tard, revenant de courses, Leth Marek découvre son campement dévasté. Et tous ses proches massacrés. Y compris ses deux fils... Tous ont essayé de se défendre, mais en vain. En son absence, ils n'avaient aucune chance. Des crimes signés de la clé des Rédempteurs...
Pour la première fois de sa vie, Leth Marek est KO debout, plus mort que vif. Un choc terrible, insurmontable... Le colosse n'est plus qu'une épave... Jusqu'à ce que la colère reprenne le dessus sur le désespoir. Jusqu'à ce que la soif de vengeance supplante la soif d'alcool, que le gladiateur a bu en grande quantité après les meurtres...
Redevenu le champion des arènes de Morgoth, l'homme aux 10 titres, la légende invaincue, il n'a plus qu'une idée en tête : retrouver les assassins de ses fils et leur rendre la pareille. Il reprend donc la route de Kyrenia, mais dans un tout autre état d'esprit que la première fois et il se dit alors que rejoindre Nessirya et ses amis pèlerins pourrait être un bon moyen de préparer sa vengeance...
Voilà pour la trame centrale de ce premier tome. Je ne serais pas complet si je n'évoquais pas le second fil narratif de ce roman, sur lequel j'ai décidé de passer plus rapidement. Il met en scène un jeune homme arrogant et ambitieux, Varian, qui entre au noviciat à Kyrenia, avec l'intention ferme de rapidement gravir les échelons au sein du culte de la Nature.
Mais, bien malgré lui, ce garçon plus naïf qu'il ne veut bien le croire lui-même, va se retrouver embarquer dans des intrigues et des jeux de pouvoir au sein de la hiérarchie du culte de la Nature. Et, dans ce contexte délicat, il va être amené à faire des choix qui pourraient bien s'avérer préjudiciables, et pas uniquement pour lui.
Une chose est certaine : ces coulisses crapoteuses n'ont rien à voir avec ce qu'imaginait découvrir ce jeune homme idéaliste, malgré son ambition. Et son bon coeur, un peu comme Leth Marek de son côté, va lui jouer quelques vilains tours, au point de le placer dans une situation délicate, qui sera certainement un des aspects importants de la suite de cette série...
Mais n'anticipons pas, restons sur ce premier tome. J'ai évoqué les questions religieuses, elles sont évidemment très présentes dans ce livre. De deux façons : d'un côté, ce culte officiel, puissant, installé, dominateur ; de l'autre, le culte émergeant, qui est tout le contraire et met ces différences en avant, porté par la figure charismatique d'un prophète, qui se fait appeler l'Oeil d'Ochin...
Tandis que le culte officiel oscille entre oisiveté et querelles intestines, le culte naissant prospère et embellit au gré de ce pèlerinage mené en direction de Kyrenia. La parole du Prophète électrise, convainc, convertit... Le petit groupe ne cesse de voir ses effectifs augmenter et les disciples d'Ochin ont prévu encore bien plus que cela...
Le face-à-face entre ces deux cultes semble inéluctable, avec d'un côté, un culte à l'image sulfureuse et abîmée et de l'autre, un culte attrayant, vivifiant, porteur de promesses. Un dogme et une idéologie dominante contre une utopie dont les idéaux ne peuvent qu'être populaires... Un duel, se dit-on, forcément déséquilibré.
Je n'entre pas dans les détails, bien sûr, mais on suit en parallèle l'évolution de ces deux camps, à travers le parcours de Leth Marek d'un côté et de Varian, de l'autre. Avec, au passage, quelques jalons qui sont plantés, et l'on voit lentement se dessiner les lignes de force, en particulier au sein du culte de la Nature, sans pour autant avoir encore toutes les cartes en main.
Je reste volontairement flou sur l'intrigue elle-même, car il vous faut la découvrir et parce qu'il se passe beaucoup de choses inattendues. C'est un premier tome tout à fait intéressant, car on rentre dans le vif du sujet rapidement puis, le contexte global s'installe de lui-même, au fil de la procession des disciples d'Ochin vers Kyrenia.
