Merci aux éditions de la Rémanence pour cette lecture !
Titre et auteur : Six mois entre deux rivesde Nicole Ligney
Date de publication : 24/01/16
Nb pages : 248
Résumé :
Après avoir bourlingué des années avec Lucas, Lili, journaliste, a envie de stabilité : elle s ancre à Paris, il poursuit ses voyages, ils s aiment... Mais une rencontre va faire vaciller toutes ses certitudes. Rubene est écrivaine, californienne, fragile, solitaire et mal dans sa peau. Pas douée pour aimer, elle s accroche pourtant à l idée que Lili peut la sauver. Entre la Seine et le Delaware, six mois suffisent à tisser une histoire. Déraisonnée pour l une, salvatrice pour l autre. Sauf que l avenir comme l amour ne se maîtrisent pas. En un instant tout peut parfois basculer...
Nous rencontrons Lili, journaliste dans une rédaction, alors qu'elle doit interviewer Rubene McKye, écrivaine à succès auréolée de mystère. L'alchimie est immédiate entre elles, le coup de foudre. Seulement Lili est en couple avec Lucas, un voyageur invétéré qui se trouve à l'autre bout du monde et Rubene habite quant à elle aux Etats-Unis. Leur histoire semble dès le départ vouée à l'échec. Pourrons-t-elle se donner une chance ?
J'ai immédiatement accroché à l'histoire notamment pour l'écriture. Je l'ai trouvée belle, fluide, sans fioriture, auréolée de pureté. Les sentiments sont là, extrêmement puissants, soudains et pourtant une agréable retenue se dégage du texte sans l'affadir. J'ai ressenti la même chose à propos des personnages.
Lili est la narratrice principale et pourtant, son caractère est difficilement saisissable en premier lieu, ce qui n'est en aucun cas dérangeant. Même si l'on est à l'intérieur de ses pensées, il y a un comme un filtre qui fait barrage à l'inutile pour conserver la substance la plus essentielle de sa personnalité, de ses réflexions. On ne se rend pas instantanément compte que l'on subit la puissance de ses émotions, leur intensité. On pense être à l'abri quelque part, par ce fameux filtre qui offre une distance parfois nécessaire à la violence du ressenti du personnage. Cela change au fil du temps, c'est l'apothéose à la fin.
Rubene se voit parfois offrir le rôle de narratrice à son tour. C'est un personnage tortueux, torturé qu'il est difficile d'appréhender jusqu'à ce qu'elle ouvre son cœur par amour. On la sent en proie à des cauchemars du passé, à des problèmes psychologiques qui semblent insurmontables. Son amour pour Lili est immense, parfois inconcevable par sa grandeur et sa rapidité à s'intensifier. Toutefois, j'ai adhéré à cette sensation qui peut paraître exagérée. Une personne fragile psychologiquement peut effectivement s'accrocher corps et âme à un de ses semblables comme s'il était la clé, une entité salvatrice dans un objectif de réparation de l'esprit.
Leur histoire d'amour est complexe et compliquée. Tout semble être fait pour les réunir et les détruire paradoxalement. On ne sait jamais sur quel pied danser. On pense prévoir le comportement de l'une et l'on se retrouve chamboulé par sa réaction inconvenante. Lorsque la joie débarque enfin dans leur vie, on la savoure parce que l'on sait que de nouveaux obstacles vont faire leur apparition. Puis sonnent l'arrivée des dernières pages, salutaires, celle qui nous font soupirer de soulagement. Finalement, le dernier paragraphe se déroule sous nos yeux et c'est l'incompréhension qui prime. Je ne saurais vous expliquer le figement ressenti. L'incrédulité s'est emparée de moi pour finalement être remplacée par un malaise, insidieux. La fin est tout simplement inconcevable et éclatante de génie, l'ascenseur émotionnel en quelques lignes.
Six mois entre deux rives est un roman auquel j'ai accroché dans son intégralité, de la première à la dernière ligne. C'est une fabuleuse découverte !