de Romain Puértolas
Ajatashatru Lavash Pavel (à prononcer comme vous voulez), fakir de son état, est venu à Ikéa pour acheter un lit. Certes, il est venu depuis l’Inde et, oui, pour acheter un lit à clou; une démarche extravagante s’il en est mais que tous les amoureux de mobilier suédois comprendront sans peine. Là où l’histoire d’Ajatashatru (je sais, c’est difficile) se complique vraiment, c’est lorsqu’il reste coincé dans l’armoire d’exposition de la chambre « American Teenager« , dorénavant en partance pour l’Angleterre.
Ce livre a fait un carton l’an dernier et il m’intriguait beaucoup! Rien que le titre me faisait sourire. J’imaginais qu’il illustrait une métaphore filée dans un texte dépaysant et philosophique.
Première nouvelle: ce n’est pas une métaphore. C’est réellement l’histoire d’un fakir qui se fait coincer dans une armoire Ikea. Une chose est certaine, l’auteur ne manque pas d’imagination! Le voyage du fakir est complètement fou et tout au long de la lecture, on n’a de cesse de se demander comment tout ça va se terminer!
Pour être franche, je n’ai pas complètement adoré cette lecture. L’humour est sympa au départ mais un peu redondant et un peu lourd au bout d’un moment. Cela m’a rappelé la trilogie Mortdecai de Bonfiglioli (que j’ai du lire en plusieurs fois pour ne pas me lasser et que je n’ai toujours pas fini) où le personnage, comme le fakir ici, est quelqu’un d’étrange et d’un peu étroit d’esprit ce qui lui fait dire ou penser des énormités. C’est drôle mais pas toujours parce qu’on sent le mécanisme derrière: l’auteur profite d’un tel personnage pour se permettre à l’écrit ce qui n’est pas politiquement correct dans la vraie vie. Et ce phénomène « too much » se répand dans tout le livre: les personnages sont très (très!) stéréotypés et les péripéties du voyages sont de plus en plus rocambolesques. L’effet d’escalade est tel qu’on fini par ne plus être étonné de rien.
Vers les 3/4 de ma lecture, et c’est ce qui m’a permis de finir le livre en fait, mon cerveau à fait un tilt! Je me suis dit que cette histoire pourrait être superbement adaptée en film par Wes Anderson. Le réalisateur y ajouterait sa poésie et dégrossirait l’humour de Puértolas mais on retrouverait des ambiances à la Grand Budapest Hotel, qui est aussi une aventure abracadabrantes avec des immigrés, et à la Darjeeling Limited qui est un roadtrip de folie.
L’immigration est un thème bien abordé dans ce livre: avec assez de profondeur, de pudeur mais aussi de vérité. Le tout en restant assez léger grâce aux incessantes bourdes d’Ajatashatru (à vos souhaits). Malgré cela et même si c’est une lecture courte (plein de petits chapitres se succèdent, on tourne les pages très vite [personnellement, je l’ai lu en une journée]) L’Extraordinaire voyage du fakir… reste un livre sympa mais qui ne se classera pas dans mes favoris.
Emprunté à ma mère, ce livre entre dans le challenge Emprunts de livres 2016!
Marion