Erik Vogler passe pour un adolescent excentrique et monomaniaque, avec ses petites lubies, ses manies, ses tics et ses tocs. Sa grand-mère Berta de Grasberg a beaucoup de mal à supporter ses bizarreries. Pourtant, c'est chez elle que le garçon devra passer ses vacances, au lieu d'un voyage à New York avec son père. Erik est très contrarié lorsqu'il arrive à la campagne et s'installe dans sa petite chambre poussiéreuse. Son séjour va être un calvaire. De plus, le garçon et la grand-mère ne cachent pas leurs sentiments réciproques à subir cette cohabitation sous la contrainte. Le premier soir, par un nuit d'orage, Erik est surpris par une panne de courant au moment de prendre sa douche. Au même instant, il aperçoit un fantôme derrière la fenêtre et croit mourir de peur. Les jours suivants, d'autres indices lui font tourner la tête (une pièce d'un jeu d'échecs qui apparaît et disparaît, la sonate de Schubert qui s'enclenche sans raison, une page d'un poème de Goethe qu'il trouve dans ses affaires...). Inutile d'attendre de sa grand-mère un quelconque soutien. Au lieu de ça, Erik finit par comprendre qu'ON cherche à lui adresser un message et va s'intéresser aux récents faits divers. Chez lui, à Brême, une jeune fille de son âge, Sandra Nadel, a été retrouvée assassinée, mais son criminel court toujours. Erik va donc chercher à résoudre l'énigme. Ce fantastique petit bouquin se lit d'une traite, tant il nous happe dans son histoire au suspense efficace. Les personnages aussi ne manquent pas de mordant et cassent la routine d'une osmose familiale idyllique. Erik Vogler est un garçon assez triste, solitaire, enfermé dans des mimétismes qui lui ôtent toute spontanéité, attaché à des petits gestes snobs (sa coiffure impeccable, ses chaussures de marque, sa tenue de rigueur, son eau plate à température ambiante qu'il commande tous les jours au café...). Sa grand-mère va vicieusement perturber ses habitudes, lui servir des soupes froides, des plats peu appétissants, lui présenter un voisin, Albert Zimmer, un prétentieux imbattable aux échecs. C'est ainsi que ce trio improbable nous convie à suivre leurs aventures cocasses et palpitantes dans ce petit roman qui croque aussi bien leurs portraits avec humour sans alléger l'attente anxieuse et le climat angoissant de l'histoire. D'autres livres existent en version originale. Ce serait sympa de les voir traduits pour retrouver ce jeune héros hors du commun !
Traduit du castillan par Anaïs Goacolou (Erik Vogler y los crímenes del rey blanco) pour Hachette, mai 2016