Joyce Maynard, « Long week-end »

Labor day blogToutes les découvertes littéraires ne sont pas toujours le fruit de hasards poétiques et merveilleux. J’avais envie de découvrir l’oeuvre de Joyce Maynard depuis longtemps, j’ai vu que ce livre enthousiasmait les lecteurs et lectrices. La photo de Kate Winslet sur la couverture de la version originale a fini de me convaincre. Si cette toute grande actrice est dans un film, le livre qui l’a inspiré ne peut être que bon. J’ai eu envie, et moi, je suis un peu comme Oscar Wilde (oui oui, rien que ça): « Je peux résister à tout. Sauf à la tentation. »8 sur 10envie

Quatrième de couverture
Une chaleur caniculaire règne sur la côte est. Henry, treize ans, et sa mère Adèle doivent faire les dernières courses pour la rentrée des classes. Une rencontre fortuite au supermarché va venir tout bouleverser : Franck, un taulard en cavale, leur demande de l’héberger. Le temps d’un long week- end, le trio va vivre en huis clos une expérience qui bouleversera leur vie à jamais…

Mon avis

Henry a 13 ans et une vie peu ordinaire. Il habite seul avec sa mère, agoraphobe qui vit recluse depuis que la vie sociale est devenue trop difficile à supporter. Si la situation semble au premier abord étouffante, j’ai été très touchée par la bienveillance d’Henry, qui fait de son mieux pour prendre soin de sa mère vénérée. Tout semble naturel, pour lui, il vit avec elle hors du temps, presque hors du monde et de ses douleurs.

En lisant ce roman, j’ai eu l’impression, moi aussi, d’être emportée hors du temps et loin du monde. Dès les premières pages, j’ai été imprégnée par l’atmosphère éthérée de ce roman que j’ai lu doucement, comme un bonbon que je ne voudrais pas sentir fondre dans ma bouche. Si j’ai trouvé le style très banal, j’ai apprécié la construction du roman. L’histoire est racontée par Henry, et je dois dire que Joyce Maynard n’est pas très douée pour se mettre dans la peau et le style d’écriture d’un jeune adolescent. Cependant, le rythme est maîtrisé à la perfection. La trame principale est régulièrement interrompue par les réflexions d’Henry qui raconte les événements ayant mené au mode de vie particulier de sa mère. Grâce à ces oscillations entre le présent et le passé, le huis clos n’est jamais pesant. Mais il n’y a pas que ça.

Ce huis clos, un pari littéraire potentiellement risqué, est, contre toute attente, tout sauf étouffant. Le retour à la vie qui va s’opérer entre ces trois-là confère au récit une dimension très émouvante. Parce qu’au contact de Frank, Henry va apercevoir la possibilité d’une autre réalité, faite de petits riens qui, en s’additionnant, commencent à lui donner une image de ce à quoi le bonheur pourrait en fait ressembler. Apprendre, enfin, à jouer au base-ball. Connaître les secrets pour réussir ses tartes à tous les coups. Se voir grandir, d’un coup, le temps d’un long week-end bien trop court…

conclusion

71JRUs77kCLMalgré son style peu convaincant (pour rappel, je lis l’anglais dans le texte, et la traduction française est peut-être plus agréable à lire), Long week-end m’a procuré des sensations de lecture que je n’avais plus éprouvées depuis un moment. Pour une fois, j’avais envie de lire un livre lentement, de le savourer sans me presser. Je pense d’ailleurs que son propos, le retour à la vie qu’il décrit avec tant de subtilité, aurait été desservi par un rythme de lecture effréné. Ce livre m’a fait beaucoup de bien, et j’espère qu’il en fera autant pour vous, quand vous aurez la très bonne idée de le lire.

 Disponible en français (traduit par Françoise Adelstain) en poche chez les éditions 10/18 (256 pages)