Chronique « Sky Doll », Tome 4 – Sudra
Scénario de Alessandro Barbucci & Barbara Canepa, dessin de Alessandro Barbucci, couleurs de Barbara Canepa,
Public conseillé : Adultes / grands adolescents (à partir de 16 ans),
Style : science-fiction
Paru aux éditions Soleil, le 15 juin 2016, 14.95 euros,
Share
L’histoire
Noa, Roy, Jahu, Cléopatre et Yhala ont fuit la planète « Papathea » vouée au culte de la papesse « Ludovique ». Ils se sont réfugiés sur « Sudra », une planète perdue, où toutes les religions du cosmos cohabitent un syncrétisme total. Sur cette « planète-cirque », un véritable panthéon est vénéré dans le plus grand respect de chaque race, chaque croyance.
Tandis que Roy écrit sur cette étrange planète, Jahu prend du bon temps avec Cléopâtre. Mais on en vit pas que d’amour et d’eau fraiche… Pour nourrir la petite troupe, Noa s’est improvisée prêtresse dans un temple mineur. Elle exécute des miracles devant une foule de fidèles.
Pourtant, Noa se pose des questions sur son « humanité » et se sent épiée…
Ce que j’en pense
Voici enfin le tome 4 “complet”, je veux dire “colorisé” qui sort deux ans et demi après la version spéciale en « Noir et Blanc ». L’attente fut longue, si longue, mais le résultat est impressionnant. Il faut dire que la série prend son temps. Quatre albums en 16 ans, mais un style aussi novateur et qualitatif, ça se mérite !
Allessandro Barbucci et Barbara Canepa nous invitent une nouvelle fois à plonger dans leur univers qui mélange allègrement la S.F, l’aventure, l’humour, la cyber-culture, l’érotisme et même un peu de réflexion philosophique.
Comme à chaque album, les auteurs expérimentent un nouveau monde extrêmement foisonnant et détaillé qui m’a ravi. Après La Ville Jaune, Aqua et la Ville Blanche, Noa et sa clique se sont posés sur Sudra. Principalement inspiré de l’Inde, avec un panthéon multiple et des religions omniprésentes, cette ville est un creuset apaisé où toutes les religions cohabitent en harmonie. Dingue, non ?
Bien entendu, le drame n’est pas très loin et l’harmonie de surface peut se révéler moins séduisante que prévu…
Dans ce tout nouveau décors, Allessandro Barbucci et Barbara Canepa construisent un épisode en rupture avec le précédent. Ils délaissent la critique de la religion et développent d’autres thématiques. Loin des conflits entre Agape et Ludovique, c’est un récit plus interne et dense à la fois. Moins de scènes d’actions, mais l’occasion pour Noa (robot dédiée au plaisir) de s’interroger sur son destin et son humanité…
Enfin, ce quatrième épisode apporte des réponses. Quelle est la “nature” de Noa ? Quelle relation unit la “poupée”, Agape et le “Maître des miracles” ? Plus terre à terre, Noa et Roy sont-ils amoureux ? Vous saurez tout.. ou presque…
Visuellement somptueux, ce quatrième tome est une apothéose graphique. Allessandro s’en donne à coeur-joie avec un graphisme multiple et complexe. Avec le syncrétisme de Sudra, il s’autorise une débauche de délires et de mélanges. Ce monde, qui lorgne sur la “fantasy”, n’est pas sans évoquer d’ailleurs son travail sur “Ekho, Monde miroir”.
L’univers visuel est somptueux et incroyablement précis, malgré la multitude des références et le foisonnement visuel. Entre les aliens aux formes improbables, la technologie et les architectures imbriquées, tout ce microcosme aux multiples strates trouve une sorte de cohérence… Impressionnant !
La mise-en-couleur assurée par Barbara Canepa, aidée par Cyrille Bertin est d’une qualité incroyable. Détachant chaque plans du dessin complexe et ultra-détaillé d’Alessandro, la mise-en-lumière apporte son lot de détails et d’informations visuelles. Jouant continuellement sur les oppositions de couleurs (le vert et le rose / le bleu et le vert…) Barbara et Cyrille magnifient le dessin avec des ambiances très présentes. Inédit, sensuel, personnel, le résultat visuel est à tomber !
Pour résumer, si vous aimez le monde de Skydoll ou désirez commencez une nouvelle série d’exception, ne passez pas à coté. « Sudra » est un épisode indispensable pour comprendre les tenants et aboutissants de cet univers et apprécier le savoir-faire de ses auteurs.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », regroupé chez Yaneck, cette semaine. N’hésitez pas à parcourir la sélection, ci-dessous.