Titre : Rémoras
Éditieur : Éditons Hélène Jacob
Collection : Thrillers / Suspense
Date de parution : 13/12/2013 (version illustrée) / 15/02/2012 (version originale)
Nombre de Pages : 540 (version illustrée) / 510 (version originale)
Nous voici aujourd'hui avec la première chronique du Mois M.I.A et il s'agit donc évidemment du tout premier roman de ce super duo d'auteurs. Je vous laisse d'abord découvrir le résumé :
" Seuls les petits secrets ont besoin d'être protégés ; les plus gros sont gardés par l'incrédulité publique ". Marshall McLuhan
Trois anciens membres d'une cellule très spéciale des services de renseignement français décident de reprendre du service après une retraite de huit ans, afin d'échapper au " nettoyage " lancé par leurs anciens employeurs. Dans leur sillage, ils entraîneront une série de cataclysmes qui les dépasse totalement et qui transformera le monde tel que vous le connaissez. Qui sont vraiment ces trois " repentis " et peuvent-ils combattre le Cercle, ce groupe d'hommes discrets qui semble être aux commandes de la planète ?
Rémoras concrétise la mise en commun de deux approches complémentaires du thriller de politique-fiction, la plume se mettant au service d'une histoire inspirée de faits réels qui flirte constamment avec l'actualité. Saurez-vous même distinguer la réalité de la fiction ?
La première partie sert de base au récit et permet de présenter en particulier les personnages, mais aussi l'ambiance et le thème. Les chapitres oscillent entre des événements ce passant entre 1995 et 2009. Un seul se situe le 11 septembre 2001. L'écriture est fluide, mais on se perd parfois avec les différentes dates et personnages. Cependant, l'histoire est intrigante et on veut connaître la suite.
La seconde partie du roman réunit les trois personnages principaux qui avaient pris leur retraite de mercenaire huit ans auparavant, à la suite d'un drame familial de l'un d'entre eux qui les poussera à reprendre du service et de se retourner contre leurs anciens employeurs. Les auteurs dressent ici une description assez sombre de la société et décrivent une " théorie du complot " qui parait des plus crédible et on ne sait déjà plus distinguer la réalité de la fiction. Certains détails font même presque peur tellement ils sont bien décrits.
Dans les parties trois à cinq, nous suivons nos héros dans la réalisation de leur partie du plan (une partie, égal un personnage mettant sa partie du plan à exécution) et je trouve l'idée très bien trouvée et très bien mise en oeuvre.
Concernant les trois dernières parties, nous voyons des conséquences du fameux plan que nos héros ont mis en oeuvre, mais je n'en dirais pas plus pour ne pas vous spoiler.
Les descriptions et ressentis du deuil ou à la suite d'une tragédie, sont décrit avec beaucoup de réalisme et de sincérité.
Le sérieux de certaines scènes ou chapitres est subtilement allégé par un humour très agréable et bienvenu.
Durant toute ma lecture, j'ai particulièrement apprécié le style des auteurs et cette plume qui sait se faire oublier tellement on est absorbé par le récit.
Durant toute ma lecture, j'ai particulièrement apprécié le style des auteurs et cette plume qui sait se faire oublier tellement on est absorbé par le récit.
Au début de plusieurs parties, on nous présente un petit texte explicatif sur un sujet précis qui nous servira à mieux comprendre ce qui se déroule dans cette partie.
L'histoire fait preuve d'une très grande évolution, en effet, en lisant les premiers chapitres, on ne peut même pas s'imaginer que les péripéties nous mènerons aussi loin.
La huitième et dernière partie du roman m'a tellement tenu en allène que je ne pouvais plus lâcher ma liseuse et les derniers chapitres ainsi que l'épilogue m'ont tout simplement laissé sur le cul ! Vraiment un grand bravo et merci à M.I.A pour m'avoir offert l'une des fins de roman les plus surprenantes que j'ai eu l'occasion de lire.
Pour finir, parlons des illustrations, rajoutés dans cette nouvelle édition et qui sont au nombre de huit, une pour chaque partie, et qui font toutes référence aux échecs, comme plusieurs passages du livre d'ailleurs. Même si elles ne sont pas indispensables, elles sont très agréables et apporte encore un petit plus à ce roman.
En conclusion un roman original, intelligent, surprenant, d'actualité et qui fait réfléchir.
Même si certains passages nous poussent à rester scotché au livre en attendant la suite avec impatience (encore plus pour les derniers chapitres), je pense que Rémoras est un roman qu'il faut savourer et qu'il faut bien prendre son temps afin de bien assimiler toutes les informations et profiter encore mieux du récit.
Pour la couverture, j'aime particulièrement celle de cette réédition qui est tout simplement sublime et qui reflète parfaitement le roman. (La couverture de la version originale est un peu plus simple, mais reflète également très bien le roman)
Citations
Il lui faudrait combattre le déni et la colère et, surtout, il lui faudrait accepter d'être encore en vie. En vie, mais terriblement seul au milieu des vestiges de son existence ravagée.
[...] Giraud était passé par ces moments terribles, faits de cauchemars nocturnes qui se prolongent au réveil, lorsqu'on s'accroche désespérément pendant quelques secondes à l'idée que tout cela n'est peut-être qu'un mauvais rêve... jusqu'à ce que le cerveau fasse son travail implacable, et vous ramène vers l'affreuse vérité.
Sa tragédie personnelle n'avait donc pas eu la moindre influence sur le reste du monde et tout ce qu'il avait laissé en suspens en ce dimanche funeste était toujours là à l'attendre et à le narguer, se rappelant à son bon souvenir.
Politiciens et dirigeants de corporations travaillent main dans la main parce que ce sont les mêmes types, tout simplement ! Ils s'arrangent juste pour jouer aux chaises musicales quand ça devient trop voyant et passent du secteur privé à la politique en permanence.
Plus un secret est gros, moins il a besoin d'être secret... votre incrédulité suffit.
La vie moderne les a plongés dans une facilité et une paresse intellectuelle proprement effarantes. Ils ne sont pas prêts à se battre, tout simplement parce qu'ils n'en sont plus capables. Leur confort, leur routine... il suffit de menacer un peu leurs certitudes et leurs habitudes pour les voir courir dans tous les sens en appelant à l'aide...
Les médias avaient parfaitement joué leur rôle d'abrutissement, en noyant tout le monde sous un déluge d'informations qui ne permettait plus aucune prise de recul.