Résumé :
« L’histoire d’ Un Cœur simple est tout bonnement le récit d’une vie obscure, celle d’une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu’elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n’est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. » Gustave Flaubert.
Mon avis :
Cette année, en cours de littérature française, nous avons beaucoup parlé de la place des esclaves et des servants dans les pièces de théâtre ou les romans. Pour les partiels, notre professeur nous avait conseillé de lire Un cœur simple de Flaubert. C’est donc avec une grande curiosité que je me suis lancée dans ce tout petit livre, car il s’agissait de ma première lecture pour cet auteur.
Dans l’édition du Livre de poche que j’ai acheté, il y a une petite présentation au début, écrite par Marie-France Azéma. Elle est intéressante car elle nous permet de nous placer dans le contexte et de faire la connaissance de Félicité, la protagoniste de ce conte. Cependant, après avoir lu ces quelques pages, on connaît l’histoire dans son intégralité. C’est dommage car on n’a pas vraiment envie de se lancer dans une histoire quand on vient d’en lire un résumé détaillé… Mais la présentation n’est pas le gros point négatif de ce livre (plutôt de cette édition en fait). En effet, bien que ce livre fasse 95 pages, je ne peux pas dire qu’officiellement j’ai lu 95 pages. On va dire que j’en ai lu la moitié. Pourquoi ? Car une page est, en gros divisé en deux : le conte rédigé par Flaubert / les notes de Marie-France Azéma. Il y en a trop! Beaucoup, beaucoup trop! Au début je les lisais, car je me disais, bon c’est pour la fac, on peut en avoir besoin pour les partiels, donc je me motive et je les lis. Mais j’ai très vite arrêté. Tout d’abord, j’ai trouvé ça ennuyant (certaines notes ne servent littéralement à rien) mais surtout je perdais le fil de ma lecture! Je devais à chaque fois relire la phrase qui contient la note, voire même recommencer le paragraphe. Bref, cette lecture pourtant si courte n’en finissait pas! Et puis, il faut bien le dire, elle a pris les lecteurs pour des idiots finis. Par exemple, à un moment Flaubert dit que « Tous les lundis » des vendeurs exposent leurs marchandises. La petite note spécifie : « C’est le marché hebdomadaire. » Hm. On l’aurait pas deviné tiens. C’est d’autant plus dommage que certaines notes sont utiles, principalement quand le mot employé ne fait plus partie du vocabulaire actuel. Mais on est franchement découragé en voyant la tonne de texte et on ne prend même plus la peine de chercher ce qui nous intéresse.
Mais parlons plutôt du conte en lui-même. Gustave Flaubert nous raconte ici l’histoire d’une servante, Félicité, qui passa la majeure partie de sa vie au service de Mme Aubain. Elle voua à sa maîtresse une fidélité sans faille depuis que Mme Aubin, jeune veuve avec deux enfants, a perdu son mari. Bien évidemment, Félicité n’est qu’une servante, par conséquent, sa vie n’est pas des plus heureuses. Elle n’a pas de famille, hormis un neveu qui vient rarement la voir, pas d’amant, le seul qu’elle ait jamais eu l’ayant abandonnée, et ses seuls loisirs consistent à aller à l’église ou à s’occuper des enfants. Pourtant, elle ne s’en plaint pas. Elle est très reconnaissante envers sa maîtresse et offre tout son amour à Paul et Virginie (les deux enfants de Mme Aubain) ainsi qu’à son neveu Victor qu’elle chérit plus que tout. Son quotidien semble donc banal et réglé comme du papier à musique… jusqu’à que plusieurs drames viennent bouleverser sa vie…
Un des souhait de Flaubert était d’écrire « un livre qui n’aurait presque pas de sujet, ou du moins dont le sujet serait presque invisible ». Je crois qu’avec Un Cœur simple, il a visé juste. En effet, même s’il y a un personnage principal, Félicité, il n’y a pas de sujet. C’est juste une sorte de biographie de la servante. Mais l’auteur ne se focalise pas sur un épisode de sa vie, ce qui est assez déroutant en fait. Ce que je vais dire peut sembler irrespectueux envers cet auteur encensé par tous les professeurs et autre adorateurs des œuvres classiques, mais pourquoi écrire ce conte ? J’essaie de trouver le but, le message que Flaubert veut nous faire passer mais je ne trouve pas. Certes, l’auteur a sûrement écrit cette oeuvre, juste parce qu’il en avait envie, et c’est déjà une raison bien suffisante! Cependant je n’ai pas trouvé d’intérêt à cette lecture.
Son visage était maigre et sa voix aiguë. A vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. Dès la cinquantaine, elle ne marque plus aucun âge; et toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique.
Attention, je ne dis pas que ce livre est d’un ennui mortel. Non, il est même plutôt agréable à lire puisque la plume de l’auteur reste assez fluide et ne s’attarde pas sur des descriptions inutiles. On tourne les pages machinalement, on suit le cours de la vie de Félicité puisque, après tout, on veut savoir ce qu’elle devient. En revanche, je ne dirais pas que je me suis attachée à elle. Tout va un peu trop vite, on n’a pas le temps d’en apprendre assez pour s’attacher à certains personnages ou pour en détester d’autres. En fait, même si Marie-France Azéma et d’autres, s’attardent sur le moindre petit détail ou analysent la moindre petite virgule, cette lecture est simple et plutôt légère. Comme je l’ai dit plus haut, on tourne mécaniquement les pages, on n’a pas besoin d’une réflexion très poussée pour comprendre ce livre. Bien sûr, j’imagine qu’on pourrait faire tout un tas de commentaires composés et autres dissertations pour comprendre tout ce que Flaubert a voulu nous transmettre au travers de ce conte. Cependant pour moi, toutes ces études de texte ne font que dénaturer le texte même. Chacun a une approche différente et aucune n’est meilleure que les autres, selon moi. Enfin bref! J’ai préféré lire Un coeur simple comme une courte histoire qui se lit facilement et sans prise de tête plutôt que de voir ce conte comme un grand classique écrit par un maître de la littérature française.
Les jours de soleil, elle se tourmentait de la soif ; quand il faisait de l’orage, craignait pour lui la foudre. En écoutant le vent qui grondait dans la cheminée et emportait les ardoises, elle le voyait battu par cette même tempête, au sommet d’un mât fracassé, tout le corps en arrière, sous une nappe d’écume ; ou bien, – souvenirs de la géographie en estampes, – il était mangé par des sauvages, pris dans un bois par des singes, se mourait le long d’une plage déserte. Et jamais elle ne parlait de ses inquiétudes.
En résumé, même si ce petit livre n’a pas été un coup de cœur, j’ai apprécié ma lecture. Je suis contente de l’avoir choisi pour commencer ma découverte des œuvres de Flaubert. J’ai souvent entendu que son écriture était trop lourde et désagréable à lire or ici, c’est plutôt léger. Bien sûr, le thème abordé reste tragique, mais c’est tellement court qu’on a à peine le temps de s’apitoyer sur le sort de la pauvre Félicité. Je pense lire les deux autres contes qui accompagnent Un Cœur simple dans le recueil Trois Contes pour voir si le style d’écriture reste tout aussi abordable. Ensuite, si je trouve le courage, je me lancerais dans Madame Bovary!
Note : 14/20
Elle retenait sa douleur, jusqu’au soir fut très brave ; mais, dans sa chambre, elle s’y abandonna, à plat ventre sur son matelas, le visage dans l’oreiller, et les deux poings contre les tempes.