Vote loki #1 : voudriez-vous de loki pour president?

Par Universcomics @Josemaniette
A l'heure où plus que jamais les politiciens s'avèrent être pratiquement tous de fieffés menteurs et des démagogues de profession, et que les partis populistes de tous bords n'en finissent plus de recueillir les suffrages des peuples désabusés, quoi de plus normal finalement que le Prince du mensonge lui-même puisse concourir au poste le plus prestigieux de tous, à savoir occuper La Maison Blanche? Comme le rappelle Loki lui-même dans ces pages, l'Amérique est une formidable terre d'opportunités, et les temps troublés, les relents de crise, représentent une grosse opportunité à saisir pour tous ceux qui savent intelligemment se jouer des foules. Je le dis d'emblée, Christopher Hastings a signé là un travail remarquable, car il parvient en une grosse vingtaine de pages à démonter tout le mécanisme qui pousse un pays à s'offrir entre les mains d'une classe politique négligente et corrompue. Les différents aspects sont bien mis en lumière, du quidam moyen qui vote en se laissant influencer par des critères extérieurs à la politique, jusqu'aux candidats eux-mêmes qui savent que leurs promesses ne les engagent à rien. En parallèle le scénariste utilise une ancienne journaliste du Daily Bugle, et le célèbre Jonah Jameson en personne, pour montrer à quel point la collusion entre les médias et la politique est forte, et que les premiers cités -même lorsqu'ils décident de tenir tête et de se montrer impartiaux- finissent par être manipulés. Loki profite d'un attentat perpétré par les fanatiques d'Hydra, en pleine réunion de présentation des futurs candidats au poste de président, pour gagner le cœur de l'opinion publique et se poser en héros. Il a certes derrière lui un très long CV de vilain ou une liste d'exactions longues comme le bras, mais comme Hastings nous l'explique parfaitement, dans une société du spectacle omniprésent et de l'éphémère triomphant, cela ne pose pas vraiment de problème. Derrière le ton badin et l'humour sarcastique décapant, c'est donc une réflexion sociopolitique pertinente et même dérangeante que nous offre Marvel, alors qu'une élection présidentielle capitale est en train de se jouer aux États-Unis, et que le peuple américain semble malheureusement plus déboussolé que jamais. Langdon Foss est le dessinateur, dans un style très caricatural, plus proche de la Bd indie européenne et japonaise, que de ce qu'on trouve habituellement dans un comic-book. Cela peut dérouter, et instaurer un sentiment de distanciation, de détachement du réel et de la continuity, et pourtant cette satire féroce de la politique est en phase totale avec son époque. Fascinant. 

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