One-punch man : un poing c'est tout

Par Universcomics @Josemaniette
Vous l'aurez constaté en feuilletant vos revues mensuelles, il y a en ce moment une Bd qui a droit à une exposition médiatique très forte, à la hauteur de l'attente qu'a suscité sa parution en Vf. Il s'agit d'un manga, One-Punch Man, et bien que pas forcément friand de ce type de parution, nous avons jeter un oeil (l'autre aussi, allez) histoire de se faire une opinion. Le héros de ce manga est un jeune de 25 ans, Saitama. Il est au chômage, et on ne peut pas dire que son intégration sociale, professionnelle et familiale soit exceptionnelle... il plonge peu à peu dans l'apathie et reste de préférence enfermé chez lui, pour regarder la télévision ou lire des bandes dessinées, plutôt que de vivre sa vie. Mais par chance notre anti-héros vit dans un monde où peu à peu apparaissent d'étranges créatures, des monstres mystérieux qui commencent à envahir les rues, et a menacer la vie des habitants de plusieurs villes. Nous avons droit à un formidable patchwork de tout ce qui se fait en général en termes de monstres bariolés et pittoresques dans ce genre de manga. Des géants super puissant, des êtres démoniaques, tous les stéréotypes, tous les topos narratifs de ce genre de produit, y passent les uns après les autres. Il y a beaucoup d'ironie dans le parcours de Saitama, ce qu'il doit combattre, et la manière dont les événements s'enchaînent, presque systématique, sans trame élaborée pour lier l'ensemble. Car Saitama se rend vite compte compte, en sauvant la victime désignée d'un des monstres, que l'adrénaline et l'émotion éprouvées sont de précieux moteurs pour trouver enfin sa voie. Il décide de devenir un super-héros et se soumet à un entraînement intensif, qui l'amènera à devenir la personne la plus forte du monde, capable de battre tous ses adversaires avec un seul et unique coup de poing. Pas de chance, il perd par contre sa belle chevelure, et se retrouve complètement chauve. C'est d'ailleurs une des caractéristiques du personnage : il n'est pas flamboyant, n'a pas de costume particulièrement joli, n'a pas un charisme débordant... One punch man ressemble trait pour trait à un loser investi de dons inattendus, c'est ce qui le rend attachant et particulier par rapport à la galerie habituelle des héros de shonen. 
One-Punch Man était attendu, et c'est loin d'être un travail récent. Tout a commencé en 2009 quand un auteur amateur baptisé One propose sur Internet son webcomic. Gros succès d'estime d'emblée, au point que la maison d'édition japonaise Shueisha s'empresse d'acheter les droits de la série naissante, qu'elle décide ensuite de relancer de manière plus professionnelle, en la confiant à Yusuke Murata, qui réalise sa version papier et digitale en 2012. En octobre dernier, c'était au tour de la version anime avec les studios Madhouse, dirigée par Shingo Natsume. Murata utilise dans ce manga un style épuré, élégant, qui vise la précision et l'immédiateté, pas la rodomontade inutile. La composition des planches est suffisamment riche en détails pour mériter une attention réelle, et il est clair que le but poursuivi est de donner une linéarité essentielle à l'action, sans se perdre dans des méandres stylistiques. Mais à ce point de l'analyse, certains feront une objection évidente : en dehors de ces combats décousus, de ce coup de poing unique qui met à terre les ennemis, comme dans un jeu d'arcade des plus basiques, droits sortis des années 80, que reste t-il à lire dans One-Punch Man? C'est là que réside la force (et la faiblesse) de cette lecture. OPM n'entend pas se prendre au sérieux et offrir une gamme multiple de niveaux de lectures, avec des cases chargées en sous-entendus, qui nécessitent une exégèse minutieuse pour en comprendre le sens caché. Nous avons entre les mains un manga qui assume con coté parodique, et qui devient sympathique et percutant lorsqu'on le feuillette dans l'intention de profiter de l'immédiateté de la lecture, sans se prendre la tête et ébaucher un commentaire composé à présenter à l'oral du baccalauréat. Du coup les puristes intellectuels passeront leur tour, et les lecteurs exigeants, soucieux de grandes sagas élégiaques, seront probablement déçus. A l'instar de Saitama son héros, One-Punch Man préfère le survêtement et les soirées télé au costume à paillettes et la nuit en boîte. Pas de strass, ni de cotillons, juste un bon gros poing dans la figure, et on passe au suivant. 

A lire aussi : 

En fait pas grand chose... On n'a pas trop l'habitude de parler manga :) 

Mais si l'un d'entre vous voulait devenir notre spécialiste "manga", n'hésitez pas à nous contacter!