No Holds Bard, quand Shakespeare devient Batman

No Holds Bard : première de couverture

No Holds Bard est un comics issu de financement participatif sur Kickstarter. Le principe est simple : et si Shakespeare était également un héros masqué, prêt à sauver la veuve et l’orphelin (mais surtout la Reine), accompagné de son fidèle Page ?

L’histoire

Alors qu’il écrit un autre de ses chef d’œuvres, Shakespeare reçoit la visite de son fidèle page, Page, qui lui apporte des nouvelles inquiétantes : la Reine a été enlevée ! Le Duo Dramatique du Barde et de Page s’engage alors dans une série de mésaventures joyeuses à la rencontre de personnes étranges. Vous pourriez même en reconnaître quelques unes issues des pièces les plus connues.
Qui est la silhouette mystérieuse responsable de la disparition de la Reine ? Est-ce que William se débarrassera de son syndrome de la page blanche ? Pourquoi est-ce que personne ne reconnaît William Shakespeare derrière le Bard ? Non mais sérieusement…

Mon humble avis

La plupart du texte, c’est-à-dire les paroles des personnages, sont écrites en pentamètres iambiques, un bon exploit donc, qui rend la lecture très musicale et chantante ! Le pentamètre iambique, c’est un peu l’équivalent de notre alexandrin de l’autre côté de la manche : il s’agissait du rythme de vers utilisé pour la plupart des pièces de théâtre, notamment celles de Shakespeare. Les pentamètres iambiques reposent sur l’accentuation des vers, qui doivent faire cinq pieds. Le comics est construit en cinq actes, pour rappeler bien sûr la structure du théâtre de l’époque.

No Holds Bard Extrait1

Alors que Shakespeare déplore son syndrome de la page blanche – de façon tout à fait mélodramatique – son Page entre de la pièce pour lui signaler que la Reine est en danger. Ni une, ni deux, Shakespeare et son acolyte se précipitent pour sauver Elizabeth I.

No Holds Bard Extrait2

Le tout mêle fantasme des auteurs et réalités historiques : sur le lieu du crime, un constable (le James Gordon de l’époque) peine à faire son travail mais heureusement, Shakespeare est là pour aider. Après quelques aventures rocambolesques, pleines de jeux de mots et d’humour, nos protagonistes se trouvent face à leur ennemi : Francis Bacon. Ce dernier a réellement existé (sisi, son nom était bien Bacon) et était un dramaturge « concurrent » à Shakespeare. Je me permet de spoiler, puisque l’intérêt n’est – selon moi – pas vraiment dans l’intrigue mais dans son déroulement, avec humour cocasse et blagues d’esprit.

Alors que Bacon libère un ours pour attaquer Shakespeare, son plan diabolique se retourne contre lui puisque le Page a tout prévu ! Il est parti chercher dans la « calèchemobile » du gras de bacon, qu’il jette sur Francis Bacon… et ce dernier est immédiatement poursuivi par l’ours. La situation est assez hilarante ainsi, mais il faut savoir que l’une des didascalies les plus connues et insolites de Shakespeare se rapporte à un personnage du Conte d’hiver qui quitte la scène, poursuivi par un ours : [exit, pursued by a bear]. L’affaire est assez étrange, et c’est un plaisir de la voir mise en scène ainsi. Du coup, je ne doute pas avoir loupé quelques clins d’œil et références à des passages précis des pièces de Shakespeare !

No Holds Bard Extrait3

Bon, je suis quasi certaine que cette scène n’était pas dans ses pièces de théâtre…

Malheureusement, le comics n’existe pas en français et je pense qu’il perdrait tout son charme s’il était traduit. Si vous avez donc la possibilité (OU LE TROUVER?) de comprendre de l’anglais Elizabethain ou juste la plume de Shakespeare, je vous invite à vous jeter sur ce comics drôle et fascinant. Chaque acte est dessiné par une personne différente, ce qui permet d’admirer des styles divers mais tous très adaptés à No Holds Bard. Vous pouvez acquérir une version physique du livre sur le site No Holds Bard (mais seulement si vous résidez aux États-Unis…), ou en version numérique sur ComiXology. Bonne lecture !

Note : 5/5

No Holds Bard de Eric Gladstone (scénario), Erica Henderson, Logan Faerber, Cara McGee, James Callahan et Aaron Conley (dessin), 2016, 28 pages.


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