Captain America: Steve Rogers #1

Vous l'avez certainement lu ou vu partout puisque les médias généralistes se permettent de spoiler à tout va un épisode sorti le jour même, Captain America: Steve Rogers de Nick Spencer et Jesus Saiz change la vision que l'on a du héros étoilé.

Avant de parler de l'objet du scandale, je vais m'intéresser à l'épisode en lui-même. Il faut dire que derrière tout ça, il y a un contexte et, surtout, une histoire que Nick Spencer veut nous compter.

Justement, sa construction est particulièrement bonne. Le retour de Steve Rogers est un symbole. Kobik, l'enfant cube cosmique, a redonné sa jeunesse à Rogers pour cette raison. Tout le monde aime Captain America. Personne ne peut blairer le vieux croûton qu'il était mais, jeune, beau et avec son costume, tout le monde l'aime. Il apporte l'espoir et il représente l'esprit patriotique.

Dans ce premier épisode, qui s'avère politisé - moins en apparence que Captain America: Sam Wilson - Spencer nous montre que Steve Rogers est un exemple pour plus d'un. Il l'est pour notre société mais aussi pour les super-héros. Ainsi, le scénariste ramène dans l'équation les héros à bannière étoilée qui ont pris pour exemple Steve Rogers pendant de longues années. D'ailleurs, la discussion entre Jack Flag, Free Spirit et Rick Jones, la petite équipe d'élite de Captain America, va dans ce sens. Spencer insiste bien sur ce point afin de rendre la fin d'épisode encore plus cruelle.

À côté de ça, il travaille également le nouvel Hydra qui devient à proprement parler un groupe terroriste. Le groupe s'étend à travers la société en allant chercher les personnes perdues. Le travail est plutôt efficace. Ce que je trouve intéressant dans cette approche est de voir comment Baron Zemo, membre d'Hydra de la vieille école, considère cette métamorphose, lui préférant s'entourer de super-vilains de seconde zone.

Mais le centre d'intérêt de ce premier épisode est la révélation sur la vraie nature de Captain America. Ce moment arrive en fin d'épisode après une série de flashbacks tels que nous les avons lus dans les séries précédentes écrites par Rick Remender. Nous revenons à l'enfance de Steve Rogers. Ainsi, nous découvrons que sa mère fait une rencontre étrange, une femme qui finit par l'inviter à une réunion d'Hydra. Nous n'en savons pas plus, mais en fin d'épisode nous découvrons que cette rencontre a une conséquence dans notre présent.

L'intrigue est surprenante et j'espère que, comme moi, vous avez eu le temps de la lire avant que les charognards de la news facile se l'approprient. Cette simple phrase lancée par Captain America offre de nouvelles perspectives intéressantes. Stan Lee et Jack Kirby l'avaient eux-mêmes imaginé - je présume qu'ils n'ont pas reçu des menaces de mort et n'ont pas été traités d'antisémites à l'époque. Ici, la différence est que Spencer donne l'impression de montrer la vraie nature du super-héros ce qui pose forcément une tonne de questions sur tout ce que nous avons pu lire. Et c'est ça que je trouve génial dans la démarche. Cette dernière est assez proche de celle employée par J.K. Rowling lorsque Severus Rogue tue Dumbledore dans la saga Harry Potter. Il y a certainement une raison à tout ça sans pour autant parler de versions parallèles de Captain America ou de manipulation télépathique ou des réalités.

Mais au-delà du twist, que les gens appellent "stunt" pour parler du fait que Marvel utilise des retournements de situation incroyables pour attirer le lectorat [en résumé, faire leur boulot], il y a aussi un message politique dans tout ça. L'apparence du grand sauveur qui s'avère être tout à fait autre chose. Je vous invite à lire cet article de Marvel Planet afin de mieux comprendre ce dont il s'agit exactement.

En tout cas, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup apprécié l'épisode même si la structure de Spencer est moins surprenante qu'avant. En plus, Jesus Saiz est en grande forme. Sa colorisation est toujours un peu dérangeante mais son style graphique est des plus efficaces. Je suis bien heureux que Marvel ait débauché le dessinateur de chez DC Comics.

Captain America: Steve Rogers #1Captain America: Steve Rogers #1

Marvel Comics * Par Nick Spencer & Paul Renaud * $3.99
Cet épisode a fait couler beaucoup d'encre pourtant, nous lecteurs de comics, nous aimons lire ce genre de retournements de situation. Continuellement nous nous plaignons que les personnages restent inchangés et que les situations rencontrées sont toujours les mêmes. Ici, nous n'avons que le début d'une histoire, mais elle est prometteuse. Du coup, je tiens à remercier Nick Spencer pour cette prise de risque. Ça fait plaisir !