Chronique « Les trois grognards, tome 1 »

Public conseillé : tout public,

Scénario de régis Hautière, dessin et couleurs de Fred et Greg Salsedo,

Style : Comédie historique
Paru aux éditions « Casterman », le 11 mai 2016, 56 pages, 14.95 euros,
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L’Histoire

1805, un homme noir, totalement nu, s’échappe du Fort de Joux-Février, une première !
Paris, 3 mois plus tard, Honoré, qui s’est fait arrêter dans un port, se voit offrir une seconde chance par un homme masqué. Ce dernier lui promet de recouvrir sa liberté, s’il accepte une mission d’espionnage. Il doit réincorporer la grande armée napoléonienne, stationnée à Boulogne, en vue d’une grande bataille contre les anglais. Là, il doit s’introduire dans les appartements de l’empereur et prendre des copies de ses cartes d’états-majors…
Le voici donc au camp de Boulogne-sur-mer, quelques semaines pus tard, comme simple truffion de base. A coté de lui, un freluquet un peu précieux, prénommé Félicien Pépinet, se fait remarquer. Entre les deux hommes différents des autres (et oui, un noir ne passe inaperçu), un lien, entre amitié et intérêt réciproque, se noue…

Ce que j’en pense

Quand les frères Salsedo, Greg et Fred, auteurs de l’excellentissime “Ratafia” et de “Nous ne serons jamais des héros”, collaborent avec Régis Hautière, (scénariste de “Au-delà des nuages”, “Perico”, “Abelard”, “Un homme de joie”, “Les Spectaculaires”…), pour démarrer une nouvelle série chez les éditions Casterman, le mois que je puisse faire, c‘est d’y jeter un oeil !

Avec le titre “Les trois Grognards” et la couverture qui va avec, les auteurs annoncent clairement la couleur. Voici une nouvelle série de comédie historique ! Deux gendres qui, pourtant, ne sont pas faciles à “mélanger”.

Régis Hautière, dont j’apprécie beaucoup les scénarii grand public fantastiques et comiques se sort très bien de l’exercice. Dans cet album d’exposition, il construit une première “situation”, à régler rapidement, tout en introduisant son trio comique.
Les situations de la vie de l’armée Napoléonienne, documentées, réalistes, servent de décors et ne polluent pas le comique de situation.
D’ailleurs, le trio qui se met en place doucement, marche formidablement bien. Entre le taciturne Honoré, le précieux Félicien et la brute épaisse (mais au grand coeur), la sauce prend. Régis Hautière construit leurs relations avec intelligence et subtilité, et surtout pas comme une évidence. Reste à voir comment il va les utiliser, à présent ?

Au dessin, le travail des frères Salsedo est parfaitement reconnaissable. Le trait caricatural, aux dimensions souvent très exagérés, m’a un peu déstabilisé au début. Autant dans une pure comédie, cela ne me gène pas, mais dans ce contexte historique, j’ai plus de mal à l’accepter. D’ailleurs il me semble que le personnage principal, Honoré, bénéfice d’un “traitement graphique” moins excessif…
Une fois embarqué dans l’aventure, j’ai apprécié cette particularité, car il maximise “l’humour visuel”, beaucoup moins présent que dans la série “Ratafia” (ce n’est pas la marque de fabrique de Régis). Les expressions sont néanmoins souvent drôles et réussies.

Pour résumer, Voila un premier tome dense, qui réussit à nous embarquer dans une comédie historique réaliste et réjouissante à la fois. Basé sur un trio de personnages étonnants et attachants, Régis Hautière et les frères Salsedo font converger leurs univers pour un nouvelle série comique à recommander.