A lire les lettres de Henri Michaux (1899-1984), réunies, présentées et annotées par Jean-Luc Outers dans "Donc c'est non" (Gallimard, 192 pages), on découvre avec plaisir et curiosité combien l'écrivain, poète et peintre belge fut un Monsieur Non. Pas à la façon d'une femme politique belge, en retrait depuis peu de la scène, qui se contentait de répéter "non", "non", "non". Rien de cela chez Michaux qui décline ses refus de mille façons et crée une littéraire philosophie du non.
S'il se montre aussi peu collaboratif, ce n'est pas parce qu'il a mauvais caractère, quoique, c'est surtout parce qu'il ne tient pas à figurer dans la lumière. Cela, du début à la fin de sa vie, essentiellement par peur de l'enfermement. Evidemment, lui-même écrit souvent contre ceci ou cela. Mais cela n'explique pas tout. Henri Michaux déteste surtout la "vedettomanie". Prendre une photo de lui tient la croisade, enregistrer sa voix du rêve absolu. Le rééditer ou l'inscrire dans une anthologie? Il l'interdit. Lui attribuer un prix littéraire? Systématiquement hors de question - on verra si Joseph Andras qui vient de refuser le Goncourt du premier roman poursuivra et en littérature et dans son refus des récompenses. Autant d'interdictions que l'écrivain édicte jusqu'à sa mort.
Il avait fait pareil pour ses lettres: "Laissez-moi mourir d'abord" avait-il indiqué. Trente ans après son décès, en voici une centaine, choisies par Jean-Luc Outers qui, s'il n'a jamais rencontré Henri Michaux, connaît très bien son œuvre et sa vie. Il nous les présente in extenso dans l'ordre chronologique de leur envoi, de 1931 à 1984. Il les a choisies parce que toutes disaient non d'une manière ou l'autre. Et ces refus successifs campent un portrait en creux extrêmement intéressant de leur auteur - quelques correspondances figurent aussi dans les pages. En plus de constituer une fort agréable lecture.
Si Jean-Luc Outers a pris soin de replacer les différents courriers dans leur contexte, on peut aussi se référer à la page que Gallimard, le "gros" éditeur de Michaux, consacre à l'écrivain et peintre (ici). Mais on n'oubliera pas que l'homme de lettres adorait être publié en tout petit tirage chez de tout petits éditeurs.
De tout cela, il sera question ce mercredi 18 mai à 20 heures à Passa Porta au cours de la soirée littéraire "Donc c'est non: Henri Michaux par Jean-Luc Outers". Plusieurs lettres seront lues par le comédien Bruno Marin tandis que Jean-Luc Outers répondra aux questions de Nadine Eghels sur le recueil qu'il vient de publier et le long travail de recherche que ce dernier a nécessité. Infos ici.
Pour feuilleter le début du livre, c'est-à-dire lire le texte de Jean-Luc Outers sur son sujet à l'exception de la dernière page (pas de lettre donc), c'est ici.
Un exemple.
Un autre.
Rappelons aussi qu'une exposition "Henri Michaux Face à face" se tient en ce moment à la bibliothèque Wittockiana, et ce jusqu'au 12 juin. Renseignements ici.
Avec le plaisir de voir que l'affiche montre le portrait gravé sur bois de Henri Michaux suggéré par Gaston Gallimard pour son premier livre publié à la NRF, "Qui je fus" (1927). Une proposition qui, sur un exemplaire dédicacé, fut rayée d'une croix et complétée d'un "non" rageur.
S'il se montre aussi peu collaboratif, ce n'est pas parce qu'il a mauvais caractère, quoique, c'est surtout parce qu'il ne tient pas à figurer dans la lumière. Cela, du début à la fin de sa vie, essentiellement par peur de l'enfermement. Evidemment, lui-même écrit souvent contre ceci ou cela. Mais cela n'explique pas tout. Henri Michaux déteste surtout la "vedettomanie". Prendre une photo de lui tient la croisade, enregistrer sa voix du rêve absolu. Le rééditer ou l'inscrire dans une anthologie? Il l'interdit. Lui attribuer un prix littéraire? Systématiquement hors de question - on verra si Joseph Andras qui vient de refuser le Goncourt du premier roman poursuivra et en littérature et dans son refus des récompenses. Autant d'interdictions que l'écrivain édicte jusqu'à sa mort.
Il avait fait pareil pour ses lettres: "Laissez-moi mourir d'abord" avait-il indiqué. Trente ans après son décès, en voici une centaine, choisies par Jean-Luc Outers qui, s'il n'a jamais rencontré Henri Michaux, connaît très bien son œuvre et sa vie. Il nous les présente in extenso dans l'ordre chronologique de leur envoi, de 1931 à 1984. Il les a choisies parce que toutes disaient non d'une manière ou l'autre. Et ces refus successifs campent un portrait en creux extrêmement intéressant de leur auteur - quelques correspondances figurent aussi dans les pages. En plus de constituer une fort agréable lecture.
Si Jean-Luc Outers a pris soin de replacer les différents courriers dans leur contexte, on peut aussi se référer à la page que Gallimard, le "gros" éditeur de Michaux, consacre à l'écrivain et peintre (ici). Mais on n'oubliera pas que l'homme de lettres adorait être publié en tout petit tirage chez de tout petits éditeurs.
De tout cela, il sera question ce mercredi 18 mai à 20 heures à Passa Porta au cours de la soirée littéraire "Donc c'est non: Henri Michaux par Jean-Luc Outers". Plusieurs lettres seront lues par le comédien Bruno Marin tandis que Jean-Luc Outers répondra aux questions de Nadine Eghels sur le recueil qu'il vient de publier et le long travail de recherche que ce dernier a nécessité. Infos ici.
Pour feuilleter le début du livre, c'est-à-dire lire le texte de Jean-Luc Outers sur son sujet à l'exception de la dernière page (pas de lettre donc), c'est ici.
Un exemple.
"Cher ami,
Si un inconnu m'avait envoyé une lettre à propos de cette anthologie de poètes belges j'aurais été fort à l'aise pour répondre. J'aurais refusé catégoriquement.
Mais c'est toi. Donc je suis un peu embarrassé. Mais il s'agit de moi. Donc je ne le suis pas. JE N'AI AUCUNEMENT L'INTENTION D'ACCEPTER. (...)"
Un autre.
"Monsieur,
Je me souviens parfaitement de vous et de notre entretien.
Mais vous prononcez maintenant le mot qui me fait tout oublier et que j'ai en horreur: Conférences.
N'en parlons plus. Croyez-moi - cela mis à part - cordialement vôtre."
Rappelons aussi qu'une exposition "Henri Michaux Face à face" se tient en ce moment à la bibliothèque Wittockiana, et ce jusqu'au 12 juin. Renseignements ici.
Avec le plaisir de voir que l'affiche montre le portrait gravé sur bois de Henri Michaux suggéré par Gaston Gallimard pour son premier livre publié à la NRF, "Qui je fus" (1927). Une proposition qui, sur un exemplaire dédicacé, fut rayée d'une croix et complétée d'un "non" rageur.