Le deuxième roman proposé ce mois-ci par la Bibliothèque Orange nous parle d'un épisode critique de l'Histoire de France : l'abdication de Charles Quint.Un sujet assez mainstream, en plus j'en avais justement discuté avec mes collègues à la cantine la veille. Mais bon, je me suis quand même efforcée de me pencher sur le sujet.
Le synopsis
En 1555, à la stupéfaction générale, Charles Quint annonce son intention d'abdiquer, et de laisser le pouvoir et le royaume à son fils Philippe.
En dépit des sollicitations nombreuses de revenir sur sa décision, il se retire dans le monastère de Yuste, en Espagne, et se consacre à sa passion des horloges, et à l'une d'entre elles en particulier, qui semble receler un mystère qui lui échappe.
Mon avis
Le roman se concentre sur une période historique qui capte immédiatement l'attention : l'abdication d'un empereur vivant (vous me direz, c'est toujours mieux quand on veut abdiquer).
L'épisode est inédit, et justifie en cela que l'on y consacre un livre, si tant est que l'on trouve matière à le nourrir. Ce contexte si particulier ouvre des opportunités pour les empires et royaumes voisins, et met en danger le règne de Philippe, le fils de Charles Quint, que son père met au pied du mur sans lui laisser le temps de conquérir son nouveau rôle, de gagner le soutien des partisans de son père.
Il est étonnant, en cela, de voir combien la lassitude pèse à Charles, et le conduit à camper sur ses positions en dépit du tort que cela pourrait causer au nouvel empereur.
Ce même roi me semble difficile à cerner, car s'il est question à de nombreuses reprises de cette fatigue engendrée par ses multiples voyages, et de sa passion des horloges, il n'est guère défini que par ces deux pans de vie ; on déplore qu'il n'y ait pas eu davantage d'interactions avec son entourage, qui auraient peut-être permis d'appréhender avec plus de clarté et de conviction ses motivations comme ses aspirations. Certains passages sont cependant saisissants : ainsi sa brève rencontre avec son petit-fils, et la gifle qu'il lui assène; ainsi le refus qu'il oppose à ceux qui le visitent dans le seul but de l'enjoindre à reporter son abdication. Il est dommage que ces échanges ne soient pas plus fréquents et plus denses.
En fin de compte, j'ai fait peu de cas du mystère qui se trame autour de l'horloge qui occupe l'empereur, et dont l'auteur est le maître de Cordoue, un homme évanescent dont on viendrait à douter de l'existence même. Cette intrigue, qui intervient comme un fil rouge tout au long de la lecture, m'est apparu comme un prétexte au suspense avant tout, portant des révélations qui sont finalement attendues, et qui ont pour principal effet de détourner de ce qui se joue vraiment : le sort de l'empire, la matière qui se trouve derrière la décision de l'empereur.
L'écriture, quant à elle, est fluide et se fait oublier, elle s'efface au profit de l'histoire qui prend le pas, mais qui reste partagée entre le poids historique qui caractérise l'abdication du roi, et ce que cache l'horloge du maître de Cordoue.
Le secret de l'empereur m'a donc intéressée et attristée à la fois ; j'aurais préféré que les horloges y demeurent anecdotiques, et que l'on reste au plus près des enjeux historiques de la période, ou, à défaut, que le personnage de Charles Quint soit plus creusé, plus exposé.
Pour vous si...
Morceaux choisis
"C'était une des raisons pour lesquelles il avait choisi de se retirer en Espagne : profiter d'une lumière plus forte pour mieux voir ce qu'il se passait au fond des boîtiers."
"Son maintien était discret, ses expressions et ses manières rassurantes : toute son apparence confinait à l'effacement et à la dissimulation. C'était lui-même qui lui avait appris ces ambassades feutrées, ces visites tout en rondeur : celles-là mêmes qui viennent contrarier vos résolutions."
