Auteur :John BoyneTraducteur : Catherine Gibert
Genre : Jeunesse, historiqueEdition : Gallimard Parution : 25 avril 2014Pages : 273Prix Broché: 12 €90 Prix Numérique: 9 €49Le commander depuis Amazon Présentation de l'éditeur :Alfie Summerfield vient d'avoir cinq ans le jour où la Grande Guerre éclate. Son père a promis qu'il ne partirait pas mais s'engage dès le lendemain, persuadé que "tout sera fini à Noël". Quatre ans plus tard, la guerre fait rage et le jeune garçon ignore si son père est vraiment parti en mission ou s'il a disparu à jamais.Tout le monde semble savoir ce qui lui est arrivé mais le secret reste bien gardé. Devenu cireur de chaussures à la gare de King's Cross de Londres, Alfie va enfin découvrir la vérité au hasard d'une de ses rencontres et partir pour la mission la plus importante de sa vie...
Mon avis :
Alfie a cinq ans lorsque la grande guerre éclate, pire, c'est le jour de son anniversaire que cette dernière est déclarée. (bonjour, le rappel) Il aura donc forcément 9 ans, à la veille de la fin de celle-ci. On est à quelques jours de l'armistice.John Boyne, nous montre la première guerre à travers les yeux de notre jeune héros, l'incompréhension, des non-dits des adultes, puis celle de voir son père se porter volontaire au lendemain même de la fête de son anniversaire. Il ne voulait pas y aller, mais comme beaucoup, il a préféré, devancer l'appel, espérant ainsi revenir plus vite, car c'est bien connu, la guerre sera finie pour Noël.
Oui, mais pour quel Noël ? Cela fait déjà 4 ans que les hommes, se battent. Que dans les villes et les villages, les femmes, font ce qu'elles peuvent pour remplacer les hommes, et subvenir à leurs besoins. La mère d'Alphie, n'hésite pas à cumuler les emplois. Et notre jeune héros, lui deviendra cireur de chaussure à la gare de King's Cross, car "même en temps de guerre, les gens aiment avoir les chaussures propres." C'est monsieur Janảček, le père de sa meilleure amie Kalena, qui le lui a appris. "Cela faisait déjà deux ans, que les Janảček, avaient été exilés sur l'île de Man, parce qu'il était originaire de Prague, lorsque Alphie, avait volé la boîte de cirage du père de Kalena".
Cela fait donc deux ans, qu'il cire les chaussures, au lieu de se rendre à l'école, sauf les lundis, et les jeudis, car le lundi, c'est histoire, et le jeudi, c'est contes, deux matières qu'Alphie aime beaucoup. Mais ça fait déjà deux ans également qu'il est sans nouvelles de son père. Maman lui dit qu'il est en mission secrète, et ne peut pas leur écrire. Mais Alphie est persuadé, qu'il est mort. Jusqu'au jour, où par hasard, il apprendra non seulement que ce dernier est toujours vivant, mais également où il se trouve.
Aussitôt, Alphie se donne pour mission secrète de ramener son père à la maison.
C'est avec tact que l'auteur aborde des thèmes peu médiatisés, alors qu'on nous parle et reparle, de Verdun, du Chemin des Dames, on oublie bien souvent d'ajouter que cette terrible guerre, première du genre, à exploiter l'artillerie lourde, a fait non seulement des millions de morts, mais est à l'origine de la reconnaissance des symptômes post-traumatiques. Si aujourd'hui, on installe des cellules de crise, au moindre événement choquant, c'est qu'à l'époque des médecins se sont battus pour faire reconnaître, la gravité de la situation, et que le choc post-traumatique soit reconnu comme maladie, là, où le gouvernement, ne voyait que des tires au flanc.
Mine de rien avec "Mon père est parti à la guerre" John Boyne, donne matière à réfléchir, sur bien des sujets, souvent oubliés tels que, les premières discriminations, les objecteurs de conscience, et bien sûr, les maladies post-traumatiques. Le tout à travers les yeux d'un enfant, d'un jeune garçon, de 9 ans à la fin de la guerre. Ce qui peut paraître à la fois léger, et terriblement poignant, pour ceux qui connaissent la suite de l'histoire, j'ai presque eu envie de crier, au père de Kalena, "non, ne retournez pas à Prague, ne faites pas ça !". Tout comme je n'ai pu m'empêcher, de faire un rapide calcul, lorsque le père d'Alphie, lui dit, qu'il a hâte que son fils, ait atteint l'âge de trente ans, pour être certains que ce dernier ne puisse, aller à la guerre, si une prochaine se déclarait. En un mot, tout simplement saisissant.
Morceaux choisis :
Dans le baraquement, il y a deux rangées de dix paillasses de chaque côté. La mienne est près de la porte. A droite, j'ai un gars qui s'appelle Mitchell - il est supporter d'Arsenal, mais je ne lui en veux pas - et, à gauche, un gars qui s'appelle Jonesy. Et tu ne vas pas me croire, Alfie, mais Jonesy a le livre que M.Janảček t'a offert pour ton anniversaire : Robinson Crusoé ! J'ai failli éclater de rire en le voyant, je te jure.