Comédie organisationnelle — Un P-dg vient travailler en bazou, pour faire peuple. L’intention est peut-être bonne, mais tout le monde sait que derrière son chez-soi… Et ces grands-messes d’entreprise, où on se répète : chez nous, les ressources humaines sont la priorité, chaque employé est essentiel, irremplaçable. Ben non ! Attendez jusqu’à la prochaine récession. De plus, tout le monde le sait : si un tel part, l’organisation pourrait se retrouver en difficulté, alors que le départ d’un autre passera inaperçu, quand il ne soulage pas.
On tente de camoufler les rapports d’autorité, les rapports hiérarchiques, qui pourtant sont tout le contraire des rapports de servitude.
Utilité de la littérature — Entre autres, la littérature aide à comprendre que tu vis parce ce que d’autres l’ont vécu – fussent-ils des personnages de fiction.
C’est déjà beaucoup.
Ce cri de désespoir de Gérard de Nerval dans Les chimères, qui nous renvoie à nos propres doutes métaphysiques et aux angoisses qu’ils soulèvent parfois :
En cherchant l’œil de Dieu, je n’ai vu qu’une orbite,
Vaste, noire et sans fond,
d’où la nuit qui l’habite
Rayonne sur le monde et s’épaissit toujours ;
Ce même Nerval qui, solitaire dans son logis, rue de la Vieille-Lanterne, écrivait dans une lettre à sa tante Labrunie, dans les heures qui précédèrent son suicide – le 26 janvier 1856 :
Ne m’attends pas ce soir, car la nuit sera noire et blanche.
Toujours sur la littérature (celle moins utile, peut-être…), cette foucade d’Alexandre Labzine dans René Guénon, Vie et œuvres :
Trop d’écrivains pris de spasmes névrotiques crurent réinventer un langage inspiré parce qu’ils étaient incapables de savoir encore ce que penser veut dire.
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (MBNE) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur . On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).