En pleine préparation des Imaginales, je multiplie les lectures et je me fais un peu plus rare sur le blog, mille excuses. Cette préparation m'amène aussi à lire plus de romans jeunesse qu'à l'habitude, et en voilà un nouvel exemple, avec le nouveau livre d'une romancière belge qui monte, qui monte, Cindy Van Wilder. Après "les Outrepasseurs", trilogie de fantasy urbaine très remarquée, elle a décidé de se tourner vers un autre genre de l'imaginaire : la science-fiction, avec un roman d'anticipation. Le résultat, c'est "Memorex", publié récemment dans la collection Eléctrogène des éditions Gulf Stream. Un thriller qui repose en grande partie sur le thème classique du savant fou, mais mené avec pas mal d'habileté et un mystère très bien alimenté et entretenu pour surprendre ses lecteurs. Sans oublier une bonne dose d'émotions, qui ne devraient pas laisser indifférents les jeunes lecteurs qui l'auront en main.
Réha s'apprête à rentrer dans sa famille pour le traditionnelle congé de Thanksgiving. L'adolescente est scolarisée dans un établissement privé très chic, Mansflield Academy, où elle vit la vie d'une jeune fille de son âge, aux côtés de sa meilleure amie Ilse. Complicité, rivalité, premiers émois amoureux, rien ne distingue Réha des autres élèves.
Pourtant, un an plus tôt, quelques jours avant Noël 2021, elle a vécu un drame effroyable dont elle peine à se remettre. Sa mère est morte lors d'un attentat meurtrier qui a visé la galerie d'art que finançait sa fondation. Près de 70 personnes ont trouvé la mort dans cet acte sordide, auquel Réha et Aïki, son frère jumeau, ont survécu presque miraculeusement.
Des jumeaux qui ont toujours été très proches l'un de l'autre, au point de se faire tatouer une étoile sur le poignet, sceau d'une alliance indélébile. Malgré les événements, rien n'a changé entre eux, mais les événements dramatiques de l'année précédente restent un sujet presque tabou. Il faut dire que Réha, terriblement choquée, n'en garde que très peu de souvenirs clairs.
Cette fête sera l'occasion pour les deux ados de retrouver leur père, un fameux scientifique, créateur de la prospère société Memorex, qui ne quitte plus Star Island, l'île privé qu'il a achetée en Polynésie. Un père qui n'a jamais semblé plus lointain que depuis la disparition de son épouse, perdu dans ses projets scientifiques, scrupuleusement gardés secrets...
Et, lorsque Réha découvre que la pire chipie de Mansfield va les accompagner, voilà qui ajoute un peu plus à son agacement et à son désarroi. Il ne manquait plus que ça : Holly, celle qu'elle surnomme avec mépris "Petite Miss Parfaite", est en fait la petite amie de son frère ! Il faudra faire avec, mais la traditionnelle dinde risque d'avoir vraiment un goût bizarre, cette année...
Et pour être bizarre, ce Thanksgiving va être bizarre... Un accueil paternel aussi froid que le fond de l'air polynésien est doux, l'irruption surprise de Mag, la tante des jumeaux, des questions qui suscitent doute et réflexion dans l'esprit de Réha... Et, cerise sur la tarte au potiron, une attaque en règle de l'île par de mystérieux assaillants...
Voilà les jumeaux, leur père et oncle Mike, le mentor du scientifique, retranchés dans une "safety room", avec peu d'espoir de sortir de là sans accéder aux demandes de ceux qui s'en prennent à eux. A Réha de faire son possible pour essayer de se sortir de ce mauvais pas, avec l'aide d'Holly, qu'elle apprend à mieux connaître.
"Memorex" a tout d'un roman d'anticipation : les chapitres courts qui se succèdent en distillant au compte-gouttes les informations, les flash-back qui nous ramènent aux événements tragiques de l'année précédente, mais pas uniquement, les rebondissements et les scènes d'action... On ne s'ennuie pas une seconde dans cette lecture.
Bon, vous me connaissez, je ne suis pas un grand fan de littérature jeunesse, c'est ainsi. Et, encore une fois, pour le lecteur que je suis, ce roman est "un peu trop" jeunesse, si je puis parler ainsi. Je ne suis pas le coeur de cible, donc, pas de panique, et cela ne m'a pas empêché de dévorer ce roman qui, il faut le dire, ménage pas mal de surprises.
Mais de quoi est-il exactement question ? L'intrigue repose sur des éléments très simples, mais bien agencés pour brouiller les pistes que pourrait suivre le lecteur. Difficile de vous en dire beaucoup, car on pourrait rapidement tomber dans des révélations qui pourraient me valoir quelques reproches, alors restons prudents.
