Alouettes – Jeanne A. Débats

Allez vas-y ! -... ...- Vas-y je te dis, appuie sur le bouton " Publier "- J'peux pas. C'est mon premier Service de Presse, je peux pas descendre ce bouquin. - Hé ! C'est de l'honnêteté qu'on te demande, pas du cirage de pompe. T'as pas aimé, t'as pas aimé. Point barre. Y a pas mort d'hommes, je t'assure. Alleeeeeeez ! Si tu le fais pas, je publie sur les réseaux sociaux une photo de toi en maillot de bain à fleur et bonnet en caoutchouc. Tu sais celle où tu imites une baleine. - Saaaaalaud ! T'es pire qu'une vipère. - Je fais ça pour ton bien Mimine. Alors appuie sur ce satané bouton ! - Okay. Voilà c'est parti. Content ? - Très. Alouettes – Jeanne A. Débats

Trois ans ont passé. Agnès ne se remet toujours pas des événements, racontés à la fin du 1er tome, et noie son chagrin dans le whisky et la bouffe. Et depuis, elle n'a pas remis les pieds au bureau de son oncle Gérault, qui gère les affaires notariales des êtres de l'AlterMonde. Mais l'heure est grave. Le monde surnaturel se retrouve dans une crise sans précédent : une contagion d'amour entre espèces se propage qui a pour effet que de jeunes couples, zombies et licornes, vampires et kitsunes, sirènes et garous, viennent au cabinet demandant à être mariés Or, la loi interdit que des espèces différentes se marient sous peine de déclencher des guerres interfamiliales. Qui sont ces Roméo et Juliette ? Et d'où vient cette épidémie d'amour interdit ? Ça, Agnès et ses collègues vont bientôt le découvrir à leurs dépens.

J'avais lu en mars dernier le premier tome de la nouvelle série Urban Fantasy française de Jeanne A. Débats, L'Héritière, et suite à mon billet, j'ai eu l'honneur de recevoir de la part des éditions Actu SF que je remercie fort au passage, le deuxième tome, paru début Avril. Malheureusement, si j'avais bien aimé le premier tome, passé la surprise et la nouveauté, le second m'a beaucoup moins plu. Et pourtant ça partait plutôt bien. Toujours avec ce ton cocasse coutumier, le roman démarre sur les chapeaux de roues avec comme premier chapitre : " Qu'est-ce qu'un orgasme ? ", signant ici le thème principal de l'histoire : le sexe. Il faut bien avouer que Jeanne A. Débats a un certain talent pour savoir dès les premières lignes t'alpaguer avec des punchlines coup de poing. C'est clair, net et précis. Ça me plaît bien en tout cas. Jusqu'à un certain point.

Le plus gros problème, c'est qu'Agnès passe la majeure partie de son temps à analyser son comportement vis à vis du sexe, des hommes et de ses histoires d'amour antérieures et futures. Elle se pose beaucoup de questions, voire trop, et ses réflexions sur les relations homme-femme, l'égalité des sexes et sur son supposé féminisme deviennent vite répétitives. Je trouve un peu paradoxal pour un roman qui se veut assez novateur dans le genre où l'héroïne ne souhaite pas être prise pour une potiche soumise aux hommes, de ne tourner autour finalement que du cul et des mecs. Ça ne m'aurait pas vraiment dérangée si cela ne se faisait pas au détriment de l'intrigue qui manque un peu de souffle. C'était également le cas pour le premier tome, peut-être moins prononcé, les péripéties de l'histoire sont en effet assez mal réparties. Si le début met en place avec un certain humour la nouvelle intrigue de cet opus, ce n'est que vers la fin du roman que tout s'enchaîne, ne laissant qu'un milieu assez lent et mou du genou où les atermoiements sexuels d'Agnès ne font que combler le vide.

D'autre part, j'attendais de ce second opus des relations entre les membres de l'équipe une plus grande profondeur. Le premier tome posait les bases, plutôt bien d'ailleurs, pour qu'on apprenne à connaître les personnages et le nouvel environnement d'Agnès. Or, ici, Zalia, Navarre et Géraud (j'écarte Agnès étant la narratrice) n'ont le droit qu'au strict minimum niveau développement. On en sait pas plus sur eux et leurs tics de langage et de comportement deviennent vite redondants, voire parodiques : Zalia la sirène passe toujours son temps à se maquiller dans la salle de bain (oui parce que vous comprenez c'est une femme, et une femme ça se maquille à longueur de journée. Vous avez dit féministe ?) et Navarre continue de lire dans son fauteuil des comics tout en faisant semblant de ne pas s'intéresser à Agnès qui elle par contre bave constamment sur lui. Quant à l'oncle d'Agnès, Géraud, c'est un personnage difficile à cerner et pour qui je n'ai pas un grand attachement au final. Entre son mutisme perpétuel et ses expressions outrées quand ça parle de sujets " olé olé ", son attitude guindée et très trop protectrice envers sa nièce et cette manie de vouloir cacher plein de choses, alors que ça pourrait avoir un intérêt capital pour l'histoire, j'ai vraiment eu du mal.

Croyez bien que je trouve ça bien dommage parce que Jeanne A. Débats a créé un univers vachement intéressant, tout se passant à Paris, et avoir des scènes de bagarre ou d'action dans des quartiers bien connus de la capitale, c'est tellement sympa. L'univers a également des pistes d'intrigue qui pourraient être passionnantes, tant au niveau des pouvoirs d'Agnès, dont on ne sait toujours pas grand chose, que de l'AlterMonde et des êtres qui le peuplent. Alors même si on sent que l'auteure prend son pied par moments à tacler gentiment des oeuvres littéraires connues, à nous donner son avis à travers son héroïne sur les religions monothéistes, sur la mode masculine, sur le sexe et sur le féminisme, donnant des moments parfois drôles, ça ne m'a pas suffi pour que j'adhère complètement. La Urban Fantasy, ce que j'appelle moi dans ce cas précis de la Bit-Lit, ne doit pas être finalement ma came.

L'instant Making Of : Alors que je fais du catsitting ce week-end (mes connaissances ont bien compris mon amour pour les bêtes et en profitent dès qu'ils le peuvent pour me refiler le bébé), j'ai découvert les joies d'avoir un chat. Surtout de la difficulté d'écrire un article avec le poids mort du félin endormi sur l'un des bras. Pas facile pour taper au clavier.

Alouettes – Jeanne A. Débats