Ce très court récit autobiographique, comme l’auteure le sous-titre elle-même, est l’histoire condensée, en quelques souvenirs et événements marquants, de la vie d’Agota Kristof.
Des images d’une enfance heureuse en Hongrie à la difficile arrivée en Suisse jusqu’à l’appropriation de la langue française et à sa nouvelle vie d’écrivain, Agota nous livre un récit sans fioritures, dans une langue maîtrisée mais presque dénuée d’émotion. Mais cette histoire est néanmoins bouleversante, on y ressent les sentiments de l’auteure, les regrets, les petites victoires et surtout son grand malheur, l’exil qu’elle vit si difficilement.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui pousse à la réflexion, tellement actuelle, sur les souhaits, les désirs, les refoulements et la vie de toutes ces personnes poussées sur les routes par les conflits, qu’avec nos yeux d’occidentaux on ne peut voir que gagnants en arrivant en Europe, alors qu’eux ont le sentiment d’avoir tout perdu…
Je n’avais rien lu de cette écrivaine jusqu’à présent, mais j’ai maintenant très envie de découvrir son univers.
Agota Kristof est née en 1935 en Hongrie. Emigrée en Suisse en 1956, elle a écrit toute son oeuvre en français.
L’analphabète a été publié en 2004 aux éditions Zoé (11,20€).
Cette lecture est ma contribution pour la Hongrie au Challenge des lectures européennes.
Morceau choisi :
« C’est ici que commence le désert. Désert social, désert culturel. A l’exaltation des jours de la révolution et de la fuite se succèdent le silence, le vide, la nostalgie des jours où nous avions l’impression de participer à quelque chose d’important, d’historique peut-être, le mal du pays, le manque de la famille et des amis.
Nous attendions quelque chose en arrivant ici. Nous ne savions pas ce que nous attendions, mais certainement pas cela : ces journées de travail mornes, ces soirées silencieuses, cette vie figée, sans changement, sans surprise, sans espoir.
Matériellement, on vit un peu mieux qu’avant. Nous avons deux chambres au lieu d’une. Nous avons assez de charbon et une nourriture suffisante. Mais par rapport à ce que nous avons perdu, c’est trop cher payé. »
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