Purgatoire des innocents – Karine Giébel

Par Cpmonstre

Wouf. Mes chatons, voici un roman noir, très très noir, qui ne laisse vraiment pas indifférent. J'avais été prévenue par Totoro et le Brocoli grâce à qui j'ai découvert l'existence de l'auteure, Karine Giébel, mais également du dit bouquin, dont les avis étaient on ne peut plus dithyrambiques. Elles avaient dit pourtant que c'était chaud. Très chaud. Ah bah oui effectivement, j'en ai pris plein les mirettes.

Il est difficile de résumer ce roman sans trop en dévoiler. Je ne voudrais pas gâcher votre bon plaisir, c'est pas mon genre, voyez-vous. Disons, que ça commence comme un film d'Olivier Marchal pour virer Psychose. Une bande de braqueurs, dont deux frères Raphaël et William, vole une bijouterie de la place Vendôme, mais les choses tournent mal : les flics rappliquent rapidos et les balles fusent. Un policier abattu, une passante sur le carreau, deux balles dans le corps de William, leur planque déterrée, la bande n'a pas d'autre choix que de s'enfuir en bagnole et de rouler jusqu'à trouver un point de chute pour que William puisse être soigné. Parce que pas question d'aller à l'hôpital avec leurs bobines placardées partout. Alors, arrivés dans un patelin perdu, ils prennent en otage une vétérinaire, chez elle, dans son domaine en plein coeur de la campagne, " là où on ne vous entendra pas crier ". Pour Raphaël, la planque semble sûre, le temps de voir venir et que son petit frère récupère. Mais, le sort va s'acharner, car ils sont tombés sur la mauvaise maison, la mauvaise personne. Qui se croyait loup va devenir agneau.

Je sors à l'instant de l'histoire, terminée en deux trois d'cuillères à pot, et une fois n'est pas coutume, j'ai eu très envie de vous en parler fissa. Comme si je devais me débarrasser au plus vite de cette tâche pour pouvoir passer à une autre lecture. Ah je suis content. Si si si. Au lieu d'attendre un mois, tu l'écris de suite ton billet, c'est bien. Je suis très fier de toi. - Oh c'est gentil ça. D'habitude je n'ai que des reproches, ça change. - Mais, ça serait encore mieux si tu pouvais faire ça à chaque fois. - Pourquoi je suis étonnée ? Pourquoi ? Commencé hier soir et terminé ce matin, je n'ai pas vu ni le temps ni les pages passés. Donc déjà, niveau page-turner le livre se pose là.

J'ai lu quelque part que Purgatoire des innocents était à Karine Giébel ce que Misery est à Stephen King. La personne a vu juste. Je ne peux qu'acquiescer frénétiquement de la tête.

Si le roman commence de façon basique, il nous entraîne petit à petit vers un huit-clos glaçant et insoutenable. L'intérêt ici est d'autant plus grand que le retournement de situation change également la perception qu'on a des personnages. Si au départ, on s'identifie à Sandra, la vétérinaire qui se retrouve prise au piège chez elle, par cette bande de criminels qu'on aimerait bien voir souffrir, l'identification va être bouleversée par l'arrivée de ce changement prévu dans le premier tiers du bouquin et la bande de criminels, surtout les deux frères William et Raphaël, vont devenir à nos yeux très attachants. À partir de là, le roman nous montre à voir les pires tourments de l'âme humaine avec un sadisme et une minutie implacable.

Très percutant dans sa narration mais également dans son style d'écriture, le roman comporte des phrases brèves tout comme les paragraphes et les chapitres. Ça aurait pu franchement me rebuter, moi qui n'aime pas du tout du tout ces auteurs (français, souvent) qui ne font que " Sujet + Verbe + Complément = Voilà j'ai fini ma phrase ! ", mais là je dois bien avouer que cette façon de faire est bougrement efficace. J'irais même jusqu'à dire, qu'une narration plus étoffée aurait gâché ce sentiment d'urgence et d'étouffement instillés par ce huit-clos.

Je ne l'aurais jamais cru en ouvrant Purgatoire des innocents mais je n'ai pas pu décrocher du livre sans l'avoir fini. Je voulais tellement savoir ce qui allait se passer, comment ça allait se terminer qu'il a été très dur de m'arrêter. Si je ne devais pas dormir, me laver et aller travailler, je pense que le roman n'aurait pas fait long feu dans mes petites mimines. Quoique à la réflexion, tant mieux, parce que je ne vous cache pas que l'ambiance est tellement sinistre qu'un peu d'air frais et la vue de visages juvéniles (mes adorables élèves) m'ont fait du bien.

Un livre à ne pas mettre dans toutes les mains, les âmes sensibles devront s'abstenir. Parce qu'on ne peut pas faire plus noir que ça.

Je n'aurais jamais cru, JAMAIS, que je posterai un jour une chanson de Johnny Hallyday ici. C'est dramatique, je sais, mais la seule chanson qui m'est venu en tête comme une fulgurance, c'est celle-ci.