Lecture pour enfants…
Liam (jetant son gobelet de café à la poubelle): Où se trouve Kloliane? Elle n’est toujours pas arrivée au travail ?
Catherine (pointant du doigt un groupe d’enfants de 10 ans, assis devant un grand fauteuil): Bien-sûr qu’elle est là. Elle est assise dans ce grand fauteuil qu’il la cache. Kloliane s’occupe de l’animation « Une heure de lecture » avec les enfants, en l’absence de Nadia.
Liam (étonné): Ah bon ? Et elle a choisi quelle lecture?
Catherine (se tapotant le menton du bout des doigts, pensive): « Le monstre sur le seuil » de Lovecraft, si je ne me trompe pas.
Liam (sursautant et haussant la voix): Pour des gamins ! (s’avance d’un pas rapide vers le groupe)
Moi (d’une voix apeurée): « Mon cerveau ! Mon cerveau ! Mon Dieu, Dan – ça tire –
de là-bas – ça cogne – ça griffe – cette diablesse – même maintenant
– Ephraïm – Kamog ! Kamog ! – la fosse aux shoggoths
– Iê ! Shub-Niggurath ! Le Bouc aux Mille Chevreaux !… »
Un des enfants à son voisin de droite (à voix basse): C’est trop cool. Pour une fois que l’on a une histoire qui fait peur. On revient la semaine prochaine.
Catherine (murmure à l’oreille de Liam): Effrayant, n’est ce pas…
AUTEUR: Denis Labbé
TITRE: ECHOS OBSCURS
ÉDITEUR, ANNÉE: Edition du Petit Caveau
NOMBRE DE PAGES: 158 pages.
Durant ma période « King », je me suis lancée à la découverte de romans et de nouvelles fantastiques. Bien avant d’étudier leurs œuvres au collège, j’avais lu « Les histoires extraordinaires » d’Edgar Allan Poe, « Le Horla et autres contes fantastiques » de Maupassant et… Lovecraft. D’ailleurs, je me souviens encore de la première nouvelle que j’ai lu de cet auteur « L’affaire Charles Dexter Ward ». Avec nostalgie, je revoie cette période de ma vie, où je m’amusais à m’effrayer à travers ces différents récits et d’imaginer que derrière notre réalité, se cacher des secrets occultes et oubliés des Hommes. Et c’est avec une grande impatience, que je me suis lancée dans la lecture du recueil « Les échos obscurs » de Denis Labbé.
RÉSUMÉ: Chevaliers désabusés, destinées obscures, mélodies surgies des profondeurs ou murmures du diable qui s’insinuent dans notre monde…
Denis Labbé, d’une plume ciselée, nous envoûte par ses textes nimbés d’ombres et de fantastique, nous transportant d’un écho à l’autre pour mieux nous surprendre. Entre personnages historiques et décors gothiques, veillez à ne pas perdre votre âme au détour d’une page…
D’un style des plus soignés, sachant décrire avec finesse l’horreur qui se tapis dans l’ombre et plonger l’existence de ces personnages dans un cauchemar éveillé, j’ai laissé la plume de l’auteur me guider à travers ses 11 nouvelles.
Se déroulant toutes au 19ème siècle, période où la littérature gothique est à son apogée, je me suis laisser envahir par cette ambiance sombre et angoissante et j’ai souri à la fin de chacune d’entre elles.
Attention, je ne souriais pas par sadisme (enfin, je crois…) mais parce que j’aimais cette aura qui entourait ces histoires. Peut-être que pour certains, le côté court peut-être frustrant. Pour ma part, entre les légendes locales, les êtres fantastiques, la frontière trouble entre réel et imaginaire, chacune d’entre elles se suffisent largement.
Quant au style narratif à la première personne, il nous apporte ces récits tel un témoignage. On a alors l’impression de se retrouver dans ses soirées où l’on se raconte des histoires terrifiantes. J’ai apprécié ces quelques références aux grandes figures littéraires et artistiques de cette époque et à des faits historiques (le célèbre salon de madame Récamier, Balzac, George Sand, Fragonard etc…) .
Et si je devais en citer qu’une, celle qui a laissé sa marque dans mon imaginaire, ce serait « L’œil de jade ». Elle incarne parfaitement le thème de l’objet qui brise votre réalité pour imposer la sienne. Je frissonne rien qu’en y pensant. Bien que j’ai apprécié les autres, celle-ci reste ma préférée.
CONCLUSION:
Pourtant, ai-je eu un coup de cœur ?
Bien que la plume de l’auteur soit riche et très agréable à la lecture, je ne l’ai pas eu. On ressent trop les nombreuses influences qui l’ont guidé lors de l’écriture de ses nouvelles (le golem, le pacte diabolique semblable au « Portrait de Dorian Grey » d’Oscar Wilde ou « La peau de chagrin » de Balzac, un livre maudit et terrifiant tel que le Necronomicon, etc…).
Pour les habitués du genre, vous allez sourire aux nombreuses références mais vous aurez une légère sensation de déjà-vu pour certaines. Puis il manque une ligne directrice reliant les nouvelles, qu’elle soit autre que la période choisie. Cela aurait donné une sensation de continuité pour le lecteur.
Malgré un sentiment de nostalgie en me souvenant des premières nouvelles que j’ai lu plus jeune, ce recueil n’aura pas le même impact que j’ai pu avoir avec eux.
Mais je vous conseille tout de même la lecture de ce livre pour ceux qui aiment les ambiances gothiques et terrifiantes, mais aussi pour la belle plume de l’auteur. Et c’est avec une grande curiosité que je vais voir sa bibliographie.
Hum… Quelle sera ma prochaine lecture pour les enfants ?
(Image de kimsokol )