Description : Et l'enfant ? demanda Jean Daragane.
Vous avez eu des nouvelles de l'enfant ?
Aucune, je me suis souvent demandé ce qu'il était devenu....Quel drôle de départ dans la vie... Ils l'avaient certainement inscrit à une école... Oui à l'école de la Forêt, rue de Beuvron. Je me souviens avoir écrit un mot pour justifier son absence à cause d'une grippe.
Et à l'école de la Forêt, on pourrait peut être trouver une trace de son passage....
Non, malheureusement. Ils ont détruit l'école de la forêt il y a deux ans. C'était une toute petite école vous savez....
Mon avis : Dans le petit dernier de Patrick Modiano, on retrouve les thèmes chers à l'auteur, dont Paris et ses quartiers, ses rues au gré des promenades du héros du livre Jean Daragane. Un écrivain veut oublier son passé, mais se voit contraint de le ressusciter, quel est ce passé ? Le début est construit comme une enquête, une enfance marquée par le désintérêt de la mère, des faits inexpliqués, des menaces jamais formulées.
Jean Daragane est déroutant, mais attachant, réservé, secret ne dévoile pas son intimité. Ce roman est d'avantage d'ombre que de lumière. On a l'impression que le narrateur se heurte à des portes fermées. Il y a beaucoup de mystère dans les romans de Modiano, on ne doit pas toujours chercher à savoir la vérité, il n'y a pas de dénuement, on a l'impression de flou, on se perd avec le héros.
Il y a une part d'autobiographie dans ces romans, dans le mal être des personnages, une grande tristesse. On retrouve aussi la quête de l'identité, l'insistance à comprendre les désordres de la société, archéologie de la mémoire. La place donnée à la femme, la mère froide et insensible et une femme maternelle. C'est facile à lire, le style est envoûtant, beaucoup de sensibilité.
Je crois qu'il y a les inconditionnels de Patrick Modiano et ceux qui n'aiment pas, je ne prends pas partie, j'ai lu ce livre dans le cadre d'un café littéraire, il m'a intrigué, après les discussions autour de la table, j'ai mieux saisi, il ne faut pas chercher une fin, chacun est libre d'interpréter la fin en fonction de sa sensibilité.