Le livre du lundi: Théodose le Petit

théodose le petit

de Razvan Radulescu

Accrochez-vous. Voici l’histoire héroïque du futur roi de Roumanie, Théodose le Petit (qui, comme son nom l’indique, est encore trop jeune pour régner) et du Chatchien Gabriel Tuteur Plénipotenciaire du Prince Héritier Théodose, Grand Intendant des domaines royaux et Commandant Sublime du ministère de la Guerre. Aidés de leur amis: Otilia la fantôme, Calliope la chouette et Samuel le minotaure, nos deux héros vont déjouer les plans machiavéliques du Silure Protecteur et du cruel Duc d’Ottobourg qui désirent s’emparer du pouvoir.

J’aime beaucoup les éditions Zulma. Vous les avez déjà vu passer sur le blog lorsque j’ai chroniqué L’île du Point Némo de Jean-Marie Blas de Roblès que j’avais beaucoup apprécié. Ce que j’aime chez cet éditeur, c’est non seulement ses couvertures psychédéliques superbement travaillées mais aussi l’assurance de trouver de la qualité en ouvrant ses livres. Je ne dis pas que je suis certaine d’aimer tous leurs ouvrages, non, mais sûre, en tout cas, de lire de la belle littérature car Zulma est une maison exigeante qui choisi ses auteurs avec soin. 

Théodose le Petit ne déroge pas à la règle: quelle plume!! Ce livre prend toutes les formes: lettre, narration à la troisième personne, à la première personne, focalisation multiple, récits imbriqués comme des poupées gigognes, dialogue très fins, poèmes et chansons! Ça part dans tous les sens, parfois il faut s’accrocher pour bien comprendre ce bric-à-brac d’embrouilles politiques et pour accepter d’emblée toutes les choses que nous propose Radulescu. Quelle imagination! Et quelle intelligence aussi car tout ce qui nous parait fou ou invraisemblable (la vallée des Fraisignons qui mène à la fraiseraie de la chouette et à la champignonnière du minotaure, les armées de fourmis vertes et violettes, le Monstrelet, ce silure qui se balade partout en aquarium, une montgolfière faite en fraise, les inventions sadiques d’Otto…) construit une représentation critiquée de la réalité et de l’histoire roumaine.

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Il y aussi énormément de second degré et d’humour. Du non-sens, des répétitions, des contradictions, de l’absurde! Une farandole de subtilités que j’ai adorer lire! Certains feront aussi le parallèle avec l’esprit d’Alain Chabat qui insert des documentaires sur les langoustes à la place de scènes trop violentes dans ses films: Radulescu nous raconte « Le conte du petit cafard » à la place d’une scène de torture (après une demande appuyée de son éditeur, nous informe l’auteur). Et il y a d’autres petites surprises dans ce genre mais je vous laisse les découvrir!

Alors, oui, j’avoue quand-même que la grande scène finale m’a semblé interminable. Mais d’un autre côté, elle avait besoin de prendre toute cette place, toute cette grandiloquence pour achever une telle histoire alors ce n’est pas un réel point négatif à mes yeux.

Même si je ne relirais pas ce livre en boucle à cause de sa densité, je le considère comme un coup de cœur pour moi, ou plutôt, un coup de maître! Un livre que je suis fière d’avoir dans ma bibliothèque.

Merci à Babélio et aux éditions Zulma pour ce partenariat et cette magnifique découverte!

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Marion