Chronique « L’abominable Charles Christopher, tome 1 »
Public conseillé : tout public
Scénario et dessin de Karl Kerschl,
Style : conte animalier et fantastique
Paru aux éditions « Lounak », le 13 mai 2016, 136 pages en noir & blanc et masses de bleus, 19.95 euros,
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L’Histoire
Charles Christopher est un yéti (un gentil yéti) perdu dans une forêt inconnue… Quand l’orage éclate, Charles se réfugie sous un nid de feuilles et s’endort avec l’aide de sa tétine.
Au petit matin, réveillé par une mésange, il apprend qu’il y aura une fête chez Vivol.
Charles grimpe à un arbre, attiré par une ruche. Une abeille le met en garde et le pique sur le nez ! Tandis que les habitants (très bavards) de cette forêt vivent leur vie, Charles recherche la raison de sa présence, croise un renardeau esseulé, cherche le vent…
Ce que j’en pense
Vous ne connaissez pas Karl Kerschl ? Ben, moi non plus avant de lire “L’Abominable Charles Christopher”. Dessinateur des séries “Gotham Academy”, “Teen Titans : Year One” et “Superman”, ce gars là est bien connu outre atlantique, mais très peu du côté de la vielle Europe.
Les très atypiques éditions Lounak, studio graphique québécois, nous permet de découvrir son travail personnel, très éloigné des super-héros.
Imaginez donc. Charles, yéti peureux et naïf se balade sans dire un mot dans une forêt remplie d’animaux parlants (eux) aux préoccupations très humaines. Oisillons qui ont peur de se lancer dans un premier vol, lapin amoureux, moufettes aux pratiques commerciales douteuses, oiseau alcoolique, tout ce petit monde vaque à ses occupations…
Mais quelle est donc la raison de la présence de Charles et que cherche-t-il ?
Vous l’aurez compris, l’univers de Karl Kerschl, dans lequel nous nous glissons par petites touches, est très original. Strips sur un ou quelques pages, c’est une centaine de pages qui sonnent, comme autant de photos volées…
Le visuel est, lui aussi, impressionnant. Comme le fait remarquer Régis Loisel (dans un bel édito), Karl Kerschl évite le dépouillement. Son petit monde animalier est dessiné avec un grand soin, une foule de détails et d’expressions, qui augmentent le plaisir de lecture.
Enfin, l’univers résonne avec des accents fantastiques. Lion-gardien du monde animal, Dieux-ours et Yéti qu’on dirait sorti du bestiaire de Hayao Miyazaki, l’ensemble est aussi décalé que poétique.
Pour résumer,vous voulez tentez un album de BD différent ? Entre l’univers féérique de Totoro, Princess Mononoke, et les animaux dépressifs de Canardo, essayez donc L’abominable Charles Christopher, un o.v.n.i beau, poétique et complexe.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », regroupé chez Noukette, cette semaine. N’hésitez pas à regarder la sélection.