Tant qu'on rêve encore, de Chris Killen

TANT QU’ON RÊVE ENCORE

Automne 2004. Lauren plaque son copain Paul et file sur un coup de tête au Canada. De cette rupture, le garçon en a conservé une profonde amertume et a publié un roman au succès d'estime. Dix ans plus tard, Paul enseigne un atelier d'écriture à l'université, vit avec Carole et flirte en ligne avec une étudiante. Il n'a pas rebondi après avoir cueilli les lauriers en librairie et souffre vulgairement du syndrome de la page blanche. Rien ne va plus dans sa vie. Il sent une grosseur dans sa bouche et s'imagine être à l'article de la mort. Il ment à sa compagne et hésite à la quitter mais accepte de lui faire un enfant. Le goujat dans toute sa splendeur. De son côté, Lauren est rentrée au pays et tente de faire carrière sans grande motivation. Elle n'a jamais revu Paul mais songe souvent à son ami Ian dont elle avait reçu quelques nouvelles lors de son escapade canadienne, avant qu'il ne s'évapore dans la nature sans la moindre explication. En fait, Ian est également au creux de la vague, obligé de partager l'appartement de sa sœur, sans un sou en poche. Il n'a aucune ambition, après avoir longtemps espéré percer dans la musique, et vivote dans un centre d'appel où il doit arnaquer, non sans scrupule, des petits vieux. Au vu de cette délicieuse couverture - clin d'œil à une scène particulièrement cocasse - j'avais naïvement l'espoir que l'histoire s'élève au rang de comédie sarcastique (façon David Nicholls ou Danny Wallace) et se charge de secouer ses protagonistes neurasthéniques pour les emmener dans une aventure plus transcendante. Au lieu de ça, elle se contente de nous servir trois portraits de trentenaires désabusés sans susciter la moindre émotion ou éveiller une étincelle de désir. Bouh. Quelle désillusion. Si le début a réussi à me convaincre et m'encourager à poursuivre, j'ai trouvé la deuxième partie décadente, pour ne pas dire triste et déprimante, malgré une fin pleine de charme et de douceur, survenant hélas trop tardivement pour raviver la flamme. Ce roman a contrarié mes attentes et m'a raconté une histoire qui démontre que la vraie vie est plus forte que les rêves, ignorant ainsi que c'était une vision en totale inadéquation avec mes aspirations. Soupir.  

Fleuve éditions, avril 2016 - Traduit par Amélie de Maupeou (In Real Life)