"Au bout de longues heures de soleil couchant et de poussière, le cortège arriva enfin aux portes de la ville. Un troupeau de cochons noirs fouillant le sol avec leur nez étonnamment mobile, poussant des petits grognements de plaisir chaque fois qu'ils déterraient une racine plus grass
Note finale2/5(pas mal)
Le synopsis
En 1555, à la stupéfaction générale, Charles Quint annonce son intention d'abdiquer, et de laisser le pouvoir et le royaume à son fils Philippe.
En dépit des sollicitations nombreuses de revenir sur sa décision, il se retire dans le monastère de Yuste, en Espagne, et se consacre à sa passion des horloges, et à l'une d'entre elles en particulier, qui semble receler un mystère qui lui échappe.
Mon avis
Le roman se concentre sur une période historique qui capte immédiatement l'attention : l'abdication d'un empereur vivant (vous me direz, c'est toujours mieux quand on veut abdiquer).
L'épisode est inédit, et justifie en cela que l'on y consacre un livre, si tant est que l'on trouve matière à le nourrir. Ce contexte si particulier ouvre des opportunités pour les empires et royaumes voisins, et met en danger le règne de Philippe, le fils de Charles Quint, que son père met au pied du mur sans lui laisser le temps de conquérir son nouveau rôle, de gagner le soutien des partisans de son père.
Il est étonnant, en cela, de voir combien la lassitude pèse à Charles, et le conduit à camper sur ses positions en dépit du tort que cela pourrait causer au nouvel empereur.
Ce même roi me semble difficile à cerner, car s'il est question à de nombreuses reprises de cette fatigue engendrée par ses multiples voyages, et de sa passion des horloges, il n'est guère défini que par ces deux pans de vie ; on déplore qu'il n'y ait pas eu davantage d'interactions avec son entourage, qui auraient peut-être permis d'appréhender avec plus de clarté et de conviction ses motivations comme ses aspirations. Certains passages sont cependant saisissants : ainsi sa brève rencontre avec son petit-fils, et la gifle qu'il lui assène; ainsi le refus qu'il oppose à ceux qui le visitent dans le seul but de l'enjoindre à reporter son abdication. Il est dommage que ces échanges ne soient pas plus fréquents et plus denses.
En fin de compte, j'ai fait peu de cas du mystère qui se trame autour de l'horloge qui occupe l'empereur, et dont l'auteur est le maître de Cordoue, un homme évanescent dont on viendrait à douter de l'existence même. Cette intrigue, qui intervient comme un fil rouge tout au long de la lecture, m'est apparu comme un prétexte au suspense avant tout, portant des révélations qui sont finalement attendues, et qui ont pour principal effet de détourner de ce qui se joue vraiment : le sort de l'empire, la matière qui se trouve derrière la décision de l'empereur.
L'écriture, quant à elle, est fluide et se fait oublier, elle s'efface au profit de l'histoire qui prend le pas, mais qui reste partagée entre le poids historique qui caractérise l'abdication du roi, et ce que cache l'horloge du maître de Cordoue.
Le secret de l'empereur m'a donc intéressée et attristée à la fois ; j'aurais préféré que les horloges y demeurent anecdotiques, et que l'on reste au plus près des enjeux historiques de la période, ou, à défaut, que le personnage de Charles Quint soit plus creusé, plus exposé.
Pour vous si...
- Les horloges et leurs mécanismes tortueux vous captivent
- Vous trouvez aussi qu'on ne parle pas assez de ce cher Charles Quint
Morceaux choisis
"C'était une des raisons pour lesquelles il avait choisi de se retirer en Espagne : profiter d'une lumière plus forte pour mieux voir ce qu'il se passait au fond des boîtiers."
"Son maintien était discret, ses expressions et ses manières rassurantes : toute son apparence confinait à l'effacement et à la dissimulation. C'était lui-même qui lui avait appris ces ambassades feutrées, ces visites tout en rondeur : celles-là mêmes qui viennent contrarier vos résolutions."
"Au bout de longues heures de soleil couchant et de poussière, le cortège arriva enfin aux portes de la ville. Un troupeau de cochons noirs fouillant le sol avec leur nez étonnamment mobile, poussant des petits grognements de plaisir chaque fois qu'ils déterraient une racine plus grass
Note finale2/5(pas mal)