Vous allez me dire, avec un titre comme "Memorex" et la citation initiale du billet qui parle de souvenirs, on voit bien où on veut en venir, ah, ah, tu ne nous auras pas ! C'est vrai, je m'incline, mais c'était tout de même difficile de ne pas du tout donner le titre du livre dans le billet. Quant au reste, c'est vrai que Réha, qui est la narratrice de la trame centrale, s'interroge sur les événements récents...
Ne vous inquiétez pourtant pas, car vous verrez que ces questions-là vont bien plus loin que cela et ce que je vous ai dévoilé pour le moment, en tout cas, je le pense, laisse dans l'ombre la majeure partie de l'intrigue et du suspense. A vous de voir, maintenant, à vous de suivre Réha dans ses investigations, qui concernent autant les événements qu'elle-même.
En nous emmenant sur une île, auprès d'un scientifique dont les découvertes sont entourées de secrets et de mystères, Cindy Van Wilder semble nous diriger vers le Docteur Moreau et ses folles expériences, chères à H.G. Wells. Longtemps, je suis parti dans cette direction, et puis, peu à peu, si l'idée d'un savant fou est restée, son portrait a changé...
Et, comme ce roman est décidément un nid de fausses pistes et de jeux de miroirs déformants, un peu comme ces images qui changent en fonction du point de vue sous lequel on les regarde, là encore, ce thème, grand classique des littératures de l'imaginaire et de leurs dérivés (cinémas, télé, etc.), est abordé de façon maligne.
Oui, j'ai bien aimé ce jeu de faux semblants, mis en scène de façon efficace par l'auteur, et qui réserve son lot de surprises. Bon, Cindy Van Wilder utilise bien quelques ficelles, sans doute, mais elles sont au service d'une intrigue qui ne laisse pas de répit jusqu'à la fin. Sans oublier pas les émotions qui ne vont cesser de se renforcer au fil des chapitres.
J'aimerais beaucoup vous parler de ce roman en profondeur, mais je ne le peux pas, car il nous faudrait en dire bien trop. Reste les thématiques plus larges, et le fameux "science sans conscience n'est que ruine de l'âme", vous connaissez la formule rabelaisienne... Oui, "Memorex" évoque la question de ces recherches scientifiques et de l'éthique qu'elles transgressent parfois.
Sur cet aspect aussi, je trouve que Cindy Van Wilder mène sa réflexion avec adresse, car elle parvient à l'aborder sous différents angles (oui, c'est un peu le leitmotiv de ce billet, les différents angles), en posant des problématiques et des enjeux qui s'opposent et se confrontent, des questions morales, bien sûr, mais pas uniquement, et cela donne de la force au propos, lorsqu'on a tous les éléments en main.
J'ai évoqué l'influence de Wells, je pourrais en évoquer une autre, celle d'un autre très grand classique du genre, d'ailleurs cité dans le cours de "Memorex", mais cela en dirait trop. Pourtant, les questions qu'aborde l'auteure dans ce roman sont bien plus contemporaines encore, avec, au coeur de tout cela, des sujets qu'il est intéressant de soumettre à un jeune public, je trouve.
D'autres citations auraient fait des titres bien meilleurs pour ce billet, mais on tombait dans le spoiler et, même moi, je ne pouvais décemment les utiliser. Elles frapperont sans doute les esprits des lecteurs comme je l'ai été, amenant quelques réflexions qui sont passionnantes, quel que soit son âge, même aussi vénérable que le mien.
Avec l'idéalisme et le rêve qui viennent se heurter à la réalité des faits et aux valeurs de nos sociétés. Et puis, parce qu'on le sait bien, l'enfer est pavé de bonnes intentions... Sans doute la science est-elle le domaine humain où toute découverte, aussi bénéfique puisse-t-elle être de prime abord, peut aussi être rapidement dévoyée pour devenir quelque chose de bien moins engageant.
Reste les thématiques humaines, dont Réha est le centre. La fraternité, avec Aïki, renforcée par leur gémellité. Le lien est fort, il tient une place importante dans cette intrigue. Mais aussi l'amitié et la complicité entre Réha et Holly, rivales au départ, unies par la force des événements et qui vont sérieusement revoir leurs sentiments l'une vis-à-vis de l'autre...
Sans oublier, évidemment, le lien aux parents, qui, forcément, va parler aux jeunes lecteurs. Réha à qui manque terriblement sa mère, dans une période de la vie cruciale, mais aussi ce père présent sans l'être, distant, perdu dans son monde expérimental, incapable de se montrer chaleureux alors qu'ils en auraient tous vraiment besoin, étant donné les circonstances.
