Les ouvrages ci-dessous ont été cités dans le magazine LIRE (numéros 443, 444, 445 et 446) pour une raison ou pour une autre, d’une manière ou d’une autre. Ils font de belles idées lectures, qu’en pensez-vous ?
AU RAYON ADULTE
Le grand marin
Une femme rêvait de partir. De prendre le large. Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures… C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang. Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade. Traîne dans les bars. En attendant de rembarquer. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.
Trois jours et une vie
« À la fin de décembre 1999, une surprenante série d’événements tragiques s’abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt. Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir. Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien… »
Sans oublier la baleine
À Saint-Piran, en Cornouailles, on se souvient encore du jour où le jeune homme nu a été rejeté sur la plage par l’océan. Une entrée en scène des plus originales. Les villageois se portent bien sûr à son secours : l’ineffable Dr Books, le glaneur Kenny Kennett, Demelza, romancière à l’eau de rose… ou encore la pimpante épouse du vicaire. Sans oublier la baleine, à l’arrière-plan, qui ne veut plus quitter la côte. Personne ne sait alors que Joe Haak a fui la City, terrorisé à l’idée que le programme de prédictions qu’il a inventé n’entraîne l’effondrement de l’économie mondiale. Avec ce nouveau venu, un sentiment de fin du monde vient contrarier la quiétude de Saint-Piran… On peut compter, bienheureusement, sur l’optimisme éclairé et l’esprit délicieusement anglais de l’auteur pour sauver ce petit monde.
L’amant japonais
Alma Belasco, une fraîche dame de 80 ans passés, belle, cultivée et pleine de talents, décide de quitter la vaste demeure familiale de Sea Cliff où elle a grandi afin de s’installer à Lark House, une résidence très prisée pour personnes âgées des environs de San Francisco. A Lark House, la vieillesse n’est pas un fardeau mais une bénédiction, la vie qui se poursuit, un bonheur dont il faut savourer chaque instant comme au temps de la jeunesse. Dans cette institution insolite où se croisent les personnes les plus fantasques, Alma se lie d’amitié avec Irina, une jeune infirmière moldave qui cache, derrière sa douceur et sa prévenance sans faille, une blessure profonde et un sombre passé. Seth Belasco, le petit-fils d’Alma, tombe amoureux d’elle au premier regard et, au prétexte d’écrire une histoire de la famille, il rend de plus en plus souvent visite à sa grand-mère, qui se prête avec espièglerie au jeu des souvenirs. Au fil des mois, face à cet amour naissant et contrarié de deux êtres qu’elle chérit, Alma commence à raconter l’histoire de sa vie : sa fuite de Pologne dans les années 30, seule, tandis qu’elle voit s’éloigner ses parents restés sur le quai de Dantzig, son installation chez son oncle et sa tante à Sea Cliff, sa profonde amitié avec son cousin Nathaniel et surtout, sa grande histoire d’amour avec Ichimei, le fils du jardinier et le compagnon des jeux de son enfance. Un amour fait d’obstacles, d’absences et de silences, mais qui vit malgré tout dans le cœur des amants.
Le mystère Henri Pick (Mon avis)
En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses… Aurait-il eu une vie secrète ? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination? Récit d’une enquête littéraire pleine de suspense, cette comédie pétillante offre aussi la preuve qu’un roman peut bouleverser l’existence de ses lecteurs.
La carrière du mal
Lorsque Robin Ellacott reçoit ce jour-là un mystérieux colis, elle est loin de se douter de la vision d’horreur qui l’attend : la jambe tranchée d’une femme. Son patron, le détective privé Cormoran Strike, est moins surpris qu’elle, mais tout aussi inquiet. Qui est l’expéditeur de ce paquet macabre ? Quatre noms viennent aussitôt à l’esprit de Strike, surgis de son propre passé. Quatre individus capables les uns comme les autres, il le sait, des plus violentes atrocités. Les enquêteurs de la police en charge du dossier ne tardent pas à choisir leur suspect idéal – mais Strike, persuadé qu’ils font fausse route, décide de prendre lui-même les choses en main. Avec l’aide de Robin, il plonge dans le monde pervers et ténébreux des trois autres coupables potentiels. Mais le temps leur est compté, car de nouveaux crimes font bientôt surface, toujours plus terrifiants… La Carrière du Mal est le troisième volet des aventures du détective Cormoran Strike et de son assistante Robin Ellacott. Intrigue diabolique, coups de théâtre en rafale – ce roman haletant est aussi l’histoire d’un homme et d’une femme arrivés à la croisée des chemins, pour qui l’heure du choix, dans leur vie privée comme professionnelle, a sonné.
