Chronique « Le Cœur de l’Ombre »
Public conseillé : Adultes / Adolescents,
Scénario de Marco Cosimo D’Amico & Laura Iorio,
Storyboard de Roberto Ricci, Dessin de Laura Ioro, Couleurs de Laura Ioro & Roberto Ricci,
Style : conte,
Paru aux éditions « Dargaud », le 29 avril 2016, 106 pages, 17.95 euros,
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L’Histoire
Luc est un petit garçon de 10 ans, d’origine italienne. Nourri par les inquiétudes de sa mère, il a peur de tout. Les enfants brutaux, les microbes qui traînent et le chien qui veut le mordre. Mais il a encore plus peur de L’Uomo Nero, le “croque-mitaine” italien que sa grand-mère lui chantait quand il était bébé.
A la nuit tombée, Luc se précipite sous les couvertures pour échapper à “L’homme noir” qui se cache dans les ombres de sa chambre.
Quand il surgit ce soir là, l’homme se cogne violemment contre le gamin. Pour comprendre ce phénomène inédit, il emmène Luc avec lui dans le monde des ténèbres…
Ce que j’en pense
par Jacques Voilà une vraie pépite graphique absolument sublime ! Vous rappelez-vous de vos peurs enfantines ? Le noir qui vous prenait aux tripes, quand vous vous couchiez le soir ? Le monstre ou la sorcière qui se terraient dans votre placard ou sous votre lit, prêt à vous dévorer dès que vos parents fermaient la porte ? Avec “Le Coeur de l’ombre”, vous êtes invités à un voyage initiatique dans ce monde d’enfance terrifiant et magique à la fois… Ecrit et dessiné de façon collégiale (scénario de Marco Cosimo d’Amico et Laura Iorio ; Storyboard de Roberto Ricci -Urban- ; dessin de Laura Iorio, et couleurs de Laura et Roberto), cet album est un véritable ovni graphique, un voyage fantastique qui me rappelle la sombre poésie d’un Tim Burton. Nourri par les contes et légendes de leur pays d’origine (l’Italie), le trio d’auteurs nous invitent à suivre “L’Uomo Nero”, le croquemitaine précieux et effrayant qui accompagne le jeune Luc. Liés l’un à l’autre par un lien invisible, ils doivent comprendre le monde de ténèbres et les “fantômes” qui le peuplent, véritables peurs personnifiées. En passant par le Tibet des sages, L’Australie des Shamanes et même le Mexique, ils voyagent à travers les ténèbres et la lumière pour que Luc se libère enfin de ses propres peurs… par Nathalie «Lorsqu’on disparaît la première fois, on fait un rêve. La deuxième fois, on ne rêve plus. La troisième fois, on ne vit plus que dans les rêves des gens qu’on a connu.»Voilà la première chose à laquelle j’ai pensé quand j’ai commencé à lire cette bande dessinée. Ce texte, je l’ai tiré tire du roman «La petite marchande de rêves, de Maxence Fermine. J’ai toujours aimé les histoires sombres qui font peur. Bercée par des lectures fantastiques et tourmentées, je continue à aimer ce genre. Dans cet album, malgré la noirceur, les auteurs nous font partager une histoire qui se veut plutôt positive. C’est un voyage dans les peurs de Luc, que sa maman a nourri par ses propres peurs. Sa grand-mère, elle, a préféré faire ami-ami avec le héros maléfique de notre histoire, «l’Uomo-Nero». Un dandy, qui n’est autre que l’équivalent de notre croquemitaine. Cette histoire nous montre surtout que par nos peurs, le monde devient plus effrayant. Si nous le voyons avec des yeux bienveillants, il peut devenir meilleur… à bon entendeur…
Le dessin, la couleur
par Nathalie Ces trois (jeunes) auteurs Italiens ont travaillé les uns avec les autres, mais c’est leur première collaboration à trois. Marco D’Amico et Roberto Ricci ont participé à des albums de S.F., d’aventure et de fantastique. C’est la première fois qu’ils se lancent dans un titre plutôt «jeunesse», quoiqu’il me semble inclassable et tous publics. La dessinatrice Laura Iorio a réalisé un des titres de la série «BD jazz» où l’on découvrait déjà son très joli coup de crayon. J’ai trouvé une certaine filiation entre son dessin et celui Roberto Ricci sur «Moksha» (chez Robert Laffont) ou sa série «Urban» chez Futuropolis. Cela provient certainement du fait qu’ils ont posés ensemble les couleurs de l’album. Une chose est sure, son trait est magnifique dans les parties sombres du pays des ombres et celles très lumineuses à travers le monde. J’ai beaucoup aimé la partie où Luc part dans un délire fou au Mexique. Là, les couleurs très chaudes changent pour se mélanger à un fond traité uniquement aux crayons gras. par Jacques Le mélange étonnant du trait de Laura et des couleurs collégiales de la demoiselle et de Roberto fait des merveilles. Caricatural, géométrique, excessif, lumineux ou sombre à l’extrême, c’est un véritable patchwork d’ambiances et d’émotions fortes. Un voyage graphique où j’ai plongé avec ravissement. Tellement excessif, ce graphisme atypique ne me rappelle aucune BD, mais les illustrations des jeux d’ambiances (comme “Mysterium” pour ne pas le citer) : spectaculaires et symboliques
Pour résumer
par JacquesVous voulez voyager dans vos souvenirs d’enfance ? Vous faire chahuter par un graphisme sublime et excessif ? Tenter l’étonnant, le fantastique, le sombre, le merveilleux “Coeur de l’ombre”, un comte qui se glisse au plus profond de nos peurs. par NathalieVous l’aurez certainement compris. c’est un ouvrage artistique, qui vaut vraiment le coup d’oeil.Pour continuer le voyage, n’hésitez pas à faire un tour à la galerie “L’œil de Jack”. Des planches de l’album y seront exposés du 21 au 29 juin. Si vous avez de la chance, vous pourrez même y croiser les auteurs lors du vernissage.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », regroupé chez Yaneck, cette semaine. N’hésitez pas à regarder la sélection.