L'oreille d'or

Description : Entendre, mais d'une seule oreille. Ne pas entendre comme il faudrait, donc, à l'école, en société, chez soi, mais entendre autre chose, souvent, entendre mieux, parfois. Dans ce récit intime, Elisabeth Barillé évoque son handicap invisible, malédiction et trésor qui l'isole mais lui accorde aussi le droit d'être absente, le droit à la rêverie, au retrait, à la rétention, voire au refus. "Merci mon oreille morte. En me poussant à fuir tout ce qui fait groupe, la surdité m'a condamnée à l'aventure de la profondeur...". Elle revient sur ce parcours de silence : sa vie d'enfant un peu à l'écart, les refuges inventés, les accidents et les rencontres. De l'imperfection subie au "filon d'or pur", Eliabeth Barillé traverse l'histoire littéraire et musicale, dans une réflexion presque spirituelle.

Mon avis : J'ai découvert ce roman en écoutant l'interview de la romancière dans une émission de radio, elle a expliqué sans se complaire dans le drame, comment suite à une maladie contractée pendant son enfance, elle souffre d'une surdité partielle, elle n'entend plus rien de l'oreille gauche.

Son récit de l'apprentissage de la vie avec la moitié d'une audition, les malentendus qui en découlent suivant de quel côté elle est assise, la vigilance dont elle doit faire preuve, pour traverser une rue par exemple. J'ai trouvé son récit vif et joyeux écrit d'une plume insolente, j'ai aimé son humour dans certaines situations, dans les dîners, le train et l'avion et dans les rapports amoureux.

On découvre à quel point la surdité est handicapante car invisible, elle ne suscite ni intérêt ni sympathie, elle explique bien aussi, comme elle a résisté à la tentation du repli sur soi. C'est un petit livre, une centaine de pages, ce n'est pas un roman, mais une petite ouverture, sur un problème dont beaucoup de gens souffrent, j'espère que vous aurez envie de découvrir ce petit opus bien écrit. Ce n'est pas du tout un livre triste, il y a beaucoup et d'amour.

Je rends grâce à Elisabeth Barillé d'aborder cette face cachée de cette infirmité et peut être d'éveiller plus d'empathie envers la surdité, à ceux qui ont le bonheur de "bien entendre"..

J'ai voulu vous faire découvrir certaines phrases du livre qui expliquent bien son esprit :

"L'infortune de mal entendre se concentre en un seul mot : invisible...." "Entendre vos propos requiert ma volonté, mon énergie, toute la concentration disponible" "On ne dirait pas, à me voir, que je n'entends rien, mais vraiment rien du tout"

Je vous souhaite une bonne découverte....