« De l’autre côté du mur » d’Agnès Marot

Par Kloliane

La curiosité, un vilain défaut ? (Journée chez le meilleur ami de Chéri, partie 1)

Chéri (contemplant le jardin): Tu as un superbe jardin ! Et sans vis à vis.
Moi (regardant au loin, une main au-dessus des yeux): D’ailleurs, qu’est ce qu’on peut voir au delà de la clôture du fond ?
Jean (avec un petit sourire mystérieux): Tu veux vraiment savoir ?
Chéri (intrigué): Pourquoi ? Qu’est ce qu’il y’a de l’autre côté ?
Jean (donnant à chacun une petite tape dans le dos):  Allez voir…

Nous y allons tous deux, guidés par la curiosité. Arrivés près de la clôture, nous jetons un regard au dessus...

Moi (poussant un cri): Oh my godness!!
Chéri (fermant les yeux): Mes yeux ! Mes yeux !
Jean (nous rejoignant en riant): Quand il fait beau, Mme Renodin aime venir bronzer en monokini près de chez moi, dans ce grand pré. Bonjour madame Renodin ! (nous murmurant) Elle a un faible pour moi. Elle pense m’attirer ainsi. Une sacrée coquine qui a 70 ans.
Chéri (gémissant): Mes yeux…

AUTEUR: Agnès Marot
TITRE: DE L’AUTRE COTE DU MUR.
EDITEUR, ANNEE: Edition du Chat Noir, 2013
NOMBRE DE PAGES: 316 pages.

Si vous n’aviez connu qu’un seul « monde », suivi avec soins ses règles établies sans jamais les remettre en cause, qu’elle serait votre réaction lorsque celui commence à se fissurer et qu’au delà des murs érigés existe un monde plus grand et plus libre. Voici « De l’autre côté du mur » d’Agnès Marot .

RÉSUMÉ:

« Pour Sibel qui se consacre entièrement à la danse, le quotidien est un perpétuel ballet. Pourtant, tout bascule le jour où son lien à l’Art est coupé : on l’isole de ses sœurs, on lui refuse l’existence qu’elle aime tant dans cette communauté composée exclusivement de femmes. En tâtonnant pour retrouver tout ce qu’elle a perdu, elle entend des rumeurs, découvre des secrets propres à bouleverser sa conception du monde.
Mais alors, si la vie n’est qu’un immense théâtre, pour qui Sibel danse-t-elle ? Et surtout, que se trame-t-il en coulisse ?
Peut-être cet étranger au sourire narquois qui se définit comme un « homme » et ne lui parle que de Science pourra-t-il lui apporter des réponses. L’aidera-t-il à franchir l’enceinte qui délimite l’univers qu’elle a toujours connu ?
Découvrez le mystère qui se cache là-bas, de l’autre côté du mur… »

Dès les premières pages, je fus charmée par la plume poétique de l’auteur. Cela faisait bien longtemps que je ne fus pas captivée par un roman dès le début. Puis au fil du récit, en découvrant ce « monde » et son organisation, je n’ai pu m’empêcher  de penser au film mythique « Métropolis ».  Mais revenons au roman.

Nous suivons Sibel, une jeune demoiselle qui vit exclusivement auprès d’autres femmes et se consacre entièrement pour son Art, la danse. Jusqu’à un événement imprévisible, elle ne se posait aucune question de l’ordre établi et de la consigne de n’avoir aucun contact. Tout le contraire de son amie Aelyn qui n’arrive pas à s’épanouir avec toutes ces règles et doute de leurs biens faits.

Mais Sibel, sans l’avoir voulue, a été touché par une de ses camarades. Une première fissure apparaît dans sa vie bien cadrée. La conséquence de cet « accident »: La perte de son art et la sensation d’exclusion au reste du groupe. Mais la plus importante et la plus effrayante est celle de « disparaître ». Comment cela se passe t-il ? Que deviennent les « disparues ».

Perdue et se sentant démunie, elle va tout faire pour retrouver son Art. Malgré le soutien de son amie et les directives sévères de mère Leilan, Sibel va devoir quitter tout ce qu’elle a connu après sa rencontre avec « Cette Personne ». Un être sans aucun trait féminin, à la voix grave. C’est la fin d’une illusion pour se retrouver dans « les coulisses », lieu qui lui apportera la vérité sur la conception de leur monde.

J’aime beaucoup ce type de roman où le personnage principal se rend compte que le monde qui l’entoure n’est que mensonge, que la vérité est bien plus sombre et qu’il va lutter pour que celle-ci soit connu de tous. Ici, c’est une jeune fille qui n’a jamais rien mis en cause qui va se heurter à la réalité. Un monde où le contact humain est interdit, hommes et femmes sont séparés, Art et Science dissociés et sous la dominance de « Maîtres ». L’évolution de la protagoniste est très intéressante à suivre ainsi que son raisonnement: N’est-il pas mieux de rien savoir et continuer à vivre selon les règles établies ? Qui sont les Maîtres et quels sont leurs rôles dans ce monde ? Pourquoi la présence de ce « garçon » lui est-il indispensable ? Qu’est ce qu’il y’a au-delà du mur ?

L’intrigue est très intéressante et bien mise en place par l’auteur. Elle décrit avec détails les différentes parties de ce monde et la place de chacun. Il est assez troublant que le but premier de celui-ci était pour le bien de tous alors qu’il ressemble à un état totalitaire. Je vous laisse découvrir la raison au fil des pages.

J’ai passé un bon moment en découvrant ce monde particulier malgré mes petites interrogations qui restaient en suspens à la fin de ma lecture:
– Il est tout de même étrange que peu de personnes est remis en cause les règles ou qu’il n’y est jamais eu de rébellions collectives.
– On suit beaucoup les pensées de Sibel tout en observant son évolution face à ces vérités qui surgissent les unes après les autres. Au point d’occulter un peu les autres personnages et leurs sentiments. Non qu’ils soient effacés et non travaillés, mais j’aurais aimé plus en savoir sur  les Maîtres, Mère Leilan et son lien avec Sibel etc…

CONCLUSION:

Après m’être plongée dans ce roman par curiosité, je suis très vite tombée sous le charme de la plume de l’auteur. Intrigue fort intéressante et univers bien particulier, vous aurez plaisir à découvrir les différents mystères de ce « monde » et sa raison d’être.

Le seul petit reproche que je peux faire est la place que prend le personnage de Sibel, occultant un peu les autres qui sont, pour certains, fort intéressants et qui méritaient d’être un peu plus dévoilés.

Mais c’est tout de même avec un grand sourire, la tête pleine d’images que j’ai savouré la fin ouverte. Je suivrais de près cette auteure qui a su mettre en agitation mon imagination.

(Image de UVER )