Monsieur Mardi-Gras Descendres (T0) – Le Facteur Cratophane

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Monsieur Mardi-Gras Descendres, tome 0 »

Public conseillé : Adultes / Grands adolescents,

Scénario et dessin de Eric Liberge,


Style : Fantastique,
Paru aux éditions « Dupuis », avril 2016, 152 pages, 25 euros,
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L’Histoire


Au Moyen-Âge, le seigneur Philibert Étienne, conseiller secret du pape, ordonne à son subalterne de réécrire les termes du “Réfrigerium”. Cette troisième voie céleste, après le trépas sera celle d’un tourment infini pour les plus mécréants des hommes, qui n’ont été touchés par l’amour de dieu de leur vivant. Dès que le texte est finit, il tue violemment l’écrivain.
Ce dernier se retrouve projeté dans sa maudite création : un ciel infini, puis saturne, où il atterrit, privé de toute chair…
Momentanément seul, il parcourt l’astre et les cités d’ossements pour s’apercevoir qu’il est peuplé de squelettes sans chair mais à la conscience claire, repaire de voleurs et de criminels condamnés à errer sans fin sous un ciel plus noir que l’encre….

Ce que j’en pense


En 1998, le jeune dessinateur Eric Liberge publie chez “Pointe noire” le premier tome d’une série totalement folle. Honoré du prix René Goscinny 1999, Il y raconte un au-delà onirique et spectaculaire, peuplé de squelettes mécréants, décrépis et rapiécés. Organisés en société, avec ces propres lois, cultes et interdits, c’est l’arrivée de cartographe Victor Tourterelle, rebaptisé « Mardi-Gras Descendre » qui nous embarque dans ce purgatoire de pacotille.
Suivrons trois autres épisodes (200, 2001 et 2005) tout aussi fantastiques, abscons, étonnants, “ovni-esques”, poétiques et sombres qui m’ont laissé un goût de “mais qu’est ce que c’est que ce bordel ?” dans la tête…
Pour aller jusqu’au bout de ses parti-pris, fort logiquement, Eric évitait d’expliquer les faits et la micro-société de ce purgatoire…

En 2016, soit 11 ans après le dernier tome, Eric Liberge reprend en main ses squelettes. En même temps qu’une belle intégrale, il sort chez Dupuis un prologue à la série. En 150 pages, il décrit la “construction de ce monde abyssal » et l’arrivée de ses protagonistes. Mais n’espérez pas qu’il vous donne un plan ou un trousseau de clefs. Son univers est toujours aussi complexe, subtil et noir, les personnages qui le peuplent et les lois qui le régissent, toujours aussi perturbants.

Malgré cela, la saga baroque prend sens sur bien des points (la société, le “divin café” et le rôle des personnages principaux), mais tout ne sera pas expliqué.

Avec plus de maturité que dans la série initiale, Eric aborde souvent des questions philosophiques qui le “hantent”…

Au dessin, le nombre des années se perçoit aussi. les squelettes sont plus variés et détaillés. Certaines planches, à la construction éclatées, rappellent le grand “Druillet”, dont il admire le travail. Mais surtout, le rendu visuel est toujours aussi baroque, incroyablement précis et hypnotique.

Pour résumer, vous voulez (enfin) trouver des réponses à la série “Monsieur Mardi-gras Descendre” ? Vous ne connaissez pas cette saga, mais vous voulez entreprendre un voyage délirant et fantastique dans une BD abyssale ? Lisez cette préquelle (après la série mère si possible). Vous m’en direz des grains de café !