Écrire pour faire vivre un autre nous

image

Certains trouvent une certaine paix dans les chiffres, d’autres dans les films, les plus tristes dans l’alcool ou la drogue. Moi, je trouve ma paix dans la littérature, mais également dans l’écriture. Un stylo en main, nous sommes maîtres, nous avons le contrôle. Parce que écrire, c’est vivre.

J’ai envie d’écrire ce billet, ce billet un poil hors-sujet parce que oui, ça fait du bien d’écrire. De nombreux scientifiques s’accordent à dire que c’est bon pour le moral, vous savez. Lorsque que le ciel est gris, et ton crâne aussi, hop, prends ton stylo et écris. N’importe quoi ! Écris sur tes rêves, écris sur ta vie, écris sur ton environnement. Pourquoi ne pas envoyer une jolie lettre à mamie ? Ça fait toujours plaisir, de recevoir une lettre, surtout quand elle n’est pas attendue. Sinon, écris n’importe quoi, des mots à la suite, sans réfléchir. L’écriture automatique a du bon, on peut faire de jolies choses absurdes avec.
Ou sinon, créer toi un personnage, une jolie personne montée de toute pièce.
Ça s’appelle le RPG, role playing game. Il y en a qui joue sur plateau, avec des dés et tout ! Moi, je n’ai jamais rien compris à ça, ça me dépasse, c’est trop compliqué. Mais c’est super intéressant à observer. Ou sinon, tu peux te trouver un joli forum, avec un contexte qui te plaît bien et boum, peut-être tombé amoureux d’un scénario, peut-être avoir une brusque inspiration. C’est la première fois ? Ce n’est pas grave, on a tous été novice un jour. Des forums, il y en a de tous les genres. Des tout rose, des tout noir, des cities, des apocalyptiques… Parfois, il y en a avec des centaines de membres ; parfois, il y en a avec une petite dizaine. Mais qu’importe, ce n’est pas la taille qui fait le bien-être.

L’important, ce sont les rôlistes dessus. Pour moi, faire du RPG, c’est également rencontrer des gens, rencontrer des amis, même, parfois. Parce que écrire, c’est être vivant. On écrit pour soi, certes, mais on écrit pour les autres aussi. Ça peut nous faire tenir, l’écriture, quand ça va pas. Les scientifiques l’ont dit, vous vous souvenez ? Parfois (souvent), j’écris des trucs que je trouve nul. Et pourtant, je le poste quand même. Tête de pioche, dirait mon grand père, mais je suis sûre qu’il ferait la même chose ! C’est un peu débile, dit ainsi, mais qu’importe. Le paradoxe aussi, c’est cool. Parfois, il faut écrire pour écrire. Et quand on a déjà un support préexistant, c’est plus facile. Écrire pour écrire, arrêter de penser une vingtaine de minutes. Boum, ça va mieux.
Pourquoi tu écris ? Pourquoi tu veux être un personnage ?
Non, je ne veux pas être un personnage. Quand on joue à un jeu vidéo, on n’a pas toutes ces questions. On joue, point. Dans l’écriture, dans la littérature, il y a toujours eu cette notion de « qui est l’auteur ? qui est le personnage ? où se trouve la limite ? » C’est vrai, ça, où se trouve la limite ? On m’a dit que c’était malsain, de jouer des hommes en étant femme. Non, chaque femme a un jour voulu être homme. Tout semble plus facile, chez eux. Ils n’ont pas tous ces  problèmes, toutes ces attentes. Un homme seul est un homme seul, une femme seule et une vieille fille (les quarante chats en prime). Les hommes gagnent plus pour le même boulot, ils ne sont pas KO tous les mois par les règles, ils ne sont pas sifflés dans la rue. Et après, on me dit que c’est malsain de jouer un homme. Ça me fait doucement rire. Et j’ai le droit de jouer qui je veux, non ? D’écrire ce qui me plaît ? Oui, j’ai le droit. Parce que écrire, c’est vivre.

Quand on fait du RPG-forum, il faut incarner une bouille. Lorsque c’est un avatar manga, tout va bien. Mais lorsqu’on touche le réel, le malaise revient. « T’as pas honte », qu’on me dit,  » d’utiliser une vraie personne pour faire tes trucs ? » Je pourrais très bien prendre une personnalité décédée. James Dean, Fred Aster, j’ai vu des Élisabeth Taylor aussi. Et là, le débat recommence. Ils aiment bien les paradoxes, les rôlistes, ils aiment bien réfléchir sur des questions sans réponses. Nous sommes philosophes. La communauté de rôliste a son lot de débat animé. On parle de l’hyper-sexualisation, de la légitimité d’écrire certaines scènes, on parle de violence, de méta-écriture. C’est normal, car l’écriture, en plus d’être notre propre reflet, est également le reflet de nos sociétés actuelles. Ces débats incessants peuvent être usant à la longue, c’est vrai. Mais parler, débattre, éclaircir ses idées, les changer même parfois, c’est vivre. C’est ce qui nous rend humain, c’est ce qui forge notre propre identité, notre propre plume.

C’est pour cela que j’aime tant écrire, tant me glisser dans le crâne de mes personnages. Parce qu’ils me rendent mature, parce qu’ils m’apprennent des choses, ils me poussent à mes limites, me les faisant même surpasser. Parce que écrire, ça vide le crâne, ça vide les craintes. Ça nous empêche de trop réfléchir tout en poussant la réflexion parfois loin. On aime les paradoxes, je vous dis. Un jour, je me trouverai peut-être un autre défouloir, plus jamais je ne serais Bob, Auguste ou tous les autres. Mais pas aujourd’hui, aujourd’hui, je dois encore écrire.
Parce que écrire, c’est bon pour la santé.

Écrit dans le cadre d’un projet organisé par Infinite RPG