Marius, Fanny, César
Auteur : Marcel Pagnol
Éditeur : Le Livre de Poche
Parution : 1929, 1931, 1936
Pages : environ 245
Prix : occasion
Note : ★★★★★
Qu’est-ce qu’il est plaisant et difficile à la fois de parler d’un livre de Pagnol ! Nous voici avec une trilogie théâtrale qui nous rend tout nostalgique, sans bien savoir pourquoi, et qui nous fait voyager au pays des cigales et des oliviers, au milieu des embruns, des parties de cartes et des tracas quotidiens. Ces pièces sont un bijou d’authenticité, qui force les pleurs ou les rires des lecteurs, forcément plongés dans l’histoire comme si c’était la leur et qui n’en ressentent que plus d’attendrissement et de compassion.
Pagnol nous emmène dans une histoire de village comme on n’en voit plus ou trop peu de nos jours. Il nous replonge alors dans le Marseille des années 30, avec en son cœur de lourds secrets de famille, mais qui n’empêchent pas pour autant une simplicité de vie et une bonne dose d’humour sudiste. L’auteur nous parle d’un quotidien qui semble être rythmé par les apéritifs autour d’un jeu de carte, où toute chose est prise à cœur, mais dérivée involontairement à l’aide de répliques (dont certaines sont devenues les plus belles ou les plus connues du théâtre français) cinglantes de simplicité et de poésie ou totalement crues et drôles. Parce que chez Pagnol, les choses simples, on les dit simplement ; et il en ressort une vérité si inattendue et presque naïve qu’on est obligé d’être attendri par les personnages. C’est le paradoxe magnifique que nous offre chaque fois Pagnol. Il parvient parfaitement à faire ressentir à ses lecteurs des sentiments tout chamboulés par la vérité ordinaire qui se dégage de ses œuvres. Mais plus qu’une explication, une immersion dans cette fabuleuse trilogie sera plus efficace pour vous donner envie de vous y plonger à votre tour. Je vous note ici la liste (non exhaustive, loin de là, sinon l’intégralité du texte y figurerait) de certaines citations qui m’ont le plus marquée.
« Celui-là ne passait jamais au soleil parce que ça le fatiguait de traîner son ombre. », Marius
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« Quand on n’a pas d’enfants, on est jaloux de ceux qui en ont et quand on en a, ils vous font devenir chèvre ! La Sainte Vierge, peuchère, elle n’en a eu qu’un et regarde un peu les ennuis qu’il lui a faits ! », Fanny
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« Quand il est né, il pesait quatre kilos… quatre kilos de la chair de sa mère. Mais aujourd’hui, il pèse neuf kilos, et tu sais ce que c’est, ces cinq kilos de plus ? Ces cinq kilos de plus, c’est cinq kilos d’amour. Et pourtant, c’est léger l’amour ! C’est une chose qui vous environne, qui vous enveloppe, mais c’est mince et bleu comme une fumée de cigarette. Et il en faut pour faire cinq kilos… », Fanny
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« Mais quand vous dites une chose comme celle que vous venez de proférer, je déclare et j’affirme que vous battez de loin vos propres records de stupidité. C’est-à-dire que je vous vois très distinctement serrer contre votre cœur les bornes du couillonisme, et courant à toute vitesse pour les transporter plus loin, afin d’agrandir votre domaine. », César
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« Je crois que l’instruction t’a embelli le cerveau, mais elle t’a gâté le cœur. », César
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Il y a tout de même deux choses qui m’ont perturbée. Les trois livres ne sont pas dans le même format, Marius et Fanny étant divisés en actes et scènes, tandis que César, apparemment directement écrit pour le cinéma, s’apparente à un script, beaucoup moins agréable à lire à mon sens. Et puis, dans les trois livres, il y a plusieurs incohérences au niveau du prénom ou même de l’âge des personnages. Marius a parfois vingt-trois ans, parfois vingt, on ne sait plus trop. Mais j’aime à me dire que cette étourderie rentre dans le cadre de ces pièces locales, naturelles, où l’on prend les choses comme elles viennent et où la forme importe bien moins que le fond.
Et, pour finir, je vous laisse avec un commentaire inscrit au dos de César, qui résume parfaitement ce que l’on peut ressentir en lisant du Pagnol :
« Nous avons tous en mémoire cette fameuse trilogie, Marius, Fanny et César, qui, sitôt qu’on en parle, amène sur les lèvres le sourire que l’on a quand on retrouve une vieille connaissance. », Jérome Tharaud
Et vous, avez-vous lu ces livres ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Si non, vous tentent-ils ?
∼ Val ∼