L'enjoliveur - Robert Goolrick

Par Stéphanie @Stemilou

Présentation
Par ce matin givré de février, mon entrevue avec la mort fut à peine remarquée, et ses rebondissements secrets ne devaient m'apparaître que des décennies plus tard. Or j'imagine que c'est précisément ce qui nous intéresse ici, si vous êtes prêts à traverser d'abord l'hiver glacial de mon anecdote bucolique. Les rebondissements, donc. Un rebondissement, pour être précis, aussi scintillant que l'enjoliveur de la Buick 1943 de ma grand-mère.

Avis
La semaine dernière j'ai eu la belle surprise de découvrir ce petit livre dans ma BAL, j'ignorais que Robert Goolrick avait écrit cette nouvelle dans laquelle il est question d'enfance et plus spécialement de souvenirs d'enfance.
Ce texte d'à peine 70 pages est une nouvelle spécialement réservée au public français et racontant les souvenirs d'un tout jeune garçon de cinq ans parmi lesquels il n'y a guère de bonnes actions, disons plutôt qu'il serait en phase de découverte comme lorsqu'il essaie avec un ami de recoudre les pattes d'une grenouilles avec la Singer de sa mère, mais cette abominable histoire partait d'une bonne intention car il venait de s'apercevoir que ladite grenouille était toujours en vie. Cela dit l'objet principal de ce récit reste l'expérience qui a marqué sa vie: les enjoliveurs de voiture dont la plupart sont abandonnés au bord de la route, à dire vrai ils ont plutôt été perdus en cours de route par ces engins des années 50 qui de nos jours font encore rêver les amateurs d'automobiles. 

L'idée est donc de jouer avec ces enjoliveurs : boucliers, casques voire frisbees qu'il vaut mieux de pas essayer d'attraper sauf à vouloir se faire amputer et surtout réceptacle pour feux de joies. Ce jeune garçon pratiquement sans surveillance a tout le temps d'imaginer les idées saugrenues qui lui vaudront des souvenirs impérissables. La seule personne vers qui il se tourne et trouve refuge est sa grand-mère Nell qui fume comme un pompier, lit Dickens mais seulement quand elle ne fume pas et conduit une Buick, cette voiture extraordinaire pour ce jeune gars et qui lui vaudra la peur de sa vie et le sentiment que personne ne se préoccupe de lui.

Un concentré de Goolrick qui décrit avec humour les joies et les affres de l'enfance, face à l'indifférence des adultes ce jeune garçon se construit seul, comme tous ses romans l'enfance paraît paradisiaque jusqu'au moment où tout bascule, qu'en on se prend la réalité en pleine poire et cette réalité n'est souvent pas très belle. Bonheur et tristesse se côtoie dans ces quelques pages illustrées ici et là d'objets du quotidien de notre "héros".

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