Réha est une battante, une jeune fille pleine de courage et de ressources, mais aussi un personnage en souffrance, aux prises avec des événements qui la dépassent. Elle en devient très touchante, et plus encore lorsque la vérité va éclater. Le genre de personnage idéal auquel le lectrice et, même le lecteur, ne manqueront pas de s'identifier.
Réha s'apprête à rentrer dans sa famille pour le traditionnelle congé de Thanksgiving. L'adolescente est scolarisée dans un établissement privé très chic, Mansflield Academy, où elle vit la vie d'une jeune fille de son âge, aux côtés de sa meilleure amie Ilse. Complicité, rivalité, premiers émois amoureux, rien ne distingue Réha des autres élèves.
Pourtant, un an plus tôt, quelques jours avant Noël 2021, elle a vécu un drame effroyable dont elle peine à se remettre. Sa mère est morte lors d'un attentat meurtrier qui a visé la galerie d'art que finançait sa fondation. Près de 70 personnes ont trouvé la mort dans cet acte sordide, auquel Réha et Aïki, son frère jumeau, ont survécu presque miraculeusement.
Des jumeaux qui ont toujours été très proches l'un de l'autre, au point de se faire tatouer une étoile sur le poignet, sceau d'une alliance indélébile. Malgré les événements, rien n'a changé entre eux, mais les événements dramatiques de l'année précédente restent un sujet presque tabou. Il faut dire que Réha, terriblement choquée, n'en garde que très peu de souvenirs clairs.
Cette fête sera l'occasion pour les deux ados de retrouver leur père, un fameux scientifique, créateur de la prospère société Memorex, qui ne quitte plus Star Island, l'île privé qu'il a achetée en Polynésie. Un père qui n'a jamais semblé plus lointain que depuis la disparition de son épouse, perdu dans ses projets scientifiques, scrupuleusement gardés secrets...
Et, lorsque Réha découvre que la pire chipie de Mansfield va les accompagner, voilà qui ajoute un peu plus à son agacement et à son désarroi. Il ne manquait plus que ça : Holly, celle qu'elle surnomme avec mépris "Petite Miss Parfaite", est en fait la petite amie de son frère ! Il faudra faire avec, mais la traditionnelle dinde risque d'avoir vraiment un goût bizarre, cette année...
Et pour être bizarre, ce Thanksgiving va être bizarre... Un accueil paternel aussi froid que le fond de l'air polynésien est doux, l'irruption surprise de Mag, la tante des jumeaux, des questions qui suscitent doute et réflexion dans l'esprit de Réha... Et, cerise sur la tarte au potiron, une attaque en règle de l'île par de mystérieux assaillants...
Voilà les jumeaux, leur père et oncle Mike, le mentor du scientifique, retranchés dans une "safety room", avec peu d'espoir de sortir de là sans accéder aux demandes de ceux qui s'en prennent à eux. A Réha de faire son possible pour essayer de se sortir de ce mauvais pas, avec l'aide d'Holly, qu'elle apprend à mieux connaître.
"Memorex" a tout d'un roman d'anticipation : les chapitres courts qui se succèdent en distillant au compte-gouttes les informations, les flash-back qui nous ramènent aux événements tragiques de l'année précédente, mais pas uniquement, les rebondissements et les scènes d'action... On ne s'ennuie pas une seconde dans cette lecture.
Bon, vous me connaissez, je ne suis pas un grand fan de littérature jeunesse, c'est ainsi. Et, encore une fois, pour le lecteur que je suis, ce roman est "un peu trop" jeunesse, si je puis parler ainsi. Je ne suis pas le coeur de cible, donc, pas de panique, et cela ne m'a pas empêché de dévorer ce roman qui, il faut le dire, ménage pas mal de surprises.
Mais de quoi est-il exactement question ? L'intrigue repose sur des éléments très simples, mais bien agencés pour brouiller les pistes que pourrait suivre le lecteur. Difficile de vous en dire beaucoup, car on pourrait rapidement tomber dans des révélations qui pourraient me valoir quelques reproches, alors restons prudents.
Vous allez me dire, avec un titre comme "Memorex" et la citation initiale du billet qui parle de souvenirs, on voit bien où on veut en venir, ah, ah, tu ne nous auras pas ! C'est vrai, je m'incline, mais c'était tout de même difficile de ne pas du tout donner le titre du livre dans le billet. Quant au reste, c'est vrai que Réha, qui est la narratrice de la trame centrale, s'interroge sur les événements récents...