Les maraudeurs
Petite ville de Louisiane dévastée par l’ouragan Katrina, Jeanette survit tant bien que mal grâce à la pêche à la crevette. Mais cinq ans plus tard, la marée noire provoquée par la rupture d’une plate forme pétrolière vient polluer ses côtes, livrant les habitants au désespoir. On y croise quelques personnages hauts en couleur ou parfois franchement inquiétants : Gus Lindquist, un pêcheur manchot esquinté par la vie, accro à l’alcool et aux antidouleurs, qui a gardé au coin de sa tête son rêve de gosse : retrouver le trésor du célèbre flibustier Jean Lafitte; Hanson et Cosgrove, deux losers magnifiques, et Wes Trench, un adolescent en rupture avec son père; les frères Toup, jumeaux psychopathes, qui accessoirement cultivent la meilleure marijuana du coin; ou encore Brady Grimes, mandaté pour inciter les familles sinistrées à renoncer aux poursuites judiciaires en échange d’un chèque… Mariant avec une virtuosité réjouissante noirceur, cynisme et humour corrosif, Tom Cooper réussit à rendre palpables la torpeur du bayou et le désarroi d’une communauté qui lutte tant bien que mal contre sa propre disparition.
Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et puis…
Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et puis… La beauté de la princesse se fane, la Belle éprouve des regrets, Jack dilapide tout l’argent qu’il avait reçu pour ses haricots magiques… Dix contes revisités avec une bonne dose de cynisme et un soupçon d’humour noir par Michael Cunningham. Adieu les étoiles dans les yeux, l’heure du désenchantement a sonné.
Les rues d’hier
Moritz Wertheim dirige une entreprise prospère de textile qu’il léguera bientôt à ses fils, et notamment à Eduard, le plus jeune de la fratrie, tout juste rentré des États-Unis. C’est avec sérénité que les Wertheim entament ce XXe siècle plein de promesses aux côtés de leurs concitoyens. Ils forment une famille juive parfaitement assimilée qui participe à la vie économique allemande, qui célèbre Noël, qui est prête à tout pour défendre l’Empire à l’image d’Eduard qui s’engage dans l’armée au moment où la Grande Guerre est déclarée.Mais avec la défaite qui s’ensuit et la crise qui gagne tout le pays, la tension est à présent palpable dans les rues de Francfort. Les premières lois anti juives sont votées, la montée de l’antisémitisme pousse certains membres de la famille Wertheim à partir. Eduard se rend en Suisse, son frère Jacob aux Pays-Bas, leurs neveux et nièces aux États-Unis ou encore en Palestine. Puis c’est la Seconde Guerre mondiale qui éclate et qui conduit plusieurs membres de la famille vers la mort, laissant les survivants terrassés par la découverte de ce que leur pays avait fait aux leurs. En multipliant les regards et les sensibilités de ces fabuleux personnages qui peuplent sa saga familiale, Silvia Tennenbaum dépeint avec justesse la complexité de l’histoire de la bourgeoisie juive allemande. Son rapport particulier à la religion, au patriotisme, mais également son rôle dans les grandes idéologies de l’époque : le nationalisme, le communisme et le sionisme. L’auteur nous entraîne tout au long de ces vies qui composent une émouvante fresque de la première moitié du XXe siècle.
A l’orée du verger
En 1838, dans l’Ohio, les fièvres ne font pas de cadeau. À chaque début d’hiver, James Goodenough creuse de petites tombes en prévision des mauvais jours. Et à chaque fin d’hiver, une nouvelle croix vient orner le bout de verger qui fait péniblement vivre cette famille de cultivateurs de pommes originaires du Connecticut. Mais la fièvre n’est pas le seul fléau qui menace les Goodenough : l’alcool a fait sombrer Sadie, la mère, qui parle à ses enfants disparus quand elle ne tape pas sur ceux qui restent ; les caprices du temps condamnent régulièrement les récoltes de James, et les rumeurs dont bruisse le village de Black Swamp pointent du doigt cette famille d’étrangers. Heureusement, la visite de John Chapman, figure majeure de l’introduction des pommiers dans l’Ohio, la saveur d’une pomme mûre à point et la solidarité qui peut unir deux enfants partageant le même sort éclairent parfois l’existence de Martha et Robert Goodenough. Des années et un drame plus tard, frère et sœur sont séparés. Robert a quitté l’Ohio pour tenter sa chance dans l’Ouest. Il sera garçon de ferme, mineur, orpailleur, puis il renouera avec l’amour des arbres que son père lui a donné en héritage. Au fin fond de la Californie, auprès d’un exportateur anglais fantasque, Robert participe à une activité commerciale qui prendra bientôt son essor : il prélève des pousses de séquoias géants pour les envoyer aux amateurs du Vieux Monde. Auprès de Molly, cuisinière le jour, fille de joie la nuit, il réapprend le langage de la tendresse. De son côté, pendant toutes ces années, Martha n’a eu qu’un rêve : quitter sa prison mentale de Black Swamp et traverser les États-Unis à la recherche de son frère. Avec la précision et le sens du romanesque qui ont fait sa marque de fabrique, Tracy Chevalier plonge les mains dans l’histoire des pionniers et dans celle, méconnue, des arbres : de la culture des pommiers au commerce des arbres millénaires de la Californie. Mêlant personnages historiques et fictionnels, À l’orée du verger rend hommage à ces hommes et ces femmes qui ont construit les États-Unis.
