Retour sur le Free Comic Book Day France 2016

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

Ah, le Free Comic Book Day ! L'événement annuel qu'aucun fan de comics ne saurait rater. Bien sûr, l'offre VO est immense et mieux vaut être rapide pour avoir les titres espérés. Mais, il est important de noter que l'offre française s'étoffe, les éditeurs prennent la chose au sérieux. Revenons sur les titres que nos maisons hexagonales nous proposaient cette année.

Le FCBD 2016 en France aura été très inégal. Comme d'habitude, les grandes villes et les boutiques qui s'y trouvent ont été très vite dévalisées, même en limitant ce qu'ils proposaient par de nombreux subterfuges. A l'inverse, dans les plus petites villes, c'était véritablement la fête pour les fans de comics, qui pouvaient repartir avec l'intégralité de l'offre sans que personne n'en soit spolié. Niveau titres on a eu du très bon ( The Autumnlands, Hadrian's Wall) et du très mauvais ( Lady Mechanika, Harley Quinn & Power Girl), le tout équilibré par quelques titres sympas mais pas transcendants (Panini fait le job, pas plus). Mon petit coup de coeur perso c'est le Guide Officiel Valiant, qui m'apparait comme un must have pour qui souhaite s'intéresser à l'éditeur pour la première fois.

Détaillons un peu tout ça. On y va ?

Bliss Comics

Valiant : le Guide Officiel

C'était le titre que j'attendais le plus et il s'avère que c'est le plus riche du lot. On vous disait que The Valiant était un excellent point d'entrée dans l'univers du même nom mais ce fascicule FCBD est mieux encore. J'y ai appris plein de choses sur l'éditeur, son histoire et ses idées. De nombreux personnages sont présentés, avec même des conseils de lecture si l'un d'eux vous tape dans l'oeil. C'est bien pensé et ça fleure bon la passion. Petit poster en milieu de fascicule, liste des titres à venir et enfin, vrais extraits de différentes séries, à savoir Quantum and Woody, Ninjak et Bloodshot Reborn. C'est court mais intense. Côté Quantum and Woody, ça a l'air plutôt fun même si très inspiré d'éléments existants et malgré également l'humour dégueu de Woody (j'aime pas trop me faire insulter par mes livres mais chacun son truc). Mais il ne faut pas s'attendre à de la subtilité de la part du mec qui fait Rick & Morty, vous aurez ce que vous êtes venus chercher. Viennent ensuite quelque pages de Ninjak plutôt cools mais dans lesquelles, clairement, je suis pour la méchante (c'est le coup de foudre). Enfin, je n'ai pas pu lire Bloodshot Reborn parce que je n'ai pas terminé le tome 1 de The Valiant et que j'ai une politique anti spoil très stricte. Par contre c'est beau, c'est sombre et ça donne envie. La fascicule se clôt sur quelques pubs pour des titres à venir, dont Faith qui me donne grave envie (notamment parce que Marguerite Sauvage bosse dessus).

Comics Zone

Sketchbook "versus"

J'ai un petit faible pour les sketchbooks. Un jour j'en ai gagné un de Dell'Otto et pour moi c'était Noël en août. Pour les gens motivés et passionnés derrière l'organisation du FCBD France, cet événement c'est un peu Noël aussi sauf que le Père Noël, c'est eux. Du coup ils nous offrent de beaux sketchbooks concoctés avec amour. L'ensemble est plutôt fun avec un thème " versus " qui se prête aux duels les plus inattendus. Au programme, Link contre le Docteur, Namor contre Bob l'éponge ou encore Robin vs. Howard. Dommage qu'on y trouve un petit caca sexiste et triste avec, comme victime habituelle, cette brave Lara Croft. Fort heureusement, on oublie vite cette page douteuse devant les très beaux Wonder Woman vs. Super Girl et Flash vs. Bipbip. Le niveau est inégal d'une page à l'autre mais c'est ce qui rend l'objet charmant : nul besoin d'être une star des internets artistiques pour poser sa pierre et l'édifice final est drôle et plutôt joli.

Delcourt Comics

Veil

Chez Delcourt on mise sur la quantité. Leur offre contient les débuts de Veil, une série au look assez original de Greg Rucka et Toni Fejzula, qui date de 2014. C'est ce titre qui est mis en avant sur la couverture, un très bon choix de la part de Delcourt car il donne le ton : ici, on fait pas comme les autres. Le fascicule contient également un extrait de Manifest Destiny, une série de 2013 écrite par des américains sur l'Histoire américaine et qui a donc, pour nous, un intérêt tout relatif. Le titre dans son ensemble est assez sanglant, gore et infesté de monstres de tout poil mais il propose aussi une réflexion (à peine ébauchée en quelques pages) sur l'Histoire US et ses colonisations. Viennent aussi Les Mystères du Meurtre scénarisés par Neil Gaiman. On connait le talent de cet auteur pour nous raconter des histoires, cette fois, il s'agit de l'adaptation d'un de ses romans qui nous plonge dans le premier meurtre commis pas un ange. Le dessin un peu vieillot (2002 qui plus est) colle assez bien à l'intrigue et le titre sera sans doute plaisant à lire en définitive, bien que quelques pages ne puissent pas lui rendre justice. Enfin, le dernier titre annoncé pour ce FCBD chez Delcourt est Homicide et c'est aussi une adaptation de bouquin. Un titre a priori plutôt branché documentaire et qui fait office d'ovni dans le volume FCBD de l'éditeur. Pour les fans de The Wire (et je sais qu'ils sont nombreux). Au final, c'est vraiment une bonne idée de la part de Delcourt que de nous proposer plein de nouveaux titres. Ça intrigue, ça donne envie de s'intéresser et ça donne de bons signaux aux lecteurs : ceux d'un éditeur riche, divers et qui ose proposer des titres qui sortent des sentiers battus.

