Chronique « Lady Killer, tome 1 »
Public conseillé : Adultes et grands adolescents,
Scénario de Joëlle Jones & Jamie S. Rich, dessin de Joëlle Jones,
Style : Polar transgressif / Comics,
Paru aux éditions Glénat, le 1er juin 2016, 15.95 euros,
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L’histoire
Josie Schuller, une ravissante jeune femme, sonne à la porte. Elle est représentante pour la marque de produits de beauté Avon. Josie force la porte de la ménagère, s’installe sur le sofa et lui applique de force un rouge à lèvres.
Puis, elle passe au plan : exécuter madame Romanov. Armée d’un marteau et d’un couteau de cuisine, Josie plante sa victime !
Une fois le travail (salissant) fini, la voici dans son intérieur. Maman de deux jumelles bondes comme les blés, femme d’intérieure parfaite, Josie accueille son gentil petit mari qui rentre du boulot. Après avoir essuyé quelques reproches de belle maman, elle reçoit un coup de fil. C’est Peck, l’homme qui gère son emploi du temps de tueuse à gage. Ce dernier lui donne rendez-vous immédiatement pour un nouveau contrat…
Ce que j’en pense
Joëlle Jones (Scénariste et dessinateur) et Jamie S. Rich (coscénariste) nous offrent un album aussi violent que barré et transgressif. Imaginez un peu, ces dames mettent en scène une femme d’intérieure, mère au foyer, mais aussi froide tueuse à gage. La miss, tirée à 4 épingles, sexy, souriante, semble tout droit sortie d’une publicité pour savon ou d’électroménager des années 50. Elle passe sans broncher de son petit intérieur middle-class américain, aux scènes d’action ultra violentes d’une professionnelle sous contrat.
C’est un portrait carrément original, car le rôle du Serial Killer est généralement donnés à des hommes d’âge moyen et plutôt mal intégrés. Même si statistiquement cela semble peu probable, l’idée de Joëlle Jones et de Jamie S. Rich est savoureuse !
Entre Kill Bill (de Tarantino) et Dexter (la série de HBO), la miss enchaîne les missions avec une classe folle et une nette préférence pour les armes blanches… malgré un planning domestique compliqué.
C’est d’ailleurs ce qui fait dérailler le système. Après une ou deux missions (pour se mettre dans l’ambiance), son patron lui demande de choisir entre sa petite vie moyenne ou celle de tueuse internationale. C’est là que les ennuis, les vengeances et les meurtres pour s’en sortir commencent…
« Roman noir”, version fifties et féminine, sous stéroïdes, ce Lady Killer est tout simplement un régal !
Graphiquement, Joëlle Jones est au top. L’esthétique années 50 (que ne renierait pas Mad Men, première saison) est travaillée avec un soin particulier. Dessin réaliste, compositions dynamiques et encrage classique sont accompagnés par une gamme de couleur désaturée (de grands aplats). L’ensemble fait immédiatement penser à ces années 50 américaines. So kitch ! So perfect !
Pour “salir” l’ensemble, Joëlle Jones applique des projections de brosses sur ses cases, comme pour nous dire que tout n’est pas aussi lisse qu’il le parait…
Ne vous inquiétez pas, malgré le coté « léché » du dessin, les scènes de baston (très réussies) sont extrêmement violentes et très gores !
Pour résumer, vous aimez l’action, les belles pépés, l’esthétique et les personnages inattendus ? Tentez Lady Killer et Josie, sa tueuse à gage aussi classe qu’efficace.
Et surtout, priez pour ne jamais la croiser dans un salon, chez vos amis !