Les enquêtes de Mirette

Par Loulou Coco

Les enquêtes de Mirette de Fanny Joly (auteure) et Laurent Audouin (illustrateur), paru chez Sarbacane

Aujourd’hui, petit tour d’horizon d’une collection très originale, commencée il y a quelques années déjà et qui sort encore régulièrement des titres (le dernier en date est paru en mars 2016 et est un dérivé, un livre-jeu). Je n’ai eu l’occasion de lire que les deux premiers tomes, mais je ne doute pas que les suites soient aussi exquises.

Mirette est une fillette de huit ans vivant à Paris qui est fan d’histoires policières et d’enquêtes en tout genre. Son rêve est de devenir une grande enquêtrice. À travers la collection Les enquêtes de Mirette de chez Sarbacane, on découvre les aventures de cette Miss Marple en devenir (en beaucoup plus jeune évidemment).

Dans le premier album de la série, Panique à Paris, Mirette mène sa première enquête dans sa propre ville, Paris. Elle est accompagnée de son chassistant : Jean-Pat, un chat paresseux, peureux, gourmand qui trouve parfois un élan de courage et aide Mirette à résoudre ses affaires.

Une nuit, alors que Jean-Pat et Mirette dorment profondément, un cri retentit dans leur immeuble. Ni une ni deux, Mirette prend son courage à deux mains et fonce dans le couloir. Elle y découvre une poupée avec une aiguille d’horloge plantée dans le cœur. C’est alors que commence sa carrière d’enquêtrice. Elle va partir à la recherche de celui qui a laissé cette poupée dans l’escalier de son immeuble et découvrir le pourquoi de cet acte. Tout au long de l’album, on suit donc la jeune Mirette à travers ses investigations.

J’ai trouvé ce premier album exquis, même s’il ne m’a pas plu de bout en bout. Personnellement je n’ai pas accroché complètement. J’ai trouvé que parfois le tout allait trop vite, qu’il y avait trop de texte ou dialogues inutiles et que le tout était tiré par les cheveux. Mais, en essayant d’être objective, je me rends compte que c’est aussi dû au fait que je ne suis plus une enfant. Alors que si j’avais eu cet album dans ma jeunesse, je l’aurais probablement ADORÉ ! Donc, pour être juste avec cette série, je fais ressortir mon âme d’enfant et je n’en retiens que les points positifs.

Même si avec mon esprit d’adulte j’ai trouvé que cela allait trop vite, c’est justement ce qui peut plaire aux enfants. Il y a de « l’action » de bout en bout, les évènements s’enchaînent vite et bien, et le tout, même parfois tiré par les cheveux, reste cohérent. L’histoire est écrite de façon à ce que le lecteur puisse mener l’enquête en même temps que Mirette, ce qui est excitant pour un enfant. Tout au long du récit, on retrouve des touches d’humour qui sont les bienvenues et ne gâche en rien le côté enquête. D’ailleurs, l’insertion de petites phrases par astérisque de temps à autre, pour montrer les pensées personnelles de Mirette ou Jean-Pat, est bien choisie. Entre le professionnalisme de Mirette et le laisser-aller du chat, le juste milieu est fait pour que l’on adhère à l’histoire. Grâce à ces deux personnages si différents, l’histoire peut être vécue comme une véritable chasse au trésor ou comme une bonne partie de rigolade. Les lecteurs choisiront selon leur humeur ou feront un mélange des deux !

La forme de l’histoire, du texte et des illustrations est aussi à prendre en compte. Tout au long du récit, on suit le tout comme une vraie enquête, puisque quasiment à chaque page on retrouve un repère temporel pour savoir où en est Mirette dans sa journée d’enquête. La diversité des illustrations et la typographie aident à se plonger dans le côté réaliste de l’affaire, mais donnent aussi un côté humoristique ; entre dessins réalisés par l’illustrateur, montages  photos des vrais monuments de Paris, typographie classique pour le récit, typographie manuscrite pour les dialogues et certains indices de l’enquête, le tout est très bien coordonné et reste dans l’esprit loufoque de l’album.

Le format du livre est également spécifique. On a de temps en temps des pages à rabats qui sont sympathiques pour le côté ludique du livre, mais qui ne sont pas d’une grande utilité. À chaque fois que l’on soulève une page à rabat c’est pour découvrir la même scène, mais avec un décalage temporel. Cela a donc juste un côté pratique en soi (pour ne pas répéter la scène en vis-à-vis sur une page et avoir plus d’espace pour écrire du texte), mais le côté ludique attirera les enfants.

L’un des buts de cette collection, et qui est ici réussi, est d’offrir au lecteur un panorama de la ville dans laquelle Mirette mène son enquête. Dans le premier tome, Mirette passe devant (ou entre même à l’intérieur) de nombreux monuments parisiens connus. Cela permet aux enfants parisiens de se retrouver dans leur ville, mais aussi aux enfants français qui ne sont pas de la capitale, de découvrir celle-ci plus précisément. Et comme Mirette décrit même son trajet en transports en commun pour aller d’un endroit à un autre, les plus curieux peuvent tenter de se situer sur un plan !

En ce qui concerne les rappels à des éléments connus, on n’en reste pas aux monuments parisiens. On profite par exemple d’un passage au Louvre ou encore d’une escapade à l’Opéra Garnier pour en apprendre plus sur ces monuments ou leur contenu. Avec des petits astérisques, sont indiqués les peintres de certaines œuvres mentionnées, par exemple. Une façon de s’instruire tout en s’amusant.

Référence trop subtile pour les plus jeunes, mais que j’ai adoré pour ma part : la série télé préférée de Jean-Pat est une parodie des Feux de l’amour. Plusieurs fois tout au long du récit, des allusions à cette série sont glissées et c’est drôlissime.

Dans le second tome, Big frousse à Londres, Mirette part au secours de sa tante qui habite dans la capitale de l’Angleterre et qui lui a passé un appel des plus insolites. Le principe du livre est le même. Enquête, humour, illustration et montage photo, découverte de la ville, passage devant les monuments les plus célèbres et, cette fois, approche (très rapide) de la langue anglaise.

Je n’ai donc pas lu les tomes suivants, mais s’ils restent sur le même principe, la série entière est une réussite. D’autant que chacun nous fait découvrir une capitale européenne, et plus récemment des régions françaises.

Les autres titres de la collection :

  • Qué calor à Barcelone
  • Micmac à New-York
  • Vendetta à Venise
  • Rumba à Rome
  • Embrouille en Bretagne
  • Bavure sur la côte d’Azur

Le récap’ :

Points positifs :

  • Entre humour et enquête sérieuse, un mélange intelligent et savamment orchestré.
  • On y déniche d’ailleurs des perles d’humour pour les adultes ou ados, ce qui permet un lectorat très varié pour cette série.
  • Une façon ludique de découvrir des œuvres artistiques, des monuments, une culture et une ville.

Point négatif :

  • Un rythme parfois trop soutenu, qui peut être compliqué à suivre pour les lecteurs moins avertis.

Joyeuses enquêtes les loulous !