Chaque seconde est un murmure
Par Alain CADEAO
Genre : Contemporain
Pour un public adulte
Chez : Mercure de France
Collection « Bleue«
144 pages – 14€
Résumé : Après un accident de voiture, le jeune Iwill a rompu toute attache familiale. Il va désormais au hasard des routes. Lorsqu’il arrive à Luzimbapar, il rencontre Sarah et Laston. Le couple vit coupé du monde, entouré d’une meute de chiens féroces. Pendant que Laston creuse des tunnels sans fin dans une ancienne mine de cuivre, Sarah confie à Iwill un cahier sur lequel il devra consigner sa vie, instaurant un pacte tacite : il s’en ira une fois le cahier achevé… Une étrange relation s’installe entre eux : ses hôtes inquiètent Iwill autant qu’ils le fascinent. Mais Iwill est-il vraiment libre de ses mouvements, les chiens le laisseraient-ils partir sans broncher s’il le décidait?
J’ai bien senti, depuis longtemps, que les mots que les humains échangent ne sont qu’un lointain reflet d’une émotion quelquefois impossible à formuler.
Alain Cadéo. Je pourrais crier mon amour, je crois, maintenant. Zoé m’avait fait rêver, et maintenant j’en suis à chercher un mot encore plus fort. Mine de rien, cet exercice est plus difficile qu’il n’y paraît. Un bon travail pour nos cerveaux qui ont tendance à laisser google chercher à leurs places ! Ainsi, je remercie donc les éditions Mercure de France pour cet envoi (et publiez encore milles et cents écrits de cet homme, s’il vous plaît).
Chaque seconde est un murmure. Même le titre de l’oeuvre est beau ! (je ne suis tellement pas objective, sur ce coup là.) C’est juste que j’ai tellement aimé ma lecture que je ne sais pas vraiment quoi dire. Lisez-le, lisez-le, lisez-le ? Oui, lisez-le. Pour l’écriture d’Alain Cadéo. Ce garçon, c’est un poète. Vraiment.
Chaque seconde est un murmure est une succession de phases courtes, rapides, donnant ainsi un rythme soutenu à l’oeuvre. Soutenu, mais avec ses phases de douce lenteur. Ça fait du bien. Ça se lit bien, ça se lit beau. Un feel-good book qui, en plus de nous faire réfléchir, rend heureux. Ce n’est pas merveilleux, ça ? Moi, j’adore ces bouquins-ci. Ceux qui transportent, ceux qui inquiètent, ceux qui font frissonner.
Alain Cadéo, tout comme dans Zoé, utilise un vocabulaire très riche, très imagé. Or, cette fois-ci, il m’a paru bien plus abordable de lire ce roman. J’ai moins tiqué, j’ai moins utilisé mon très cher Larousse. Peut-être que j’ai grandi, que j’ai appris. Mais j’ai en tout cas préféré ma lecture. Tout est plus fluide, plus facile.
Et l’histoire, on doit vraiment en parler de cette histoire ? Oui ? Non ? Bon, d’accord, parlons-en. Nous suivons brièvement la genèse puis le périple même d’Iwill après que ce dernier ait perdu un être cher. La majeur partie du roman se situe lorsqu’il arrive chez Sarah et Laston, tout deux bien étranges personnages. Iwill est un personnage grandiose, magnifique. Il n’est pas parfait, personne n’est parfait. Mais dans ses fissures, dans ses cassures, il l’est. Parce que Iwill il l’est, cassé. La vie l’a piétiné, l’a mis à terre sans avoir la volonté ni le fair-play de le relever. Iwill débarque chez le couple, et la grande histoire commence. Nous alternons entre les introspections du garçon et sa vie chez l’étrange couple. Tout fini par se mélanger, Iwall est déstabilisé. Il ne sait pas, on ne sait pas.
Chaque seconde est un murmure est un roman bourré de références. La maison est un Labyrinthe, la meute est le Minotaure. Mais qui est Dédale ? Qui est le Thésée de notre histoire ? Telle est la question ! C’est également un roman coup de poing, abordant des thèmes comme le deuil, le désir. Beaucoup d’Eros, beaucoup de Thanatos également.
Dire que j’ai aimé Chaque seconde est un murmure serait faux. Je n’ai pas aimé ce roman, je l’ai véritablement adoré. Alain Cadéo est, je pense, un auteur dont je lirais avec plaisir chacune de ses nouvelles parutions ! Lisez-le, c’est un véritable régale pour vos papilles littéraires !