La Bibliothèque Orange m'invite en juin dans l'histoire de la Baronne Blixen, l'auteur de La ferme africaine, adapté au cinéma sous le titre Out of Africa (une production mineure largement méconnue, n'est-ce pas?).
Le synopsis
Le parcours de Karen Blixen, une femme multiple dont l'expérience africaine est bien connue, mais qui a aussi été une romancière et une amoureuse insolente et libre.
Mon avis
Le roman de Dominique Saint Pern possède plusieurs atouts très estimables.
Tout d'abord, et c'est sans doute ce qui saute aux yeux en premier lieu, il est admirablement documenté, ce qui le rend évidemment instructif : la vie africaine ne constitue que le premier volet rapporté, et la vie de la baronne ne s'arrête pas lorsqu'elle quitte l'Afrique, bien au contraire; elle se régénère ensuite, se développe sous une nouvelle dimension, et se révèle tout aussi riche et ardente, quand bien même la protagoniste ne le voit pas sous cet oeil-là, et n'aura de cesse de dire ses intarissables regrets d'avoir quitté le Kenya.
A cet égard, la structure du roman est solide et habile : le lecteur est immédiatement happé par la contextualisation qui mobilise Meryl Streep en particulier, avide d'en savoir plus sur celle à laquelle elle va devoir donner corps, et qui interroge Clara Selborn, d'abord secrétaire puis dame de compagnie de la baronne, qui l'a épaulée des années durant. On plonge au cœur de l'Afrique, dans ce qui a inspiré la Ferme africaine, dans sa relation avec Denys Finch Hatton, et dans celles qu'elle entretenait avec ceux qu'elle nommait ses squatters, ses Kikuyus.
Une fois que l'on découvre ce qu'il est advenu après ces années-là, on est déjà accroché au personnage de la baronne, et désireux de savoir comment elle a surmonté l'obstacle de la déchirure, du départ forcé.
La dernière partie du roman, consacrée à l'insolite romance nouée avec un jeune poète, Thorkild Bjornvig, est troublante, et donne lieu à de très belles pages.
Les anecdotes ne manquent pas d'intérêt, le personnage de Karen Blixen est fascinant et mérite largement un roman.
Baronne Blixen m'a offert un moment de lecture agréable et enrichissant.
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Quant à la baronne Blixen... de son vivant déjà, ses jeunes compatriotes danois la croyaient morte. Sa vie et ses contes appartenaient à une époque périmée. Le monde d'après-guerre passait à autre chose, à l'existentialisme, à la fièvre du jazz dans les caves de Saint-Germain."
"Les souvenirs finissent par se ternir. Les fêtes crépitantes, la débauche de rires, de lumières et de musiques ont glissé entre nos doigts pour rejoindre l'humus dont on fait les légendes. Un éclat pourtant s'est fiché dans la postérité."
Note finale3/5(cool)
Le synopsis
Le parcours de Karen Blixen, une femme multiple dont l'expérience africaine est bien connue, mais qui a aussi été une romancière et une amoureuse insolente et libre.
Mon avis
Le roman de Dominique Saint Pern possède plusieurs atouts très estimables.
Tout d'abord, et c'est sans doute ce qui saute aux yeux en premier lieu, il est admirablement documenté, ce qui le rend évidemment instructif : la vie africaine ne constitue que le premier volet rapporté, et la vie de la baronne ne s'arrête pas lorsqu'elle quitte l'Afrique, bien au contraire; elle se régénère ensuite, se développe sous une nouvelle dimension, et se révèle tout aussi riche et ardente, quand bien même la protagoniste ne le voit pas sous cet oeil-là, et n'aura de cesse de dire ses intarissables regrets d'avoir quitté le Kenya.
A cet égard, la structure du roman est solide et habile : le lecteur est immédiatement happé par la contextualisation qui mobilise Meryl Streep en particulier, avide d'en savoir plus sur celle à laquelle elle va devoir donner corps, et qui interroge Clara Selborn, d'abord secrétaire puis dame de compagnie de la baronne, qui l'a épaulée des années durant. On plonge au cœur de l'Afrique, dans ce qui a inspiré la Ferme africaine, dans sa relation avec Denys Finch Hatton, et dans celles qu'elle entretenait avec ceux qu'elle nommait ses squatters, ses Kikuyus.
Une fois que l'on découvre ce qu'il est advenu après ces années-là, on est déjà accroché au personnage de la baronne, et désireux de savoir comment elle a surmonté l'obstacle de la déchirure, du départ forcé.
La dernière partie du roman, consacrée à l'insolite romance nouée avec un jeune poète, Thorkild Bjornvig, est troublante, et donne lieu à de très belles pages.
Les anecdotes ne manquent pas d'intérêt, le personnage de Karen Blixen est fascinant et mérite largement un roman.
Baronne Blixen m'a offert un moment de lecture agréable et enrichissant.
Pour vous si...
- Vous aimeriez aller au-delà d'Out of Africa
- Le côté cougar de la baronne vous semble résolument moderne
- Le fait de savoir qu'il y est question du Président Moi (ah ah) ne vous laisse pas de marbre
Morceaux choisis
"Quant à la baronne Blixen... de son vivant déjà, ses jeunes compatriotes danois la croyaient morte. Sa vie et ses contes appartenaient à une époque périmée. Le monde d'après-guerre passait à autre chose, à l'existentialisme, à la fièvre du jazz dans les caves de Saint-Germain."
"Les souvenirs finissent par se ternir. Les fêtes crépitantes, la débauche de rires, de lumières et de musiques ont glissé entre nos doigts pour rejoindre l'humus dont on fait les légendes. Un éclat pourtant s'est fiché dans la postérité."
Note finale3/5(cool)