Glénat Comics

Lady Mechanika/Hadrian's Wall

D'abord annoncé avec la cover de Lady Mechanika, le titre de Glénat Comics est finalement arrivé avec celle de Hadrian's Wall, agrémentée d'un macaron " en bonus preview exclusive de Lady Mechanika ". Il s'avère que les deux étaient disponibles mais pas distribuées partout, l'éditeur ayant omis de préciser au distributeur que deux couvs seraient disponibles. C'est un peu dommage parce que la couv de Mechanika avait l'air attendue sur les internets (même si celle d' Hadrian's Wall est très belle aussi, voire davantage) mais surtout parce que ça a causé quelques incompréhensions auprès des lecteurs (qui demandaient Mechanika aux libraires). Pour ce qui est du contenu, grands dieux, quelle déception ! Mechanika aurait pu être un titre plutôt intriguant mais il s'avère illisible. En effet, les textes sont terriblement mal calibrés, les espaces entre les mots sont très souvent absents et la lecture n'est jamais fluide. L'intrigue n'est par ailleurs pas très prenante et assez classique. J'aime le steampunk mais j'en ai assez qu'on nous resserve toujours les mêmes délires lorsqu'on nous propose ce genre. C'était bien au départ, ça peut encore l'être quand c'est vraiment très très bien fait, mais là franchement, c'est l'overdose. Autre ambiance avec Hadrian's Wall puisqu'on débarque dans l'espace et cette fois bonne surprise, c'est beau, la trad est soignée et l'introduction qui nous est offerte est juste ce qu'il faut pour mettre l'eau à la bouche. OUF ! Voilà qui sauve, mais de justesse, le titre de Glénat. Au dos, une pub pour le nouvellement sorti Bitch Planet nous rassure sur les choix éditoriaux de la boite : c'est certain, Lady Mechanika a été choisi pour faire plaisir au fils du patron, fan de pin-up steampunk, et le titre a été traduit à l'arrache, histoire de le faire taire*.

(*il est évident que je n'ai, en réalité, pas la moindre idée de la réalité des événements qui ont amenés à la publication de Lady Mechanika dans cet état. Une chose est sûre, la street cred de l'éditeur en prend un coup.)

Panini Comics

Marvel Super Heroes

Panini fait le job. Ni plus ni moins. L'éditeur propose un titre assez ordinaire et carrément dispensable mais plutôt sympa pour les néophytes. On y croise plein de personnages qui débarquent un peu n'importe comment mais au moins en une seule histoire, on voit du monde. Accessible pour les plus jeunes et dépourvu de bonus (en dehors d'une petite préface qui va bien sur le thème de le-FCBD-c'est-supayr), le fascicule de Panini a le mérite d'être gratuit mais on se demande quand même si l'éditeur s'investit vraiment dans l'événement (c'est un budget, c'est clair).

Urban Comics

Harley Quinn & Power Girl

Franchement, c'est pas sérieux. Le FCBD c'est l'occasion de faire découvrir le comics à des gens qui n'en lisent pas encore régulièrement et on leur propose ça ? Ce ramassis de sexisme de bas étage et d'humour graveleux ? C'était pour lutter contre l'image trop sérieuse de DC ? Pour mettre en avant un artiste français (seul argument potable) ? Pour surfer sur la vague Suicide Squad ? Je penche pour cette dernière possibilité, soutenue par la présence d'une page de pub pour le film en fin de fascicule. De base, du cosmique avec un personnage comme Harley Quinn et ses zéros capacités/pouvoirs ça me fait doucement marrer, faut m'excuser. Il est vrai que je ne vais pas à la lecture de ce titre avec la joie au cœur. Surtout que la couv est assez repoussante. Résultat : un titre qui se croit mordant et original et qui n'est que clichés et tristesse. Là où les auteurs veulent visiblement jouer avec les éléments sexistes habituels, ils ne font que les utiliser, voire les conforter. C'est pas drôle, c'est même plutôt gras et déprimant. Et vas-y que Power Girl (que j'aime pourtant d'amour) sort d'un monstre avec plein de liquide douteux sur le décolleté, vas-y qu'on la dessine de dos avec un cadre uniquement sur ses fesses... Êtes-vous bien sérieux les mecs ? J'accorde par contre volontiers à notre auteur français, Stéphane Roux donc, que son dessin est la seule chose à sauver du titre. Le reste est, au mieux, sans intérêt, au pire, une insulte au comic book et aux lecteurs.

The Autumnlands

The Autumlands c'était un peu LE titre qu'il ne fallait pas rater avec ce FCBD. Encensé par la critique, chez nous aussi d'ailleurs, la série propose quelque chose de vraiment original et bien fait, en plus d'être très agréable à l'œil. C'est un très bel univers que celui de Dunstan, notre héros. Le fascicule proposé par Urban est, il me semble, le plus conséquent en terme de nombre de pages de ce FCBD, ce qui nous permets d'avoir un bel aperçu de la série et de ses qualités. Je vous invite cependant à lire la critique de Noisy pour vous faire une idée du titre, mais j'en profite pour vous le recommander chaudement. J'imagine qu'Urban équilibre son offre pour ce FCBD en proposant un titre douteux et un titre génial côte à côte.