Lontano, de Jean-Christophe Grangé

Par Clarabel

Convoqué par son père, une barbouze aux bras longs, Erwan Morvan se rend en Bretagne pour enquêter sur l'issue tragique d'un weekend d'intégration - un jeune élève d'une école militaire a trouvé la mort dans des circonstances douteuses. Les révélations du dossier font peu à peu renaître le spectre de l'Homme-Clou, un ancien tueur en série arrêté dans les années 70 par Morvan père en Afrique. Alors que les victimes s'enchaînent, la signature se confirme et le vieux règlement de comptes pointe également son museau. Mais dans Lontano, c'est aussi une histoire de famille dont il est question. Le clan Morvan dans toute sa superbe. Un clan brouillon, déglingué et pas franchement attachant. Le père règne en maître et se prend pour un chef mafieux. La mère reçoit ses coups sans moufter. Erwan obéit aux injonctions du père qui joue avec sa carrière de flic. Loïc, devenu un richissime trader, est camé jusqu'à l'os, englué dans un divorce. Gaëlle, la cadette, après un long combat contre l'anorexie et des séjours à l'hôpital, perpétue sa rébellion en vendant son corps dans les palaces, dans l'attente de percer au cinéma. Ce piètre tableau de famille dévoile sans surprise des liens distendus et usurpés, où l'on se ment et triche, on couche avec la femme du frangin et on joue avec les sentiments, etc. Malgré tout, le clan ne cède rien dès qu'un des leurs roule hors-piste. La cavalerie accourt et applique ses méthodes non conventionnelles. Les rangs se resserrent, laissant apparaître un semblant d'affection sincère, mais les non-dits continuent de flotter dans l'air. D'où Congo Requiem (Albin Michel, mai 2016).

Ma lecture de Lontano n'a pourtant pas été un long fleuve tranquille, puisque j'y ai trouvé des longueurs, des tacles répétitifs contre la politique, un ton péremptoire qui semble donner son avis sur tout, oui, parfois Lontano s'égare... La fin aussi est beaucoup trop rapide. Le Mal est éradiqué stupidement, avec un grand ménage dans les règles de l'art, tout ça après un  marathon de 777 pages ou 23h 48 en livre audio ! Cela aurait pu être fignolé. De même, une œuvre plus condensée aurait permis une intrigue plus intense et une lecture encore plus percutante. Mais je chipote, car je lirai bien évidemment le prochain roman avec avidité. Direction le Katanga !

Texte lu par Hugues Martel pour Audiolib (23h 48) - Octobre 2015 / Albin Michel, 2015

Techniquement, Hugues Martel, comédien de son état, a mis à profit son timbre grave pour lire cette histoire abracadabrante de magie yombé, de vendetta personnelle et de secrets familiaux. Espérons qu'il reprendra du micro pour la parution prévue en juin prochain de Congo Requiem pour Audiolib.