Ne vous inquiétez pourtant pas, car vous verrez que ces questions-là vont bien plus loin que cela et ce que je vous ai dévoilé pour le moment, en tout cas, je le pense, laisse dans l'ombre la majeure partie de l'intrigue et du suspense. A vous de voir, maintenant, à vous de suivre Réha dans ses investigations, qui concernent autant les événements qu'elle-même.
En nous emmenant sur une île, auprès d'un scientifique dont les découvertes sont entourées de secrets et de mystères, Cindy Van Wilder semble nous diriger vers le Docteur Moreau et ses folles expériences, chères à H.G. Wells. Longtemps, je suis parti dans cette direction, et puis, peu à peu, si l'idée d'un savant fou est restée, son portrait a changé...
Et, comme ce roman est décidément un nid de fausses pistes et de jeux de miroirs déformants, un peu comme ces images qui changent en fonction du point de vue sous lequel on les regarde, là encore, ce thème, grand classique des littératures de l'imaginaire et de leurs dérivés (cinémas, télé, etc.), est abordé de façon maligne.
Oui, j'ai bien aimé ce jeu de faux semblants, mis en scène de façon efficace par l'auteur, et qui réserve son lot de surprises. Bon, Cindy Van Wilder utilise bien quelques ficelles, sans doute, mais elles sont au service d'une intrigue qui ne laisse pas de répit jusqu'à la fin. Sans oublier pas les émotions qui ne vont cesser de se renforcer au fil des chapitres.
J'aimerais beaucoup vous parler de ce roman en profondeur, mais je ne le peux pas, car il nous faudrait en dire bien trop. Reste les thématiques plus larges, et le fameux "science sans conscience n'est que ruine de l'âme", vous connaissez la formule rabelaisienne... Oui, "Memorex" évoque la question de ces recherches scientifiques et de l'éthique qu'elles transgressent parfois.
Sur cet aspect aussi, je trouve que Cindy Van Wilder mène sa réflexion avec adresse, car elle parvient à l'aborder sous différents angles (oui, c'est un peu le leitmotiv de ce billet, les différents angles), en posant des problématiques et des enjeux qui s'opposent et se confrontent, des questions morales, bien sûr, mais pas uniquement, et cela donne de la force au propos, lorsqu'on a tous les éléments en main.
J'ai évoqué l'influence de Wells, je pourrais en évoquer une autre, celle d'un autre très grand classique du genre, d'ailleurs cité dans le cours de "Memorex", mais cela en dirait trop. Pourtant, les questions qu'aborde l'auteure dans ce roman sont bien plus contemporaines encore, avec, au coeur de tout cela, des sujets qu'il est intéressant de soumettre à un jeune public, je trouve.
D'autres citations auraient fait des titres bien meilleurs pour ce billet, mais on tombait dans le spoiler et, même moi, je ne pouvais décemment les utiliser. Elles frapperont sans doute les esprits des lecteurs comme je l'ai été, amenant quelques réflexions qui sont passionnantes, quel que soit son âge, même aussi vénérable que le mien.
Avec l'idéalisme et le rêve qui viennent se heurter à la réalité des faits et aux valeurs de nos sociétés. Et puis, parce qu'on le sait bien, l'enfer est pavé de bonnes intentions... Sans doute la science est-elle le domaine humain où toute découverte, aussi bénéfique puisse-t-elle être de prime abord, peut aussi être rapidement dévoyée pour devenir quelque chose de bien moins engageant.
Reste les thématiques humaines, dont Réha est le centre. La fraternité, avec Aïki, renforcée par leur gémellité. Le lien est fort, il tient une place importante dans cette intrigue. Mais aussi l'amitié et la complicité entre Réha et Holly, rivales au départ, unies par la force des événements et qui vont sérieusement revoir leurs sentiments l'une vis-à-vis de l'autre...
Sans oublier, évidemment, le lien aux parents, qui, forcément, va parler aux jeunes lecteurs. Réha à qui manque terriblement sa mère, dans une période de la vie cruciale, mais aussi ce père présent sans l'être, distant, perdu dans son monde expérimental, incapable de se montrer chaleureux alors qu'ils en auraient tous vraiment besoin, étant donné les circonstances.
Réha est une battante, une jeune fille pleine de courage et de ressources, mais aussi un personnage en souffrance, aux prises avec des événements qui la dépassent. Elle en devient très touchante, et plus encore lorsque la vérité va éclater. Le genre de personnage idéal auquel le lectrice et, même le lecteur, ne manqueront pas de s'identifier.