Pour son dernier numéro sur le titre , Scott Snyder écrit une déclaration d'amour à un des éléments les plus importants de son run : Gotham City...
Le run de Snyder aura plu ou déplu, mais il faut admettre que malgré ses soucis évidents de continuité, le titre aura su être intelligent dans son propos. Snyder aura plus réfléchi sur son personnage et son univers qu'autre chose, parfois avec des sagas brillantes, et parfois avec d'autres plus décevantes. En général, l'auteur a eu du mal avec ses conclusions, notamment la consternante Death of the Family, qui aurait dû être une étape majeure de la vie du chevalier noir. Du coup, pour son ultime conclusion et ses adieux au titre, il avait la pression...
Plutôt que de faire un numéro plein d'action, on part vers quelque chose de complètement différent. Lors d'une virée nocturne, Bruce s'aperçoit que le courant est coupé dans tout Gotham. Il va donc mener son enquête pour découvrir quel vilain est le responsable de tout ça, mais va découvrir quelque chose d'inattendu...
Critiquer le numéro sans en dévoiler certains éléments clés serait un peu difficile, vu qu'il est constitué d'une manière bien précise, qui rend hommage aussi bien au run de l'auteur qu'à l'univers en général. Pour sa "dernière nuit", Snyder revisite l'univers qu'il a utilisé pendant toutes ces années de manière intelligente, sans jamais forcer son lecteur en lui rappelant lourdement ce qu'il a déjà lu. On a une référence visuelle ici, une petite réplique par là, et c'est toujours fait avec une certaine pudeur presque touchante.
On a toujours su que Snyder était le plus grand fan de Batman qui soit, et il le montre ici en écrivant une histoire lisible seule, intemporelle et qui définira le personnage. On voit comment fonctionne le Batman, comment Bruce et Alfred travaillent ensemble, le rapport entre les deux est là et touchant, et à l'exception de la famille du héros (mais Snyder n'a jamais aimé l'écrire), on a tout ce qui définit le personnage. Du coup, cette nuit dans la vie du justicier est émouvante, presque enfantine, vu que pour une fois il n'y a aucune violence. C'est la conclusion parfaite pour les aventures de Batman : il n'y a pas d'événement cataclysmique comparé au dernier numéro, pas de mort, c'est presque une histoire lisible aux enfants.
On redécouvre Gotham ici, sublimée par le trait de Greg Capullo, et c'est génial. C'était la conclusion idéale et intelligente à la série, et je ne vois pas comment il aurait pu faire mieux. Tout le monde est là, on définit aussi bien le héros que sa ville, c'est presque parfait. Visuellement enfin, c'est à en tomber. Capullo est brillant dans un numéro sans trop d'action, en jouant notamment sur les ombres et l'obscurité, et se sort incroyablement bien d'un exercice difficile. Il suffit de voir la scène déjà lue cent fois de Batman et de Gordon qui discutent devant le projecteur, réinventée ici dans le noir, pour se convaincre du talent du monsieur. Enfin, les couleurs de FCO Plascencia sont somptueuses, jouant aussi sur les ombres et les non-dits pour ce qui sera potentiellement un des plus beaux numéros du run.
Batman #51
DC Comics * Par Scott Snyder & Greg Capullo * $3.99
C'est une conclusion parfaite à une saga intéressante et réfléchie. Snyder rend un numéro qui semblerait presque évident s'il ne débordait pas d'intelligence, et prouve qu'il peut faire un sans faute sur des petites histoires presque intimes. Bravo.