On m’a offert Les Contresang et Sylf de Grégory Delaunay pour Noël, le tout accompagné d’une superbe carte et de magnifiques dédicaces ! Le plus drôle dans tout ça, c’est que j’avais pu voir son travail au HeroFestival 2015 et que j’avais failli craquer, du coup j’étais ravie de mes cadeaux. Cette BD est issue d’un financement participatif issu de la plateforme Sandawe, et il existe déjà un projet de financement pour le deuxième tome ! Si l’histoire vous a plu, n’hésitez pas à y participer, c’est ouvert jusqu’au 30 septembre,
L’histoire
À 50 ans révolus, Arken enterre sa vieille mère et sa vie de fermier désabusé pour partir arpenter les routes de l’antique terre d’Aldrak en quête d’aventures et de réponses à un traumatisme de jeunesse.
Des civilisations à l’agonie, un fléau pétrificateur, une menace fantôme… Le contexte est idéal, mais un vieil homme sans expérience peut-il réellement se forger une seconde jeunesse et… sauver un monde ?
Mon humble avis
C’est un univers très heroic-fantasy que l’on retrouve dans cette bande dessinée, avec un personnage principal littéralement hanté par ses ancêtres : les fantômes viennent lui parler et souvent lui reprocher des choses, ils ne sont pas particulièrement sympathiques. Arken est un quinquagénaire qui avait de grands rêves de combats et de batailles quand il était jeune, mais il s’était finalement contenté de sa ferme. À la mort de sa mère, il décide de tout arrêter et de tenter son rêve d’enfant.
On rentre donc in medias res dans le récit, ce nouveau monde avec sa magie, ses contrées nouvelles, ses personnages qui ne sont pas tous humains, etc. Tout ça sans introduction, ce qui est finalement difficile à suivre. Surtout qu’on sent à quel point le monde créé par Grégory Delaunay et Olivier Vachey est intéressant, fouillé et regorge de mystères ! C’est donc un petit peu frustrant, d’entendre parler de titres comme « chevaucheur », « mange fange », « mangeur d’esprit » sans comprendre exactement à quoi cela correspond, il faut essayer de se faire sa propre idée. Encore une fois, tous ces concepts ont l’air très intéressant et le peu qui est expliqué de ce monde donne l’eau à la bouche ! Ce serait vraiment chouette de pouvoir en apprendre plus par la suite.
En tous cas, c’est pas son bout de tissu qui pourrait en cacher, des cicatrices…
Bon, j’ai quelques doléances quant au traitement des personnages féminins… Ces femmes ont l’air plutôt intéressantes, elles sont d’ailleurs principalement des guerrières, ne se laissent pas faire et ont beaucoup à enseigner à Arken. À côté de ça, la sexualisation et l’objectification de ces personnages me sort par les yeux. On retrouve plusieurs clichés, dont la guerrière habillée en très, très petite tenue (avec des vêtements qui moulent même les fesses de manière improbable) alors que les hommes portent des armures (tellement plus pratique pour combattre, n’est-ce pas ?). Et bon, j’ai un peu du mal à comprendre l’intérêt que les deux jeunes femmes donnent à un quinqua comme Arken, qui n’est pas toujours sympathique qui plus est. Toujours dans les questions de genre, pour des raisons que je comprends pas, Arken insiste pour traiter l’un des personnages comme une femme, alors que ce dernier s’identifie explicitement comme homme. Je trouvais ça limite la première fois, mais quand c’est arrivé à nouveau, je m’attendais à une explication qui n’est jamais venue.
L’un des grands maux d’Aldrak semble être la pétrification, apparemment provoquée par une personne mal intentionnée qui pétrifie tous ceux qu’il touche (un mélange entre la Méduse et Midas) mais étant donné l’ampleur des pétrifications (des villes entières !), il y a certainement une autre cause.
L’histoire est riche en actions, combats, les dessins sont magnifiques, j’aime beaucoup le style de Grégory Delaunay mais surtout l’univers est assez fascinant, je regrette simplement qu’il ne soit pas plus détaillé et que ses particularités ne soient pas montrées aux lecteurs. J’en conseille donc la lecture, en espérant que le deuxième tome soit financé et qu’il soit toujours aussi intéressant (avec un meilleur traitement des personnages féminins ? J’ai peu d’espoir…).
Pour en savoir plus : le site de Grégory Delaunay, que vous pouvez également suivre sur Facebook, et un entretien avec le scénariste, Olivier Vachey, par ActuSF. Et je joins la bande d’annonce de la bande dessinée :
Note : 3/5
Les Contresang #1 : Arken de Olivier Vachey (scénario) et Grégory Delaunay (dessin), Sandawe, 2015, 54 pages.
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