BLOODSHOT REBORN Tome 1 : COLORADO

Par Universcomics @Josemaniette
Pour bien comprendre les enjeux de ce premier tome de Bloodshot Reborn, il est fortement conseillé d'avoir lu The Valiant auparavant. Vous ne serez ainsi pas surpris de retrouver le héros phare dans une situation inédite. Il traverse actuellement une sérieuse phase de déprime, après avoir rencontré (puis perdu, car tombée au combat) Kay, la jeune et jolie Géomancienne, qui avant de succomber lui a fait un drôle de cadeau empoisonné. Bloodshot est désormais débarrassé de ses nanites, ces milliards de petits robots qui infestent son système sanguin et le rendent invincible. Redevenu un simple quidam, le voilà torturé par une interrogation brûlante sur sa propre identité. Après avoir été le jouet, des années durant, du projet para-militaire Rising Spirit, il ignore tout de sa véritable identité d'avant, du genre d'homme qu'il peut être, en dehors d'une machine à tuer au service de pouvoirs occultes et cyniques. En attendant d'y voir clair, Ray Garrison (un de ses noms d'emprunt) se contente de jouer au factotum dans un motel minable du Colorado, bien loin de la civilisation et de ses tentations. Pour résister, l'alcool et la drogue sont des ressources précieuses, mais qui ont la fâcheuse tendance à provoquer des hallucinations, qui amènent le protagoniste à entamer des dialogues acerbes avec d'autres parties de sa psyché, lui permettant de se libérer peu à peu de son attachement morbide pour Kay, et de composer avec ses penchants assassins (grâce au lutin Bloodsquirt, qui hante son esprit chancelant). Bloodshot résiste et persiste à renoncer à parcourir les pages du dossier secret qu'il a récupéré, et recèle la clé de son existence d'avant. Et puis il va avoir mieux à faire, et vite, car voilà qu'un assassin à la peau blanche et avec un cercle rouge sur la poitrine défouraille dans un cinéma et provoque un massacre des plus horribles. Apparemment les nanites ne sont pas perdues pour tout le monde, et elles semblent avoir choisi d'investir un nouvel hôte. Voire pire encore, de nouveaux hôtes, au pluriel...
L'univers Valiant continue donc sa nouvelle révolution, et bonne pioche, c'est Jeff Lemire qui s'occupe de faire bouger les lignes. Du coup, il n'est pas surprenant de voir Bloodshot emprunter une voie plus intimiste qu'à l'accoutumée, même si très vite la violence le rattrape, et son quart d'heure d'introspection va être brutalement interrompu. Par le biais des souvenirs et des obsessions du personnage, le lecteur novice peut facilement cerner les motivations et le passé de Bloodshot, qui ressemble par certains cotés à ce que fut Wolverine à la grande époque, quand il courait après un passé fuyant et que chaque souvenir pouvait tout aussi bien être un piège ou une trappe. Au dessin nous trouvons un Mico Suayan en très grande forme. Voilà un artiste qui na pas encore explosé totalement, mais qui possède un tel talent dans le réalisme, dans la capacité de livrer des scènes spectaculaires et léchées, qu'on se dit qu'il ne restera guère longtemps chez Valiant ou sur d'autres séries mineures, mais qu'on le verra un jour prochain sur de gros blockbusters ailleurs. Le dernier épisode est effectué dans un style fort différent par Raul Allen, qui se met au service du scénario pour créer une ambiance totalement unique, jouant notamment sur les fantasmes et les délires internes du personnage, qui perd pied avant de se retrouver. On se rend compte au final que Bliss Comics a eu la bonne idée de récupérer le catalogue Valiant au bon moment, et commencer par ce genre de séries ultra accessibles, et de qualité fort honnête, est l'assurance de prouver qu'il peut exister un avenir en France pour X-O Manowar, Ninjak, Archer & Armstrong et les autres. Je ne peux que vous inciter à donner une chance à ce premier volume de Bloodshot Reborn qui est de surcroît vendu pour le moment au prix sympathique de dix euros en librairie. Si en savoir plus vous tente, les aventures précédents sont disponibles (en partie) chez Panini au format physique, ou tout simplement en comics digital toujours chez Bliss. Sérieusement, essayez, vous allez apprécier. 

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