On y découvre aussi des personnages qui font mouche. A commencer par Leth Marek, la brute au grand coeur, mais pas un imbécile plein de muscles et sans cerveau. Simplement, il connaît ses forces et sa réputation ou sa capacité à combattre sont souvent, in fine, ce qui résout les problèmes... Pour autant, ce taiseux qui prend vite la mouche possède bien d'autres qualités que sa carrure.
A ses côtés, on découvre un personnage formidable : Desmeon. Comment vous parler de lui ? Ma première impression, c'est de voir dans le duo qu'il forme avec Leth Marek un équivalent à celui que composent Shrek et l'Âne... Sur le plan du caractère, la comparaison tient, entre le gros balèze taciturne et irascible et le volubile cynique et séducteur.
Mais, Desmeon n'est pas l'Âne. Car, sous ses airs gentiment horripilants et sa désinvolture toute feinte, se cache un tueur redoutable qui, une, voire plusieurs lames à la main, ne laisse aucune chance à ses adversaires. Il aurait l'accent espagnol, qu'on pourrait le confondre, ou presque, avec l'Inigo Montoya de "Princess Bride"...
Pourtant, si je devais décrire ces deux personnages, et le raisonnement vaut d'ailleurs pour les autres, j'ai décidément l'imagination féconde et très portée sur la BD, en ce moment, c'est du côté d'Uderzo qu'il faudrait chercher. Bon, ça ne s'explique pas, hein, ce genre de visions propre aux lecteurs, mais c'est ainsi : je les imagine adoptant le très si particulier du père d'Astérix et Obélix...
Pas de Goscinny, dans cette affaire, car c'est bien Gabriel Katz qui les fait évoluer et s'exprimer. Mais, c'est pas mal non plus, dans le genre. De l'humour, du cynisme, des scènes qui ne tombent pas complètement dans le comique de situation mais s'en approchent, une atmosphère globale qui contraste avec la gravité des thèmes abordés, au moins pendant un temps.
Il y a chez Gabriel Katz de la gouaille, un ton familier voire populaire qui tranche avec le langage habituel de la fantasy, parfois un peu empesé. Bref, on s'amuse bien, en particulier à regarder évoluer cet improbable duo. Improbable, mais très complémentaire, aussi, et qui, après un temps, finit par s'apprécier, par nouer une bonne complicité.
Je découvrais cet auteur à travers cette lecture et je dois dire que j'ai rapidement adhéré à sa façon de raconter des histoires. On a une vraie intrigue, et même plusieurs, la vengeance annoncée de Leth Marek n'étant pas le seul socle sur lequel le livre repose. Entre l'enquête du gladiateur pour retrouver la trace des assassins de ses enfants et celle de Varian, plus discrète, pour découvrir les arcanes du pouvoir, il y a de quoi faire.
Sans compter quelques surprises, dont un twist final qui m'a laissé sur le... enfin, qui m'a laissé pantois, restons poli. Ah, ce final, on ne s'y attend pas une seconde, on ne le voit pas venir du tout et on se retrouve fort dépourvu une fois la dernière page tournue... euh, tournée. Il faut un moment pour digérer ce qui se déroule alors...
Il y a le cliffhanger qui vous laisse sur les nerfs, avec à la bouche des balbutiements du genre "et alors ? Et alors ? éhaloréhaloréhalor ?"... Mais là, on est encore au-delà de cette situation où le lecteur perd le contrôle. Non, là, c'est folie, Monsieur Katz, c'est folie ! Un conseil, puisque le tome 2 d' "Aeternia" est disponible, prévoyez de le garder près de vous, en cas de malaise...
Je me suis bien amusé, mais j'ai aussi connu d'autres émotions parfois fortes, je suis curieux de connaître la suite des événements et le sort qui attend les personnages, mais aussi de voir comment ce final va influer sur l'intrigue elle-même. Et puis, j'ai envie de découvrir ce qui se cache véritablement derrière ce nom, Aeternia, et les légendes qui s'y rattachent... A suivre, donc !