Résumé :
Depuis qu’il est au chômage, Lucien Minchielli, 47 ans, est affalé sur le canapé du salon. Sophie, sa femme, n’en peut plus. Un jour, subitement, il reprend le sport et s’inscrit au cours de danse de sa fille Sarah, qui en est mortifiée. Paul, le petit dernier, se réfugie chez sa grand-mère, une ancienne danseuse étoile du Bolchoï que son mari a abandonnée à l’annonce de sa grossesse.
Si la danse est une histoire de famille chez les Minchielli, Lucien s’était jusque-là bien gardé de s’y intéresser. Comment la famille va-t-elle survivre à ce nouvel épisode qui bouscule tout leur équilibre ? Lucien va-t-il finir par s’expliquer sur cette soudaine et incompréhensible lubie ?
Mon avis
Il m’arrive de flâner sur le net à la recherche de nouvelles lectures et au cours de mes recherches livresques je suis tombée par hasard sur ce roman. Je vous avoue que les livres avec des titres loufoques et originaux ont le don de capter mon attention. Alors, en voyant celui-ci avec sa drôle de couverture, j’ai voulu le lire ! Je n’avais pas trouvé l’occasion de le faire jusqu’à aujourd’hui et c’est grâce aux éditions Mazarine que je remercie pour son envoi.
Dans la famille Minchielli je demande : Lucien, le père, avachi devant la télé depuis son licenciement il y a de cela 1 an, 3 mois et 20 jours. Sophie, la mère, qui peine a entretenir son foyer depuis le chômage de son mari. Sarah, la fille, 15 ans et en pleine crise d’adolescence. Paul, le fils, mordu de jeu d’échecs et aime noter tout ce qu’il observe sur des carnets. Enfin, il y a Maria, la grand-mère paternelle, ancienne danseuse étoile russe extravertie. Ah oui, j’oubliais le plus important…Puccini, le chat. Sacré portait familial me direz-vous !
Le quotidien de cette famille va être chamboulé le jour où, Lucien décide un bon matin de se bouger et d’aller faire du footing. Quoi de plus surprenant pour son entourage que de le voir s’activer après des mois de végétation chronique sur le canapé du salon. Le choc et l’incompréhension générale surviennent lorsque ce dernier décide de prendre des cours de danse classique dans l’école de sa fille au grand dam de celle-ci, qui voit dans la démarche de son père un acte de plus pour l’humilier devant ses amis. A quoi peut bien jouer Lucien? Pourquoi cette reprise soudaine d’exercice physique? Quelle mouche l’a piqué pour qu’il se mette à la danse classique? Tant de questions que se poseront les membres de sa famille et nous aussi par la même occasion.
Je me suis vite attachée à cette famille totalement décalée. Les personnages sont bien travaillés avec différentes personnalités et chacun apporte sa petite touche de folie dans ce récit. J’ai été à la fois amusée et attendrie par le comportement de Lucien. Ce père de famille de 47 ans qui, du jour au lendemain, change ses habitudes, sort de sa léthargie et oh surprise, se met à faire du sport ! Il faut dire que sa physionomie bedonnante et sa panoplie complète du joggeur des années 70 en short et bandeau sur la tête, n’a fait qu’accentuer l’aspect comique de la situation. En plus de susciter la curiosité, on découvre un homme qui a perdu ses repères après la perte de son emploi, qui manque de confiance en lui et qui se cherche.
Le second personnage pour lequel je me suis prise d’affection est Paul, d’autant plus que le récit est raconté de son point de vue. Et oui ! le narrateur n’est autre que le fils cadet de 14 ans et j’ai trouvé cette initiative, de la part de l’auteur, fort intéressante. J’ai apprécié l’attitude de Paul vis à vis de son père car, bien que décontenancé comme tout le monde par le revirement de situation, il n’a pas hésité à le soutenir et à croire en lui. J’ai par contre trouvé la fille et la mère quelque peu antipathiques. Certes, je peux comprendre la réaction primaire de l’une comme de l’autre. Il est parfaitement logique et justifié que la première soit horrifiée à l’idée que son père fasse de la danse classique dans sa propre école, surtout qu’elle est à un âge où les apparences priment et que la seconde ait des doutes quant à l’activité soudaine et inexpliquée de son mari et ne reconnait plus l’homme qu’elle aime. Malgré cela, je n’ai pu cautionner leur manque de soutien une fois mises au courant du pourquoi et du comment.
Gavin’s Clemente-Ruiz nous plonge avec justesse et émotion dans le quotidien d’une famille en somme ordinaire mais touchée par le chômage et les fins de mois difficiles. Ajoutez à cela, la nouvelle lubie de Lucien qui risque fort de mettre en péril l’équilibre et les liens familiaux. L’auteur aborde ainsi, des sujets d’actualité dont la quête identitaire, le besoin de reconnaissance personnel et les préjugés face à tout ce qui n’est pas conforme aux normes sociales. Le tout étant dépeint avec humour et légèreté, j’ai pris plaisir à lire ce roman que j’ai fini en à peine quelques heures. Le style est simple mais efficace rendant l’ensemble très fluide si bien qu’on tourne les pages sans s’en rendre compte.
En bref, Comment papa est devenu danseuse étoile est un feel good comme je les aime. Rafraîchissante mais remplie de tendresse, cette lecture qui tourne autour de la danse est sans prise de tête et je la recommande pour passer un bon moment de détente et profiter des beaux jours de l’été !