Tous ses proches sont présents à ses côtés pour la soutenir. Jack et Molly, ses parents, incapables de dire adieu à leur enfant, Davey et Grace, son frère et sa soeur, qui la considèrent toujours comme la petite dernière de la famille, Juliet, sa fille de 12 ans qu'elle élève seule, et enfin Marjorie, sa meilleure amie et confidente. Au fur et à mesure que les jours passent et que l'espoir de la sauver s'amenuise, sa famille et ses amis sont amenés à s'interroger sur leur vie et la manière dont ils vont continuer sans celle qui leur apporte tant.
Car, si Rabbit a elle-même perdu la bataille, celle-ci ne fait que commencer pour son entourage.
Il est de ces romans auxquels, quoi que vous en écriviez, vous n'arriverez pas à rendre justice...
Que dire d'un roman aussi fort et remuant, émotionnellement? Qu'il m'a mis les larmes aux yeux et m'a noué la gorge? Vous vous en doutez bien... Les peurs de Rabbit, ce sont les miennes, à l'idée de faire vivre ça à mes loulous. La colère de son père, son incapacité à admettre qu'il n'y aura pas de miracle, ce sont aussi les miennes, face à cette maladie qui m'a déjà pris, notamment, mon grand-père. Le déni de sa fille, l'envie des autres de lui cacher l'ineluctable, c'est sans doute la tentation par laquelle nous passons tous, le moment venu. Je n'étais d'ailleurs pas forcément rassurée en commençant ma lecture. Et pourtant...
Et puis, ma S., la vie (cette merde en brique) a voulu que ce soit justement aujourd'hui que tu dises adieu à ta Rabbit. Je pense très fort à toi, à elle que je n'ai pas vraiment connue mais à qui j'avais fait peur ce jour-là, et à ta famille que (j'espère que tu le sais, même si ce sont des choses que je ne dis pas souvent) j'aime tant.Pourtant, il y a aussi dans ces pages de la lumière, de l'humour, des sourires, des rires (parfois nerveux, peut-être) (Barrez-vous!), des souvenirs, de l'espoir, et énormément de vie. Il y a Rabbit, entre force, faiblesse et humour ravageur. Il y a une famille absolument incroyable (et dans "famille", j'inclus la meilleure amie et la petite bande de potes, puisqu'ils ont toujours été considérés comme en faisant partie) dont tous les membres, absolument tous, sont attachants et donnent envie de les rencontrer, de leur serrer l'épaule et de les remercier, en même temps, pour toute la douceur, l'amour, la joie et l'humanité qu'ils apportent à Rabbit durant ses derniers jours, malgré leur propre peine. Molly qui ne rate pas une occasion de faire une gaffe. Le petit-salé de Grace. L'oeil au beurre noir de Lenny et l'amour qui lui dégouline par tous les pores. Davey, super tonton qui gère bien plus qu'il ne le croit. Juliet, forcément. Johnny, tellement présent malgré l'absence. Je me serais bien fait adopter par les Hayes, en fait. Parce que s'il n'était plus possible d'ajouter des jours à la vie, ils ont admirablement ajouté de la vie aux jours, puisque telle était leur nature.
Il y a l'envie de se coucher sur le ventre pour écouter de la musique. De taper contre la tôle d'une camionnette. Ou de lui courir après; je n'ai pas réussi à savoir ce qui m'aurait le plus amusée. De jurer comme Molly (Putain de merde. Putain de bordel de saloperie de pompe à merde. Saloperie de merde en briques) (rien que ça). De donner des surnoms ridicules et de faire des blagues pourries. De me cacher dans une cabane. De préparer des oeufs. D'emmerder Alandra. De m'asseoir sur un muret. De dire "Bouh!" au curé. D'offrir un lapin en peluche, parce que c'est plus facile que de parler.
Rarement un roman m'aura autant fait rire et pleurer à la fois. J'y étais tellement, que je chercherais presque où téléphoner pour prendre des nouvelles de Juliet...
Reste ce moment où il faut lâcher prise. Où il faut accepter, face à la douleur, que chaque jour de plus n'est plus vraiment un jour de gagné, mais peut-être un jour de trop, pour lui/elle. Que malgré la peine, l'absence et le vide, l'essentiel est peut-être qu'il/elle ne souffre plus, après ses années de combat.