Mère disparue
Nikki Eaton, 31 ans, célibataire, journaliste, très indépendante et un peu à la marge, n’a jamais prétendu ni voulu se vivre en fille modèle. Sa mère, Gwen, l’agacerait plutôt, avec sa vie trop lisse, son caractère trop confiant, et sa réprobation de la liaison qu’entretient Nikki avec un homme marié. Gwen souhaiterait que Nikki ressemble davantage à sa sœur Clare, l’incarnation apparente, avec son époux Rob, du couple idéal. Or, deux jours après la célébration d’une fête des mères particulièrement conventionnelle et, pour Nikki, singulièrement irritante, Gwen Eaton est assassinée. Ce drame et l’enquête qui suit non seulement provoquent un bouleversement des rapports entre les deux sœurs, mais marquent le début d’un virage à 180 degrés chez Nikki. Submergée par un chagrin dont elle ne se croyait pas capable, la jeune femme part à la recherche de sa mère à travers les souvenirs de ses amis et de ses proches. Pour découvrir, au cours d’une année tumultueuse, un personnage inattendu, porteur de secrets insoupçonnés…
La mémoire des embruns
Mary est âgée, sa santé se dégrade. Elle décide de passer ses derniers jours à Bruny, île de Tasmanie balayée par les vents où elle a vécu ses plus belles années auprès de son mari, le gardien du phare. Les retrouvailles avec la terre aimée prennent des allures de pèlerinage. Entre souvenirs et regrets, Mary retourne sur les lieux de son ancienne vie pour tenter de réparer ses erreurs. Entourée de Tom, le seul de ses enfants à comprendre sa démarche, un homme solitaire depuis son retour d’Antarctique et le divorce qui l’a détruit, elle veut trouver la paix avant de mourir. Mais le secret qui l’a hantée durant des décennies menace d’être révélé et de mettre en péril son fragile équilibre. Une femme au crépuscule de sa vie. Un homme incapable de savourer pleinement la sienne. La Mémoire des embruns est une émouvante histoire d’amour, de perte et de non-dits sur fond de nature sauvage et mystérieuse.
AU RAYON JEUNESSE
Sauveur et fils, Saison 1
Quand on s’appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d’affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s’évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois sœurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme… Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien. Mais à toujours s’occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien. Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ?
La naufragé de la méduse (Mon avis)
1818. A Paris, le peintre Géricault travaille à un tableau sur le naufrage de la frégate la Méduse, ce drame de la mer qui a coûté la vie à cent cinquante personnes, deux ans plus tôt. Mélia, dont le père matelot a péri dans le naufrage, suit de près l’avancée du tableau. Mais bientôt, Géricault reçoit des lettres anonymes où on l’encourage à abandonner son projet. Lorsque les lettres se transforment en menaces et que Louis, l’apprenti du peintre, disparaît, Mélia se retrouve au cœur d’une sombre histoire. Pourquoi veut-on étouffer l’affaire de la Méduse ? Que s’est-il réellement passé à bord ? Géricault réussira-t-il à terminer son tableau ?
AU RAYON BIOGRAPHIES
Être ici est une splendeur
Paula Modersohn-Becker voulait peindre et c’est tout. Elle était amie avec Rilke. Elle n’aimait pas tellement être mariée. Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris. Elle voulait peut-être un enfant – sur ce point ses journaux et ses lettres sont ambigus. Elle a existé en vrai, de 1876 à 1907.
Les Hugo
Encore un livre sur Victor Hugo ? Non, sur tous les Hugo. Ceux qui le précèdent, à partir de ses ancêtres lorrains, et ceux qui le suivent, jusqu’à la génération de Jean, le peintre, ami de Cocteau. Cinq générations en dix-huit portraits de personnalités fortes, pittoresques, émouvantes : le général Léopold-Sigisbert Hugo, héros des guerres napoléoniennes, père officiel de Victor ; Sophie Trébuchet, mère du poète et figure dominante de la saga ; le général Lahorie, amant de Sophie et père naturel présumé de Victor ; Adèle Foucher, épouse de Victor et mère de ses cinq enfants ; Léopold Hugo, le fils premier né, mort de maltraitance à moins d’un an ; Léopoldine, morte noyée à 19 ans dans des circonstances troublantes ; Charles Hugo, le fils prodigue, continuateur de la lignée ; François-Victor Hugo, l’héritier tendre et discret, éminent traducteur de Shakespeare ; Adèle Hugo « la misérable », « l’engloutie », « la mal-aimée », internée par son père à 42 ans ; Paul et Aline Ménard-Dorian, hautes figures de l’art, de l’industrie et de l’extrême-gauche républicaine ; Jean le peintre, époux de la fameuse Valentine Gross et père de huit Hugo ; Marguerite, manadière en Petite Camargue et bien sûr, celui sans qui cette histoire ne serait pas racontée, le grand Victor Hugo. Dans cette approche inédite d’une immense figure littéraire, Henri Gourdin détecte et analyse d’étranges continuités dans les comportements sur ces cinq générations. Il relève les falsifications accumulées par deux siècles d’hagiographie et ouvre un débat sur la question de la célébrité. L’histoire d’une famille, l’histoire de la littérature, de la politique et des arts, une histoire de la France.
Alors, vous êtes tentés ?