Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte, par Annet Huizing

Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte

Katinka a treize ans et a pour voisine une romancière excentrique, Lidwine, qui accepte de lui apprendre à écrire un roman en échange de quelques heures de jardinage. En réalité, Katinka en a gros sur le cœur. Sa maman est morte quand elle avait trois ans. Ses souvenirs s'effacent. Au tournant de l'adolescence, Katinka se sent désemparée, abandonnée et perdue. Depuis, son papa a rencontré la pétulante Dirkje, qui s'accommode à merveille à leur façon de vivre, sans jamais chercher à remplacer l'absente. Celle-ci occupe encore beaucoup leurs pensées. Et le fait d'en parler évoque toujours le manque, la perte, le chagrin.

De fil en aiguille Katinka livre ainsi son histoire entre tendresse et émotion, humour et fantaisie, bonheur et détresse. Elle nous raconte sa famille boiteuse, qui avance en se serrant les coudes, qui trébuche souvent mais qui se relève tout le temps, ses journées passées dans le jardin de sa voisine, à boire du thé ou à parler de la vie, de son travail, d'écriture... Tous les conseils prodigués par Lidwine sont précieux, on y découvre les trucs, les astuces, mais aussi la perspective, l'écriture sensuelle, le temps présent, les souvenirs au passé.

Katinka réalise qu'écrire un livre n'est finalement pas une mince affaire ! Ses pages sont toutes gribouillées de feutre rouge et de ratures, qui l'aident néanmoins à progresser et à débroussailler ses pensées foisonnantes. Car Lidwine va également aider la jeune fille à éclaircir ses émotions, à force de ressasser ses idées, celle-ci se sent de plus en plus submergée par ce qu'elle éprouve. Et l'on découvre une histoire poignante, très belle, juste, sincère, avec des personnages attachants et affectueux. 

À découvrir pour toutes ces raisons, en plus d'être un bon exercice de style où l'on décortique habilement l'art (pas si simple) d'être romancier et d'écrire un livre. 

Traduit du néerlandais par Myriam Bouzid pour les éditions Syros, avril 2016