La Maison (récit complet)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « La maison »

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Scénario et dessin de Paco Roca,


Style : récit intimiste
Paru aux éditions « Delcourt », le 11 mai 2016, 124 pages, 16.95 euros,
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L’Histoire


Un vieil homme sort de chez lui, sent qu’il fait un malaise, s’en retourne et s’écroule…
Un année passe.
Un jeune homme et sa compagne entrent dans le vestibule plongé dans l’ombre. Comme elle est restée close pendant une année complète, la maison pue le moisi. L’homme se bat avec un volet coincé, puis sort sur la terrasse. La pergola branlante font remonter en mémoire le souvenir heureux d’un déjeuner en famille. C’était la première fois qu’il présentait Sylvia aux parents…
Apres avoir trouvé d’où vient l’humidité, le couple se pose. Un long week-end pour débarrasser la maison avant de la vendre. Mais, entre le voisin qui évoque son père et les souvenirs enfouis dans les coins de la maison, qu’il est difficile de faire le tri et de “jeter” son passé…

Ce que j’en pense


Paco Roca et loin d’être un inconnu. Cet auteur espagnol a réalisé le très beau La nueve et reçu en Espagne le Prix National de la Bande Dessinée pour l’ensemble de son œuvre. Travaillant sur la mémoire sous toutes ses formes, le voici qui aborde un sujet que nous auront tous un jour ou l’autre à vivre. Quand notre dernier parent décède, il est temps de vider l’appartement ou la maison pleine de souvenirs d’enfance et d’objets hétéroclites, dans l’espoir d’une future vente. C’est un moment particulier ou les souvenirs (heureux et malheureux) remontent à la surface avec une violence particulière…

Paco raconte ce moment douloureux à la première personne. Est-ce lui qui l’a vécu ? L’a t-il imaginé ? Je l’ignore, mais ce récit semble tellement véridique et intime, qu’il est difficile de penser qu’il n’est pas (au moins partiellement) autobiographique.

Au long des 125 pages de “La maison”, Paco Roca témoigne, avec simplicité et sincérité. Sobrement, sans artifice, aussi bien sur la narration, qu‘au dessin (une “ligne claire” simple et réaliste), il raconte le récit d’une fratrie (deux frères et une soeur) réunis pour ce moment. Seules les plongées dans le passé, provoquées par des discussions avec le voisin et les objets amassés, perturbent cette linéarité.
Evocation du père, de ce qu’on se rappelle de lui, de ce qu’on ne sait pas, il raconte avec une sincérité désarmante un homme confronté à cette épreuve.
Et puis, il y a le frère et la soeur. Quels sont leurs souvenirs les plus heureux de leur enfance ? Comment percevaient ils ce père avare en émotions ? Et surtout que doivent ils faire de cette maison ?

Paco Roca m’a vraiment touché avec ce récit qui m’évoque des moments, des sentiments partiellement vécus…Sans jugement, ni moralisation, il répond simplement à sa façon. Non, les objets, les lieux de notre passé ne sont pas nous. Même s’ils ont un pouvoir un évocateur incroyable, on peut les laisser partir, sans perdre notre histoire et les êtres qui l’ont comblée…

Merci Paco pour ce bel ouvrage qui fait réfléchir sans en avoir l’air, à notre simple condition humaine.


Cet article fait parti de « La BD de la semaine », regroupé chez « Un Amour de BD » cette semaine. N’hésitez pas à parcourir la sélection, ci-dessous.

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